samedi 1 janvier 2022


Sixième lecture PMP 2022

Traduction : Kyungran Choi et Lise Charrin

« Le sens du devoir du bon voyou ? Sa fidélité ? Son honneur ? Des couilles de chien ! »

Huisu, homme de main pour la mafia de Busan, atteint la quarantaine avec pas mal de questions. Jusque-là, il n’a vécu que pour les coups tordus, la prison, les exécutions, tout ça pour se retrouver dans une chambre minable, seul, avec pour horizon des nuits passées à dilapider son argent au casino. 

Il est temps de prendre certaines résolutions.

Avec un solide couteau de cuisine dans son poing serré.

Ah je m’agace parfois. À traquer le titre qui claque. Pourtant, Sang chaud n’a pas grand-chose à voir avec la fresque de Coppola, il n’en partage pas l’ampleur ni l’emphase shakespearienne. La tragédie en revanche est bien là.

Il y a deux façons de lire Sang chaud et de l’apprécier. À l’amateur de thriller, Sang chaud paraitra long, inutilement touffu et sinueux, surtout dans sa première partie. Le fan de roman noir (ce qui est mon cas) passera outre les longueurs et finira par savourer la mise en place des personnages, la montée de tension avant un final explosif.

Oui, Sang chaud mérite que l’on s’accroche. Cela signifie également que la lecture n’est pas des plus fluides. On est presque sur des pastilles naturalistes au début. Les tranches de vie d’un voyou excédé et brutal qui enchaine les bitures et les cigarettes, semblant engager une course de vitesse entre un décès prématuré par violence homicide et mort anticipée via une hygiène de vie déplorable.

Le héros, anti-héros, Huisu, est un caïd de moyenne importance, las et à bout de nerf qui cherche à échapper à son destin comme un chiot qui cavale avant que l’on appuie sur le bouton pour rembobiner la laisse. Sujet hyper rebattu mais que cette Corée du Sud noctambule, parfumée et bétonnée tend à renouveler quelque peu.

On chemine ainsi à travers Busan, deuxième ville de Corée du Sud et premier port du pays, où les gangs grenouillent, trafiquent et se partagent les zones d’influence selon des règles obscures, mouvantes, sujettes à interprétations et guerres civiles. Et on hume presque les fumées et la sueur, on a presque sur les papilles les plats exotiques et le Soju, l’alcool de riz, qui brûle la gorge.

Néanmoins, Kim Un-Su ne fait pas dans le folklore. Le sordide et les compromissions ont tôt fait de rattraper ces petits garçons qui se prennent pour des adultes. Ils ressemblent à des adolescents que l’on prive de téléphone portable et les crises de nerfs se règlent à coup de surin. Le décor peut changer, les hommes non...

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