dimanche 24 janvier 2021

(Traduit par Charles Recoursé)

« Il portait en lui des océans entiers, toute la nature du pays, des fantômes farouches et quelques centaines de millions d’étoiles. »

Par un fébrile soir d’été, quatre anciens camarades de lycée désormais trentenaires se trouvent par hasard réunis à New Canaan, la petite ville de l’Ohio où ils ont grandi.

Bill Ashcraft, ancien activiste humanitaire devenu toxicomane, doit y livrer un mystérieux paquet. Stacey Moore a accepté de rencontrer la mère de son ex-petite amie disparue et veut en profiter pour régler ses comptes avec son frère, qui n’a jamais accepté son homosexualité. Dan Eaton s’apprête à retrouver son amour de jeunesse, mais le jeune vétéran, qui a perdu un œil en Irak, peine à se raccrocher à la vie. Tina Ross, elle, a décidé de se venger d’un garçon qui n’a jamais cessé de hanter son esprit.

Tous incarnent cette jeunesse meurtrie et désabusée qui, depuis le drame du 11-Septembre, n’a connu que la guerre, la récession, la montée du populisme et l’échec du rêve américain. Chacun d’entre eux est déterminé à atteindre le but qu’il s’est fixé.

C’est dingue la pression que l’on se met parfois, ne pas foirer un post... Alors que le compte dont je suis le titulaire est somme toute confidentiel, le barreau de l’influencite sur lequel je me situe est dans la cave, SOUS l’échelle.

Et pourtant, je veux rendre justice à Ohio de Stephen Markley.

Choisir un angle d’attaque. Mais quand le livre est protéiforme et développe plusieurs problématiques qui finissent par se rejoindre ?

Je me focalise sur les années lycée ? Socle de la psyché américaine, de notre inconscient collectif, avec son enfilade de casiers, la déification de l’athlète, l’érotisation naissante et la course à la popularité ou du moins se fondre dans son orbite. Les protagonistes de Ohio se construisent à l’aune de ces années-là, et cela remue quelque chose en nous, cela convoque nos souvenirs à nous, lectrices et lecteurs.

À moins que le vecteur pertinent ne soit la peinture de cette Amérique en crise, cette bulle immobilière qui n’en finit pas de se distendre et d’éclater. Son lot de maisons abandonnées, de pelouses en friche et de vies broyées. Ohio est un paysage dévasté, petite ville américaine concassée par la crise de 2008, paranoïdée par la chute des Tours. Ces USA post-2001 où la mère patrie envoie ses fils les plus pauvres se faire flinguer à l’autre bout du monde, Fortunate son des CCR a encore de beaux jours.

Ohio ou l’immersion totale, rendre palpable l’émotion qui étreint le cœur à la lecture de ce roman.

Tant d’autres choses encore. Arriver à la fin du post sans avoir tranché. Se souvenir des larmes aux yeux qui brouillaient les pages, de poser le livre comme pour reprendre sa respiration. Ralentir pour ne pas les quitter. Ce final inattendu comme une vodka glacée en plein soleil.

Souligner que le livre d’après Ohio, je lui souhaite bien du courage, et puis non, je l’ai déjà utilisé ce truc pour Les dynamiteurs de Whitmer. Ohio est de ces livres trop dense pour se soumettre à une politique d'utilisation, ma peine était perdue d’avance.

Lisez Ohio...

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