mercredi 14 avril 2021


 
- Ah, des nouveaux !
- Il a pas l’air frais, le papi.
- C’est un peu le principe ici. Non ? On n’est pas de première fraîcheur.

“Un EHPAD, des fesses, de l’amour et des rides !”

En fermant une dernière fois les volets de sa maison, Yvonne, 80 ans, abandonne 40 ans de vie pour intégrer un EHPAD.

Le changement est rude pour cette femme indépendante, d’autant qu’elle a encore toute sa tête. Elle a du mal à s’acclimater à cette nouvelle vie, qui la rapproche douloureusement de la mort.

Prise dans le tourbillon inéluctable de la vie, l’octogénaire décide de s’offrir une dernière parenthèse enchantée.

EHPAD

Cinq lettres sui claquent. Sources de peurs, de fantasmes, d’inévitable que l’on veut éviter !

Yvonne, le pied encore sûr, alerte et la caboche encore claire se résout à emménager dans un EHPAD. C’est le début d’un périple touchant, haletant et troublant. Cette BD sensible touche au cœur. D’abord par sa subtilité, l’établissement n’est pas montré comme le vestibule d’un enfer promis. Un endroit où de belles personnes veillent, où d’autres régulent mais certainement pas un mouroir infâme. Le plongeon tiendra toujours cette note sensible et subtile, ne pas être un slogan, un manifeste, ne pas traquer nos larmes.

Et c’est bien pour cela que nos gorges se serrent. Et on y songe. Le devenir de nos aîné.e.s a ceci d’universel que nous serons tous concerné.e.s. Quel vieux serai-je pour dire les choses ? Avec de beaux restes pour continuer dans le franc et direct ?

Si je pouvais ressembler à la bande d’Yvonne des Mimosas, je n’en serais pas trop triste. Car la BD de Séverine Vidal et Victor L Pinel est également joyeuse, échevelée. Car la solitude est la dernière crasse que peut nous faire l’existence.

De petites touches en cases colorées, Le plongeon fait songer à un instant de grâce suspendu. Une fugue, un moment de liberté volée, un dernier plongeon, une chute n’est pas toujours dommageable. Réhabiliter la chute n’est pas un mince exploit, surtout quand quelqu’un nous rattrape quand on tombe.

Cette BD me rappelle quand je me lançais du ponton pour faire une bombe dans un lac, l’été. La face éclaboussée, les joues mouillées, sourire et larmes mêlées...

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