mercredi 11 novembre 2020

 

Septième lecture du Prix Meilleur Polar Points 2021

« - Imaginez qu’on vous enfonce dans le postérieur quelque chose d’aussi gros que votre avant-bras. Je vous ai montré que le zob qui se démène en ce moment dans mon fessier est aussi gros que mon avant-bras. Que pensez-vous que ça vous ferait ? Oui, messieurs, ça ferait mal. Mais que voyez-vous sur mon visage ? Le plaisir. L’image d’une pure jouissance [...] Celui qui ose affirmer que les actrices du porno ne sont pas des actrices n’a qu’à venir essayer. »

(Traduction de Barbora Faure)

Fin des années 1990, dans l'est sauvage de la Slovaquie. Veronika, 17 ans, est enlevée par deux hommes alors qu'elle fait du stop. Après l'avoir violée, les deux malfrats prévoient de la vendre à un bordel au Kosovo. Mais lors du transfert, la jeune fille s'échappe, puis porte plainte auprès de la police locale. C'est alors que les choses se compliquent : les kidnappeurs semblent bénéficier de protections haut placées, et l'enquête piétine...


Aidée de Pavol Schlesinger, le journaliste qui raconte son histoire, Veronika tente d'échapper aux trois plus grands groupes criminels de l'époque : la police, la justice et les services secrets. Réfugiée dans un hôtel désert à la frontière ukrainienne, elle fait la connaissance du mystérieux Igor, qui l'initie à la fabrication des bombes. 

Car si elle ne peut obtenir justice, Veronika refuse de laisser impunis ses tortionnaires. Et la vengeance est un plat qui se mange froid...

2018 en Slovaquie, un assassinat est commis contre le journaliste d’investigation Jan Kuciak et sa compagne. Ce meurtre met en lumière les connexions sordides entre le crime organisé, les milieux d’affaires et les politiciens dans un immense bonneteau où tout le monde palpe excepté le Slovaque moyen qui casque. Cet épisode tragique est la trame d’un roman policier à clé sorti en 2018, Le bal des porcs, chez les excellentes éditions Agullo.

Mais avant ce livre, il y en eut un premier, un état des lieux quelque peu répugnant de la Slovaquie après l’effondrement de l’URSS : Il était une fois dans l’est.

Singulier bouquin qui demande tout à la fois de la concentration et de l’estomac.

Une victime originelle, kidnappée et violée, va trouver sur sa route un trio incorruptible, deux flics et un journaliste qui vont l’aider dans sa quête d’une justice impossible quand tout le système est vicié. La justice passera, pas par les tribunaux, par les viscères plus surement.

Les péripéties géopolitiques, criminelles et crapoteuses s’entremêlent dans un récit traversé de scènes de violence sourde. Il s’agit de rester attentif face à la multiplication des trafics et des opérations financières douteuses qui semblent proliférer plus vite que le nombre de cas contact dans un rassemblement évangéliste.

Cette corruption galopante repose sur un usage d’une violence systémique. Arpad Soltész ne pratique pas l’ellipse, il n’épargne pas son lectorat. Il adopte un ton décalé, un style, vif, nerveux et quasi primesautier qui détonne dans la litanie des atrocités commises.

Lucide et désespéré, Il était une fois dans l’est dessille. Méchamment.

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