Traduction (révisée) : Marie-Caroline Aubert
« Rico était un homme simple ; il n’aimait que trois choses au monde : lui-même, ses cheveux et son arme. Il prenait le plus grand soin des trois. »
Cesare Bandello, dit Rico, modeste membre d'un gang italien de Chicago, est un petit homme simple. Il n'aime que trois choses au monde : "lui-même, ses cheveux et son revolver".
À l'issue d'un hold-up commis par sa bande, il abat froidement un policier et profite de l'incident pour prendre par la force la tête du gang. Devenu chef, le petit César affiche sa véritable personnalité et règne en despote. Ambitieux et arrogant, il s'attire vite la haine des bandes rivales et de ses propres hommes.
La chute n'en sera que plus dure !
1928, William R Burnett a 28 ans. On peut l’imaginer heureux,
son premier livre va sortir, le premier né d’une carrière placée sous le Noir (Quand
la ville dort, Underdog et quelque autres...) et une petite révolution en soi.
Jusqu’à présent, le criminel, le gangster, faisait partie du décor, un peu
comme un zombie dans Walking Dead, il participe de l’ambiance, il pose l’atmosphère.
Burnett, c’est un peu le Romero augmenté du polar, si on
peut me pardonner cette image quelque peu, hum, foireuse mais tellement
tentante. Là ou le grand Georges installe le mort-vivant au cœur de la
pellicule, Burnett fait des truands le principal pivot de sa cellulose reliée.
Du jamais vu, le point de vue est celui des criminels. Ils
ne sont plus un bruit de fond pétaradant, tout juste bon à assassiner ou agoniser
quand il le faut pour accélérer l’action. Ils passent de deus ex machina à
promoteur des péripéties, pleinement responsable de leur tragédie. Le roman de gangster
est né.
Sans Burnett, nous n’aurions certainement pas vu Pacino
grandiose, forçant son accent, le nez dans la farine dans le remake de
Scarface, puisque de premier Scarface, celui de 1932, Howard Hawks derrière
et Paul Muni devant, il n’y aurait probablement pas eu.
Nous suivons la trajectoire, bien connue, parabolique, de
Rico, montée et chute. Dans un style limpide et nerveux, Little Caesar ou la
psychologie qui s’incarne dans l’action : « je suis ce que je fais ».
Rico calcule et tue avec calme et mépris de la vie humaine.
Little Caesar est le parfait précipité du polar vif, sans
temps morts, court et dense.
Vous avez le café américain, allongé dans un gobelet en carton qui ressemble à un tube de mortier ou le ristretto et sa goutte de goudron au fond d’un dé à coudre. Little Caesar fait songer au second...
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