Septième lecture du Prix Meilleur Polar Points 2021
« - Imaginez qu’on vous enfonce dans le postérieur
quelque chose d’aussi gros que votre avant-bras. Je vous ai montré que le zob
qui se démène en ce moment dans mon fessier est aussi gros que mon avant-bras.
Que pensez-vous que ça vous ferait ? Oui, messieurs, ça ferait mal. Mais
que voyez-vous sur mon visage ? Le plaisir. L’image d’une pure jouissance
[...] Celui qui ose affirmer que les actrices du porno ne sont pas des actrices
n’a qu’à venir essayer. »
(Traduction de Barbora Faure)
Fin des années 1990, dans l'est sauvage de la Slovaquie. Veronika, 17 ans, est enlevée par deux hommes alors qu'elle fait du stop. Après l'avoir violée, les deux malfrats prévoient de la vendre à un bordel au Kosovo. Mais lors du transfert, la jeune fille s'échappe, puis porte plainte auprès de la police locale. C'est alors que les choses se compliquent : les kidnappeurs semblent bénéficier de protections haut placées, et l'enquête piétine...
Aidée de Pavol Schlesinger, le journaliste qui raconte son histoire, Veronika tente d'échapper aux trois plus grands groupes criminels de l'époque : la police, la justice et les services secrets. Réfugiée dans un hôtel désert à la frontière ukrainienne, elle fait la connaissance du mystérieux Igor, qui l'initie à la fabrication des bombes.
Car si elle ne peut obtenir justice, Veronika refuse de laisser impunis ses tortionnaires. Et la vengeance est un plat qui se mange froid...
2018 en Slovaquie, un assassinat est commis contre le
journaliste d’investigation Jan Kuciak et sa compagne. Ce meurtre met en
lumière les connexions sordides entre le crime organisé, les milieux d’affaires
et les politiciens dans un immense bonneteau où tout le monde palpe excepté le
Slovaque moyen qui casque. Cet épisode tragique est la trame d’un roman
policier à clé sorti en 2018, Le bal des porcs, chez les excellentes
éditions Agullo.
Mais avant ce livre, il y en eut un premier, un état des
lieux quelque peu répugnant de la Slovaquie après l’effondrement de l’URSS : Il
était une fois dans l’est.
Singulier bouquin qui demande tout à la fois de la
concentration et de l’estomac.
Une victime originelle, kidnappée et violée, va trouver sur
sa route un trio incorruptible, deux flics et un journaliste qui vont l’aider
dans sa quête d’une justice impossible quand tout le système est vicié. La
justice passera, pas par les tribunaux, par les viscères plus surement.
Les péripéties géopolitiques, criminelles et crapoteuses
s’entremêlent dans un récit traversé de scènes de violence sourde. Il s’agit de
rester attentif face à la multiplication des trafics et des opérations
financières douteuses qui semblent proliférer plus vite que le nombre de cas
contact dans un rassemblement évangéliste.
Cette corruption galopante repose sur un usage d’une violence
systémique. Arpad Soltész ne pratique pas l’ellipse, il n’épargne pas son
lectorat. Il adopte un ton décalé, un style, vif, nerveux et quasi primesautier
qui détonne dans la litanie des atrocités commises.
Lucide et désespéré, Il était une fois dans l’est dessille. Méchamment.
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