Quand le Comédien, justicier au service du gouvernement, se fait défenestrer, son ancien allié, Rorschach, mène l'enquête. Il reprend rapidement contact avec d'autres héros à la retraite dont le Dr Manhattan, surhomme qui a modifié le cours de l'histoire. Alors qu'une guerre nucléaire couve entre les USA et l'URSS, tous s'interrogent : qui nous gardera de nos Gardiens ?
S’attaquer au monstre protéiforme qu’est The Watchmen s’apparente
à tenter l’ascension du K2 en espadrille et moi je préfère les tongs. J’ai 2200
signes (un peu moins maintenant) pour accoucher d’un post crédible sur le roman
graphique de Alan Moore. Je pourrais pousser un aaargh orgasmique en étirant
les a jusqu’à la jauge souhaitée mais bon... Nous sommes d’accord... Le point
positif est le zéro pression, The Watchmen possède une telle aura, une telle
puissance narrative, que ma chronique aura autant d’impact et de visibilité qu’une
bouteille d’eau minérale dans le cellier de Gérard Depardieu.
Alan Moore s’empare d’une des rares figures mythologiques des
Etats Unis : le super-héros. Il en pervertit assurément le sens of wonder.
Moore a le génie de montrer la grandeur et le ridicule de ces hommes et femmes
qui se griment pour délivrer une justice parallèle et hors de tout cadre juridique.
Il a également la force de ne pas verser dans l’outrance et la parodie, The
Watchmen n’a rien d’un The boys, c’est une œuvre sérieuse, poignante, non
dénuée d’ironie et une tragédie, on pourrait se perdre sans fin en analyse
sémiologique, sociologique et plein de truc en « gique » et on aurait
tort.
The Watchmen, avant tout, c’est du plaisir, à l’état brut. Une
joie enfantine devant le sens du rythme, le découpage, la densité romanesque,
la cohérence de la dystopie créée par Alan Moore et sa profondeur. The watchmen
rappelle ce principe fondamental : il est bon de surveiller les
surveillants. Et la spirale n’arrête pas de s’enrouler, de s’entre-dévorer :
surveiller les surveillants des surveillants des surveillants, etc.
Un livre fondamental qui enfonce les digues rassurantes des
genres littéraires. Un chef-d’œuvre, une assertion que l’on peut énoncer, pour
une fois, sans galvaudage.
(Re)lire The Watchmen est l’assurance d’une expérience
déroutante, haletante, émouvante, profonde, propre à épuiser un registre solide
de qualificatifs laudateurs.
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