(Traduit par Charles Recoursé)
« Il portait en lui des océans entiers, toute la nature du pays, des fantômes farouches et quelques centaines de millions d’étoiles. »
C’est dingue la pression que l’on se met parfois, ne pas foirer un post... Alors que le compte dont je suis le titulaire est somme toute confidentiel, le barreau de l’influencite sur lequel je me situe est dans la cave, SOUS l’échelle.
Et pourtant, je veux rendre justice à Ohio de Stephen
Markley.
Choisir un angle d’attaque. Mais quand le livre est
protéiforme et développe plusieurs problématiques qui finissent par se rejoindre ?
Je me focalise sur les années lycée ? Socle de la
psyché américaine, de notre inconscient collectif, avec son enfilade de casiers,
la déification de l’athlète, l’érotisation naissante et la course à la
popularité ou du moins se fondre dans son orbite. Les protagonistes de Ohio se
construisent à l’aune de ces années-là, et cela remue quelque chose en nous, cela
convoque nos souvenirs à nous, lectrices et lecteurs.
À moins que le vecteur pertinent ne soit la peinture de
cette Amérique en crise, cette bulle immobilière qui n’en finit pas de se
distendre et d’éclater. Son lot de maisons abandonnées, de pelouses en friche
et de vies broyées. Ohio est un paysage dévasté, petite ville américaine
concassée par la crise de 2008, paranoïdée par la chute des Tours. Ces USA post-2001
où la mère patrie envoie ses fils les plus pauvres se faire flinguer à l’autre
bout du monde, Fortunate son des CCR a encore de beaux jours.
Ohio ou l’immersion totale, rendre palpable l’émotion qui
étreint le cœur à la lecture de ce roman.
Tant d’autres choses encore. Arriver à la fin du post sans
avoir tranché. Se souvenir des larmes aux yeux qui brouillaient les pages, de poser
le livre comme pour reprendre sa respiration. Ralentir pour ne pas les quitter.
Ce final inattendu comme une vodka glacée en plein soleil.
Souligner que le livre d’après Ohio, je lui souhaite bien du
courage, et puis non, je l’ai déjà utilisé ce truc pour Les dynamiteurs de
Whitmer. Ohio est de ces livres trop dense pour se soumettre à une politique d'utilisation, ma peine était perdue d’avance.
Lisez Ohio...
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