dimanche 23 janvier 2022


Traduction : Christophe Mercier

Qui a dit que pour aller en enfer, il fallait mourir ?

Mexique, 1916. Après une violente rencontre qui laisse quatre soldats mexicains morts, le Texas Ranger Hackberry Holland quitte le pays en possession d'un artefact volé, présumé être la coupe mythique du Christ ! 

Il provoque la colère d'un trafiquant d'armes autrichien sanguinaire qui se servira d’Ismaël, le fils de Hack, pour récupérer le Saint Graal. 

Un voyage à travers le Mexique révolutionnaire et les saloons de San Antonio durant la conquête de l’Ouest.

***

La lecture est une alchimie. Elle est une incantation, une sorcellerie. Je connaissais une personne qui lisait en ne voyant que la mécanique narrative se déployant dans les chapitres, entre les pages. Un peu comme on écouterait du blues que du strict point de vue du solfège en action.

Si je confiais mon cerveau à une neurochirurgienne, qu’elle pratique son art sur les zones de mon cerveau qui commandent l’émotion et que je ne m’en tienne désormais à du ressenti purement analytique, cette Maison du soleil levant ne pèserait pas bien lourd.

Ce livre de James Lee Burke est bourré de défauts. Il est trop long. Le dénouement semble par trop abrupt et peu crédible. On a la tenace sensation de lire le même livre où le Texas Ranger Hackberry Holland remplace Dave Robicheaux, la tempérance en moins. Ainsi on balance perpétuellement entre un Hackberry Holland se vautrant dans la boue, sans plus de dignité que le dernier des ivrognes à qui on jette une piécette pour qu’il continue à se payer son litron au tueur à sang-froid, à la main sûre, qui dégaine vite et bien. On a un peu du mal à suivre.

James Lee Burke creuse le même sillon, traque obstinément le même tracé, celui de cette géographie du Mal, le Mal qui se niche au cœur de chaque homme et femmes qui arpentent cette vallée de larmes. Il en fait presque une entité. Burke est un homme profondément religieux sans le radicalisme, sans même la certitude du dogme. Il a foi en un Créateur, et que son rejeton de Jésus est bien venu mettre sa zone en Galilée. Je ricane, discrètement blasphématoire, c’est que de la religiosité en littérature, je ne suis guère preneur.

Il cumule les handicaps Burke.

Oui mais voilà, le scalpel reste loin de ma boite crânienne et toutes les zones de mon cerveau sont fonctionnelles (ou peu s’en faut) et je ne peux m’expliquer l’émotion qui m’étreint à la lecture de James Lee. Dans ce livre, à la frontière du western tardif et du fantastique qui affleure, où les femmes n’ont rien de victimes sacrificielles, Burke me cueille. Encore. L’alchimiste à la plume soyeuse, d’une beauté douloureuse.

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