Un Jean Valjean parallèle. Hugo le réinvente sous les traits d’un vieux réac aigri qui boirait des coups avec les Thénardier, trinquant à l’exploitation enfantine. C’est que ça a du bon hein. C’est toujours ça de pris sur les charges.
Imaginons qu’on aurait trouvé ce récit inédit sous les
lattes d’un parquet usé par le temps des pas qui passent. Que Victor Hugo ait
bien claqué pour qu’on ne puisse pas lui demander ce qu’il lui a pris.
Harper Lee, peu de temps avant sa mort, publie Va et poste
une sentinelle. Ce roman n’est pas un inédit de l’auteur à proprement parler,
il s’agit du premier manuscrit, refusé par son éditrice, de ce qui deviendra Ne
tirez pas sur l’oiseau moqueur.
Dans Va et poste une sentinelle, Atticus Finch est vieux,
meurtri par l’arthrite et aussi raciste qu’un Zemmour croisé avec Ivan Rioufol.
Atticus trouve que le Klan, c’était mieux avant. D’ailleurs, il a laissé tomber
la robe.
Ce qu’il veut Finch, c’est que les couleurs soient bien distinctes,
il veut que tout le monde connaisse sa place, une lingette décolorante
applicable à la vie quotidienne. Il est raciste, mais sobrement, administrativement.
Il siège à un conseil prônant la ghettoïsation comme l’acmé de la politique
urbaine, l’horizon indépassable du Sud profond.
Atticus Finch, le héros de Ne tirez pas sur l’oiseau
moqueur, est donc pensé en premier lieu (car Va et poste une sentinelle n’est
pas une suite, il n’a pas été conceptualisé comme tel) comme un suprémaciste
blanc bureaucratique, qui craint un déferlement de basanés qui mettrait en
péril son mode de vie.
Il y a truc qui ne passe pas au niveau de la glotte.
En vérité, ce n’est pas bien terrible Va et poste une
sentinelle, bancal mais riche de promesses dans les chapitres narrant la
jeunesse de Scout devenue grande. Ce qui fera le sel de Ne tirez pas sur l’oiseau
moqueur.
L’éditrice n’est pas la méchante dans l’histoire Un livre est,
aussi, parfois, une conjonction et un compromis.
Je ne reviendrais pas sur le glauque serpentant sous le coup éditorial de cette parution tardive. Mais je reviendrais à Harper Lee et son oiseau moqueur. Juste après.
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