mercredi 4 novembre 2020

 

À l’heure où j’écris ce post, Donald Trump revendique la victoire alors qu’il accuse 25 grands électeurs de retard et que les bulletins sont encore très loin d’être tous dépouillés. Maintenant que la Cour Suprême est à sa main et plus conservatrice qu’un Pascal Praud confit dans son jus, il a de bonnes chances d’être réélu. Je n’en doutais pas. 2020 étant une chierie sans nom, je ne vois pas pourquoi elle ne parachèverait pas son œuvre en novembre.

Heureusement, il nous reste la littérature et Bruce Springsteen pour nous rappeler que les États-Unis ne sont pas que le refuge de cette fa(u)meuse majorité silencieuse. On peut aussi louer la vista américaine, cette foi en elle-même, déplacer des montagnes et oublier de les reposer dans l’état où on les a trouvées.


L'incroyable histoire vraie de l'arme la plus effroyable jamais créée.

Le 6 août 1945, une bombe atomique ravage Hiroshima. Des dizaines de milliers de personnes sont instantanément pulvérisées. Et le monde entier découvre, horrifié, l'existence de la bombe atomique, première arme de destruction massive. 

Mais dans quel contexte, comment et par qui cet instrument de mort a-t-il pu être développé ?

La preuve : le projet Manhattan. Regrouper les meilleurs dans leur spécialité, les faire travailler ensemble malgré des égos éléphantesques, injecter une somme d’argent hallucinante sans attendre de résultats à court terme, miser sur l’ingéniosité humaine, c’est possible... À condition de créer une arme de destruction massive.

Je pensais naïvement connaitre les tenants de cette course mais j’ai appris, beaucoup, en dévorant ce roman graphique. D’une beauté douloureuse.

La Bombe nous rappelle que la Bombe A fut affaire de politique, asseoir la suprématie américaine, montrer aux Russes qui est le big boss, alors même que Staline via ses services secrets est déjà au courant et en passe de l’obtenir.

Le Japon a déjà perdu la guerre. Sous le prétexte douteux d’épargner des vies américaines, Truman autorise le largage de l’uranium qui enrage d’exprimer sa grandeur. Là est le pari audacieux et réussi des trois auteurs : faire de l’uranium le narrateur de cette épopée sombre et tragique.

Les dernières pages sont remarquables. Alternant la liesse américaine célébrant cette « réussite » militaire et scientifique et le drame (le mot est faible, il en faudrait un autre, inédit) qui s’abat sur Hiroshima et Nagazaki. Où les habitants ne sont plus que des particules flottant dans l’air, une ombre projetée sur des marches, des cadavres irradiés qui s’ignorent...

Je vais remettre Springsteen, je crois.

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