samedi 1 janvier 2022


Septième lecture PMP 2022

Traduction : Jean-Christophe Salaün

Úrsúla Aradóttir. L’article annonçait qu’elle venait d’être nommée ministre. Elle ne pouvait quand même pas avoir grandi à ce point… Et pourtant, aucun doute, il s’agissait bien d’elle. 

Après plusieurs missions humanitaires éprouvantes, Úrsúla accepte de remplacer au pied levé le ministre de la Justice en attendant les prochaines élections.

Elle découvre très vite que son administration n’est là que pour bloquer toutes ses initiatives.

Aussitôt après sa première intervention publique, elle devient la proie d’un cyber-harcèlement menaçant et doit engager un garde du corps. Elle est également poursuivie par un sdf agressif, qui sort d’un hôpital carcéral.

Catapultée dans ce nouveau monde, cible systématique d’attaques sur les réseaux sociaux, elle découvre aussi l’attitude faussement compatissante mais réellement méprisante de ses confrères politiques. Elle tente cependant de faire son travail tout en affrontant le stress post-traumatique résultant de ses missions humanitaires ainsi que sa culpabilité vis-à-vis de son mari et de ses enfants.

Elle est, certes, entourée de gens en lesquels elle a confiance, mais la trahison ne vient-elle pas toujours des plus proches ?

Trahison est un thriller politique sur une femme qui accède à un poste ministériel en vue. Elle va se débattre dans un marigot où l’entre-soi et le sexisme sont plus florissants qu’une plantation de cannabis en caravane. Ursula cumule le fait de ne pas être du sérial et du bon genre, c’est open bar pour les manœuvres politiques douteuses, les réflexions rances et les mecsplications moisies. C’est l’idée...

De plus, Ursula est une ancienne humanitaire qui revient de Syrie, et avant la Syrie elle s’occupait d’hôpitaux de campagnes dans des contrées touchées de plein fouet par Ebola. Elle mouline donc du stress post-traumatique plus lourd qu’un pectoral de Dwayne Johnson. Ursula subit une sorte d’anesthésie émotionnelle, une paralysie affective qui fait qu’elle sait qu’elle aime sa famille mais ne le ressent plus. Une femme abimée mais non brisée, faillible mais forte. C’est du moins l’intention...

Et puis, quel est donc ce SDF qui semble la traquer ? Ou la mettre en garde ? Avec ce sans-abri invasif, la vie d’Ursula bascule dans une tension sourde et permanente. Enfin, c’est la théorie...

Oui mais non. Les intentions ne font pas les actes. Nous sommes systématiquement en avance sur Ursula et devinons sans peine le dénouement, ce qui est handicapant dans un thriller où chaque mini chapitre se clôt sur un mini cliffhanger, un fin ouverte censée nous inciter à visionner l’épisode suiv... Pardon lire la page suivante. On la voit un peu trop cette écriture hachée, sérielle.

Ursula ? Peu sympathique, froide, ai-je lu ici et là. Je me fous de trouver les avatars de cellulose sympas ou gentils mais il faut qu’ils soient incarnés. Ursula est transparente. Son aphasie émotionnelle, une idée intéressante, n’est qu’esquissée et se résout miraculeusement. Tout rentre dans l’ordre en un bonheur familial sous la neige. Tout comme les magouilles et la misogynie galopante d’un monde politique confi dans son endogamie aigre ne sont que sommairement exploitées.

Cette septième lecture du PMP 2022 fut tranquillement douillette comme pourrait l’être le visionnage somnolent d’une série paresseuse un dimanche après-midi.

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