Neuvième lecture du Prix Meilleur Polar points 2021
Alors que New York est paralysé par la tempête de neige la plus épouvantable de son histoire, un agent du FBI est tué au volant de sa voiture par un sniper réalisant un coup quasi impossible.
Incapable de comprendre d'où le tir est parti et pressé par la tempête qui efface les preuves à grands pas, Brett Kehoe se tourne vers le seul homme à même de lui venir en aide : l'ancien agent Lucas Page. Son talent surnaturel pour la lecture des scènes de crime, de même que sa compréhension des angles et des trajectoires, font de lui la seule personne susceptible de faire ce dont la puissance informatique du Bureau n'est pas capable : trouver la planque du sniper.
D'autant que le meurtre s'avère rapidement n'être que le premier d'une série d'exécutions méticuleuses.
(Traduction : Mathilde Helleu)
J’aime bien Pobi. J’avais apprécié L’invisible, un peu moins
Les innocents. L’auteur maniait un style efficace avec le twist de rigueur qui
te retourne le sloub plusieurs fois sans toucher terre.
City of windows repose sur son personnage principal,
mi-homme, mi-prothèse, mi-asperger. Lucas Page est résolument convenu : l’autiste
mais pas trop, foutrement génial. Le genre qu’on a croisé un nombre
incalculable de fois ces dernières années. Il y a une prolifération autistique
hors de contrôle dans la fiction de nos jours. Autistes à la sauce
fictionnelle, c’est-à-dire peu aimable, pour qui envoyer chier son entourage
est le mode de communication privilégié. Est-il simplement con Lucas
Page ? Non, il sera Asperger, c’est plus vendeur... Le genre qui se heurte
à sa nouvelle coéquipière avant de découvrir qu’elle en vaut la peine et qu’ils
ne deviennent amis, ce qui est, waouh, peu surprenant.
Forçant le trait, Pobi campe son profiler « asperger »
dans un corps concassé qui se meut au moyen de prothèses diverses, invasives.
Le portrait de Lucas Page se dessine ainsi entre la recette usée jusqu’à la
moelle et le grain plus intime, moins impersonnel, sans qu’il ne soit
totalement convaincant.
Et pourtant, en dépit de cette enfilade de clichés, City of
windows fonctionne indéniablement. Robert Pobi a du métier, arrive à nous
intéresser à la balistique et la science des trajectoires sans nous assommer.
Je tairais bien évidemment le dénouement mais le sloub reste ici bien en place
sans qu’on se sente floué. Ajoutons un humour railleur, un sens de la réplique,
le désossage en règle du suprémacisme complotiste armé jusqu’aux gencives… Pobi
dépasse la figure imposée pesante et trousse un thriller addictif, qu’il est
ardu de lâcher avant la dernière cartouche.
Effrayant aussi. Imaginer une silhouette extrémiste qui posséderait de réelles capacités léthales. Un redneck peinturlurée et coiffée d’une tête de bison fout déjà les miquettes, mais si on ne peut le voir et que lui voit le monde à travers une lunette de visée...
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