« Sa femme, Kazuko, était une bonne cuisinière et ils formaient un couple tranquille, sans enfant. »
Un homme, fasciné par les pickpockets, passe ses journées dans le métro.
Un policier commet des délits pour envoyer les "coupables" en prison et les soustraire ainsi aux rigueurs de l'hiver.
Un vieillard humilie les pauvres en jouant au "jeu de la charité".
Quelqu'un empoisonne les pigeons d'un temple en prenant soin d'avertir la police.
Une jeune femme se sert de la pitié humaine pour commettre des crimes.
Un vieil homme parle de sa passion du meurtre.
Un étrange maître chanteur prend pour victime un coiffeur...
Là vous vous dites, si c’est la phrase percutante qui doit
initier le post, merci bien. Un peu comme un préambule de James Bond où 007 se
calerait les joyeuses en regardant couler un café trop clair. Et pourtant cette
phrase à priori anodine est emblématique de cette anthologie de nouvelles
policières établie par Jean-Christian Bouvier. Car sous la surface polie, lisse,
d’existences sans histoires couve une perversité, un grain de sable qui va
gripper une machinerie qui devait améliorer sensiblement la patine de ces vies
somme toute banales.
Je me faisais la réflexion dernièrement qu’il y avait
longtemps que je n’avais revu Le crime était presque parfait du big Alfred, la
gracile Grâce Kelly et l’infect (et prodigieux) Ray Milland et ses yeux pochés.
Sans atteindre tout à fait la perfection formelle et la tension dramatique des
chefs d’œuvres du Hitch, les Petits crimes japonais reposent sur un semblable
schéma du détail qui fait tout foirer et à lire, c’est profondément jouissif et
quelque peu pervers.
Kyotaro Nishimura n’a rien d’un moraliste, quelque fois le
coupable s’embourbe, parfois la machinerie coulisse parfaitement et le ou la
meurtrière peut savourer le contentement d’un travail bien fait. Alors, oui,
nous ne sommes pas là devant une plume qui sublimerait l’horizon indépassable
de nos peurs ou je ne sais quelle connerie, une table est une table et une
chaise est placée devant, point barre. Mais la mécanique de ces nouvelles
grinçantes (à l’exception d’une, plus faible), aux dénouements glaçants, nous
fait l’effet d’un courant d’air dans une pièce déjà froide.
Surprenant et difficilement reposable, vous pouvez faire l’économie d’un marque-page japonisant pour harmoniser le truc, ce livre se lit quasiment d’une traite, comme un saké.
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