mardi 22 septembre 2020

 

Cinquième lecture du Prix Meilleur Polar Points 2021

Une bonne épouse est une femme modeste. Une femme doit être modeste dans son apparence et dans ses manières. Je vous recommande la modestie, je vous conjure de vous comporter ainsi. Comme la mère du Seigneur.

Le jeune Will Raven, issu d'un milieu modeste, est apprenti chez le Pr Simpson, dont la notoriété, le savoir-faire obstétrique et les recherches sur les anesthésiques en font une personnalité majeure de l'Ecosse victorienne.

Il règne une activité constante dans la célèbre demeure du 52 Queen Street à Edimbourg. Will y fait, entre autres, la connaissance de Sarah, femme de chambre et assistante de Simpson, dont le caractère bien trempé le déroute et le séduit tout à la fois. Mais à peine a-t-il le temps de prendre ses nouvelles fonctions que plusieurs femmes sont retrouvées sauvagement assassinées aux quatre coins de la ville. Parmi elles, une jeune prostituée, Evie, amie intime de l'apprenti chirurgien...

Face à l'indifférence des services de police, Will décide de mener l'enquête avec l'aide précieuse de Sarah.

Je ne suis guère adepte du roman historique. Plus exactement, cela m’est passé. J’en ai lu beaucoup, plus jeune, puis le polar m’a happé. J’ai souvent constaté, au cours de mes lectures de romans historiques, qu’ils m’apprennent un truc : la patience. 

Et ce n’est pas un mot qui vient spontanément aux lèvres quand on me connait, je ne suis guère patient. En lectures comme ailleurs, je pratique peu la tempérance : attendre et laisser aux livres leur chance, cela va bien finir par démarrer…

Est-ce parce que j’ai conscience du travail préparatoire à ce type d’ouvrage, une grosse entreprise de recherche et un labeur fin et répété pour plonger le lecteur dans une époque qui n’est pas la sienne, que j’ai une tolérance plus grande ? Je lis plus longuement les romans historiques jusqu’au point de bascule. Là où tout s’accélère.

J’ai ressenti la même chose avec ce polar historique où l’intrigue policière compte moins, au fond, que l’atmosphère médico-sociale de cette Angleterre victorienne. J’ai dû accepter cet éloge de la lenteur, quelque peu, cette installation progressive du contexte pour réellement apprécier le rythme plus soutenu, après une bonne centaine de pages.

On plonge dans une Ecosse corsetée, où les inégalités sociales ressortent d’un ordre du monde immuable et censé. Les deux héros, Will Raven et Sarah Fisher sont joliment campés, surtout celui de Sarah, futée et rebelle, rétive au destin tout tracé de brave petite ménagère, tient ton chez toi et tais-toi, qui lui est promis dans cet ordonnancement sociétal qui l’étouffe.

On apprécie particulièrement la restitution de cette époque où le chaudron commence à bouillonner, le couvercle à se soulever et la tonalité résolument féministe de l’intrépide Sarah.

Néanmoins, on ne dépasse pas le cadre d’un écriture un brin passe-partout, agréablement cinégénique (une adaptation est en route). La résolution finale n’est pas d’une surprise renversante. On est loin, par exemple, de l’expérience de lecture quasi sensorielle de 1794.

On bascule, mais pas totalement.

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