dimanche 14 mars 2021

 

Dixième et dernière lecture Prix Meilleur Polar Points 2021

Milke a pas mal réfléchi à la question : être un vieux con est une chose, s'en contenter est contestable, s'en féliciter est terrible.

Ils ont passé l'âge... Si ce n'est de faire justice eux-mêmes. Clovis le facho et André le gaucho. Deux frères ennemis à la longue histoire de coups tordus. 

Le soir tombe sur Le Cap d'Agde. André, la soixantaine, s'aventure dans les dunes des échangistes. Bientôt, il aperçoit l'objet de ses fantasmes : une belle femme nue allongée sur le sable. Il s'approche. Son désir s'éteint aussitôt : la belle est morte, assassinée. 

Craignant de devenir le suspect n° 1, André appelle Clovis à la rescousse. Avec l'aide d'Alexe, une libertine craquante, le duo improbable Algérie française et Gauche prolétarienne débute une sulfureuse enquête parsemée de sang, de sexe et de sales magouilles...

Ma dernière lecture du prix du meilleur polar Points ne fut pas la plus mémorable.

Dominique Forma est plus dans l’étude de mœurs que le polar carré. Il insiste donc plus sur ses personnages qu’une intrigue amorphe, dont on finit par se foutre aussi gentiment que le championnat de nationale 2 de Curling.

Le sel de ce roman tiendrait donc à la confrontation entre un ancien de l’OAS et un repenti de l’extrême gauche quand ces deux-là se castagnaient dans la zone comprise entre les barricades. Entre le vieux réac qui n’a rien renié et le gaucho qui s’est vendu au système, Forma a choisi.

Ah... Ce vertige de la radicalité. Le vieux con qui conserve, confite dans son jus rance, sa grille de lecture binaire et qui voue aux ordures et vomi tout ce qui en dépasse. Les trans, les homos, les Arabes, Clovis les conchie mais il est TOU-CHANT. Ok ?! Alors que le Maoïste tricard, il écrit dans Libé. Sans déconner. Il est Bobo. Le bobo, y-a-t-il pire que le bobo ? Je ne sais pas, il doit avoisiner le lombric sur l’échelle de l’évolution, c’est Pascal Praud qui l’a dit...

André Milke est donc un bobo, qui doit manger bio et essaye de se mouvoir, quelque peu ridicule, dans un univers qui s’est complexifié alors que Clovis, lui, ne change pas. Il envisage le monde comme une revanche à prendre mais rencontre l’amour dans la personne de sa voisine estivale qui descend sur la côte pour libertiner hardiment. Beau personnage dont on ne comprend pas la place dans la résolution finale, qui sent le replâtrage à la hussarde du bricoleur un peu trop porté sur la bière et l’amateurisme.

Je n’ai pas cru une seconde à ce duo improbable, aussi attachants qu’un crotale affamé. Le style n’est pas en cause, ce polar est plutôt bien troussé, il délivre son lot de phrases acidulés. On le sent un peu trop cette recherche de ce fameux politiquement incorrect, cette ritournelle si bien répétée et huilée qu’elle en devient la doxa dominante. Chier sur les autres et décréter que le racisme, finalement, c’est fun, est désormais le discours dominant que l’on annone le temps d’un frisson illusoire.

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