Traduction : Florence Rigollet
« Cette ville est en morceaux et on ne trouve plus les débris. »
À quelques jours de Noël, alors que la morsure du froid envahit Parme, Ghitta Tagliavini, la vieille propriétaire d'une pension du centre-ville est retrouvée assassinée dans son appartement. L'enquête est confiée au commissaire Soneri mais cette affaire fait ressurgir un drame enfoui : c'est dans cette pension pour étudiants de la via Saffi qu'il rencontra jadis sa femme, Ada, tragiquement disparue peu après leur mariage.
En s'enfonçant dans le brouillard épais comme on traverserait un miroir, Soneri va découvrir un univers bien plus sordide que ses souvenirs. L'aimable logeuse se révèle être une femme sans scrupules, enrichie par la pratique d'avortements clandestins et derrière la modeste pension, se cache en réalité un monde vivant de haine et de chantage, frayant avec le cynisme de cercles politiques corrompus.
Pour trouver l'assassin, le commissaire devra se confronter à l'épreuve du temps et à la vérité sur la vie et la mort d'Ada. Car qui est cet homme qui pose à côté d'elle sur cette photographie jaunie ?
De toute l’œuvre de Valerio Varesi, maintenant que j’ai
englouti, savouré l’entièreté des investigations « Soneriennes », je
dois reconnaître que j’ai une tendresse particulière pour la Pension de la Via
Saffi.
Ce livre est la conjonction des fameux hH (rien à voir avec
le Binet) l’histoire et l’Histoire, l’intime et la mémoire douloureuse d’une
nation. Ce roman baigne dans une nostalgie persistante, aussi insistante que le
brouillard qui serpente dans Parme en décembre.
Cette pension de la Via Saffi hébergea un Soneri jeune et
souriant (on a un peu du mal à le croire), partageant une chambre avec son
premier amour, morte en accouchant, laissant un veuf et un père qui ne l’a été
que quelques secondes. Cette période
était également un affrontement entre une Réaction souhaitant le retour d’un
fascisme purulent et une Révolution qui ne fait qu’advenir. Les barricades
fleurissaient et les coups pleuvaient. Ce n’étaient pas que débats
postillonnant dans la fumée acre de clopes sans filtres, c’était une véritable
lutte armée.
Les années filant, tout ce petit monde se retrouve au
milieu, dans un grouillot sordide et propice aux affaires. La pension de la via
Saffi a bien changé elle aussi et sert de sas entre gens qui ne viennent pas du
même biotope mais vont dans la même direction.
C’est un Soneri déboussolé, bousculé dans ses certitudes, et
un tsunami à l’âme qui déambule dans sa ville qu’il ne reconnaît plus. Il le sent, Soneri, que la résolution de
cette affaire dénouera un mystère de son passé et que ce ne sera pas forcément
un dévoilement heureux...
Cette pension est un labyrinthe qui enferme Soneri, qui peut
moins compter sur ses fulgurances. Ses fameuses intuitions le mènent droit dans
un mur et il repart sur un autre itinéraire, à l’instinct, après tout, il ne
connaît que cette façon d’avancer.
Ce livre... Vous pourrez presque sentir les copeaux de parmesan en tournant les pages !
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