samedi 18 décembre 2021

Traduction : Remi Cassaigne

« C’est la nuit des voleurs et que celui qui est assez stupide pour chercher son plaisir se conforme à ses règles et s’en prenne à lui-même. La folie règne à Stockholm, lui résister n’est que vanité. »

Stockholm, 1794. Une nouvelle année commence sous le régime autoritaire du baron Reuterholm, conseiller du roi. À l'hôpital de Danviken, un jeune noble se morfond, tourmenté par le crime horrible dont on l'accuse. 

Dans une métairie de l'intérieur du pays, une mère pleure sa fille, assassinée lors de sa nuit de noces. L'affaire ne suscitant que peu d'intérêt, elle décide de faire appel à Jean Michael Cardell, un invalide de guerre qui, traumatisé par sa dernière enquête, n'a plus guère de raisons de vivre. 

Alors que ses investigations le mènent vers un mystérieux orphelinat, Cardell va bientôt se retrouver aux prises avec une étrange société secrète, les Euménides.

Je connais cette antienne, les éditeurs mettraient une grosse pression sur les auteurs d’un best-seller pour leur premier livre. Le deuxième ne doit pas trop trainer avant de gondoler les devantures. Est-ce que Niklas Natt och Dag a subi ce genre de contrainte ?

Ce livre reproduit une analogue construction (et ce style immersif) en multipliant les narrateurs, les trajectoires pour les fondre en une seule courbe ascendante. Mais quand 1793 nous piégeait et nous déroutait, nous avons toujours un temps d’avance sur la victime, nous lamentant de sa naïveté qui se veut sympathique mais se révèle également crispante. Et cette union des parallèles qui se rejoignent est moins souple, plus poussive.

Ce n’est qu’au deuxième quart de ce pavé que nous retrouvons Cardell, inconsolable, ivre du soir au matin, toujours manchot, toujours irascible. Il fera équipe avec un nouvel équipier, à la fois étranger et familier, qui se traine une pelletée de trauma à faire passer Harley Quinn pour une excentrique délurée.

Tout fait songer à un 1793 augmenté, plus noir (et ce n’est pas un mince exploit) : l’espoir n’est pas mort non, l’espoir c’est comme un chewing-gum mâchouillé pour l’éternité entre les tentacules d’un Cthulhu vindicatif. Le final est déroutant d’une férocité forcée, presque grotesque de noirceur.

Certes Niklas Natt och Dag nous campe un méchant, saisissant, d’une cruauté inimaginable et lettrée. Le genre de mec qui te balance : « Ce que j’essaie de dire, c’est que ce n’est pas moi qui ne tourne pas rond. Je suis simplement l’homme de demain venu en avance. » Nope Niklas, ce genre de type a toujours existé et n’a rien d’inédit. Quand un gonze vous sentence : « des comme moi vous n’en avez jamais vu », il est à peu près certain qu’on en a croisé une palanquée et pas pour le meilleur...

Finalement, 1794 c’est un peu le syndrome The Handmaid’s tale : on surajoute du torturé, du tourment et on oublie de le justifier.

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