samedi 18 décembre 2021

Traduction : Laura Derajinski

« Le soleil était pareil à un œil injecté de sang dans la poussière. »

Au tournant du XXe siècle, John Bernard Books est l'un des derniers survivants de la conquête de l'Ouest. Après des années passées à affronter les plus grandes gâchettes du Far-West, il apprend qu’'l est atteint d’un cancer incurable : il ne lui reste que quelques semaines à vivre. 

Les vautours se rassemblent pour assister au spectacle de sa mort, parmi lesquels un joueur, un voleur de bétail, un pasteur, un croque-mort, une de ses anciennes maîtresses, et même un jeune admirateur. 

Mais Books refuse de disparaître sans un dernier coup d'éclat et décide d'écrire lui-même l’ultime chapitre de sa propre légende.

Un cavalier s’approche d’une ville, il y connaît un docteur. Il espère un miracle. Il vient de dépasser la cinquantaine. Il vacille sur sa selle. Le doc n’a pas de miracle à disposition. L’homme est bouffé par le crabe. Le cancer ne lui laisse que quelques jours à vivre.

John Bernard Books ne se voyait pas partir comme ça. En 1901, il est un anachronisme, une de ces gâchettes rapides comme on dit, l’un de ces cowboys qui ont fait la légende de l’Ouest et sa malédiction. Lui certifie qu’il n’est pas plus vif, non, juste plus déterminé. Plus déterminé à ôter la vie de celui qui lui fait face (ou non).

Je ne suis pas trop western, sauf quand il dévie de sa trajectoire classique. Que l’on aime ou pas, cette mythologie outre-Atlantique imbibe notre imaginaire. Swarthout a tôt fait de siffler la fin de la fanfare. Il déconstruit le mythe, le ronge de l’intérieur.

Ce livre, crépusculaire et spectaculaire, fut adapté avec John Wayne en JB Books, j’ai un peu de mal à l’imaginer dans ses bottes mais je n’ai point vu le film.

Swarthout écrit précisément les fusillades, il ne nous épargne pas les dégâts que provoque la progression d’une balle dans les tissus mou d’un corps encore vivant quelque temps avant l’impact. Mais c’est dans sa solitude (car Books est un homme atrocement seul), face à la douleur, les ravages du carcinome galopant, que ce roman est le plus intense, presque dérangeant. Face à la certitude de sa mort imminente, Books n’est rien d’autre qu’un être (presque) comme un autre, apeuré et sanglotant, shooté au Laudanum.

Books va choisir sa mort et partir sur un dernier coup d’éclat.

Je ne sais si Clint (quand Eastwood était encore un géant) a lu Le tireur avant de filmer Impitoyable mais le final extraordinaire du Tireur m’a fait songer à celui du film.

Le tireur pose cette question. À quoi bon ? À quoi peut te servir une telle réputation de tueur, rétrécissant les testicules et rendant les mains moites, si tu n’as personne quand vient la fin. Sans amis, ni amours. Tu dégaines plus vite ok, et ?

Remarquable.

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