« Les auteurs littéraires ont toujours éveillé mes soupçons avec leurs espérances d’immortalité. Je préfère de loin les écrivains de thrillers et les poètes. J’aime ceux qui sont conscients de livrer une bataille perdue d’avance. »
Libraire spécialisé en roman policier, Malcolm Kershaw reçoit la visite surprise du FBI. L’agent Gwen Mulvey enquête sur deux affaires étranges : une série de meurtres qui rappelle un roman d’Agatha Christie, et un accident qui fait écho à un livre de James Cain. Elle espère donc que l’avis d’un expert du genre lui permettra d’interpréter correctement les (rares) indices à sa disposition.
Et ce n’est pas tout : Malcolm, quinze ans plus tôt, a publié sur son blog une liste intitulée ”Huit crimes parfaits”, où figuraient ces deux intrigues. Serait-il possible qu’un tueur s’en inspire aujourd’hui ?
Très vite, l’angoissante certitude s’impose : le tueur rôde déjà à proximité. Malcolm commence à le voir partout, et sent un véritable nœud coulant se resserrer autour de son cou.
Libraire, c’est tendance. C’est bien simple, j’ai la
sensation que tout le monde veut devenir libraire. Enfin... La version
romantique du libraire. Celle qui devise littérature avec des clients avisés
qui ont lu Ulysse de Joyce deux fois et ont compris Pynchon. Celui qui tient
boutique dans une échoppe charmante, il est charmant lui aussi, c’est raccord,
et zéro carton dans le champ visuel, zéro aléa quelconque d’ailleurs, rien que
le livre, le livre et un peu de livre.
Oui je bougonne, c’est plus fort que moi. C’est un beau métier
libraire. C’est peut-être le seul endroit où la commerçante vous dira « non,
celui-là, franchement, il n’est pas terrible ». C’est l’un des derniers
territoires du subjectif commercial, du choix tranché...
Le héros du dernier thriller de Peter Swanson est libraire.
En plus, un chat roux et câlin arpente sa librairie, si ce n’est pas une cerise
écarlate sur le gâteau gourmand ça... Libraire qui peut s’esquiver facilement
pour mener une enquête sur une série de crimes inspirés de ceux imaginés dans des
romans policiers fameux (Agatha Christie, James Cain), d’autres moins... Un
whodunit agréable, que l’on imagine cosy mais qui se noircit irrésistiblement
au fur et à mesure de l’avancée du marque-page.
Peter Swanson introduit une dose d’obscurité dans cette
mécanique efficace mais quelque peu prévisible. Le dénouement n’est pas singulièrement
renversant, l’un des dénouements dirais-je, l’autre est plus inattendu, un
peu... C’est dans cette immixtion du drame dans une vie ouatée, routinière, que
Peter Swanson est le plus convaincant, dans ce personnage qui semble se
trimballer dans une bulle de plexiglas qui l’éloigne du monde.
Peter Swanson ne prétend pas à l’immortalité, je parie, mais nous tenir le temps d’un bouquin roublard et plus malsain qu’il ne semble, ce n’est pas si mal (et moins chiant également, il n’est pas interdit de le penser).
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