- Dorothy B. Hugues : De la littérature."
Auteur de plusieurs ouvrages de référence sur le cinéma américain, et notamment le film noir, fondateur de la revue Polar, lauréat du Ellery Queen Award en 1997 et surtout éditeur des auteurs les plus prestigieux du genre aux Éditions Rivages, François Guérif est aujourd'hui
sans doute l'un des plus grands spécialistes français du roman policier.
Au fil de ces entretiens à bâtons rompus avec le journaliste Philippe Blanchet, François Guérif revient sur la genèse du polar, de Conan Doyle à Agatha Christie, sur les premiers classiques modernes (de Dashiell Hammett à Raymond Chandler) et sur les grands auteurs actuels.
Tout au long de ce livre à la fois érudit et passionné, il analyse les principales étapes du genre. Évoque sa carrière, ses coups de coeur (David Goodis, James Cain, Jim Thompson), ses amitiés (Léo Malet, Jean-Patrick Manchette, Robin Cook, James Ellroy...), ses souvenirs et ses livres de chevet.
Bon... Je devais bien y venir
.
Le polar vient de loin. Il n’a pas toujours relevé de cette
hype tardive et opportuniste. Il n’en toujours pas revenu de loin d’ailleurs,
pas tout à fait...
Quand François Guérif entame sa carrière de polardeux averti
dans les seventies triomphantes, l’heure est à la SF. Présence du futur de Denoël
mouline de la science-fiction pointue, K Dick est dans la place et Dune
(re)prend son envol. Le polar est à la ramasse.
Guérif dans cet entretien roboratif rappelle ces temps
jurassiques, avant la déferlante nordique, avant les superstars du genre, agencés
en tête de gondole. Les auteurs de polar étaient des soutiers, obligés de se
soumettre à des clauses léonines, qui voyaient s’évaporer jusqu’à 30 % de leur texte
dans des traductions caviardées.
L’occasion ici de ne pas remercier Marcel
Duhamel et sa Série Noire, ses traducteurs qui débitèrent David Goodis, tronçonnèrent
Jim Thompson pour soi-disant faire avancer l’action. Ils défigurèrent des œuvres
oui ! Un peu comme si on sciait le premier quart de La Joconde parce qu’on
s’en fout de ses mains croisées en fait.
Guerif va s’atteler à proposer des traductions complètes et
redonner leur cohérence, leur intégrité à des livres mutilés au-delà du concevable.
François Guérif livre une analyse fine et exhaustive du polar,
entrelardé de ses rencontres (Manchette !) et découvertes. Cet entretien,
qui se lit toujours d’une traite, se savoure à chaque nouvelle lecture, au fur
et à mesure que notre expérience du roman noir s’agrandit. On accompagne Guerif
dans son tamisage, et de le voir récupérer les pépites... Découvreur d’Ellroy,
Robin Cook, David Peace etc. Excusez du tant et plus...
Il est toujours miraculeux de croire qu’un livre a été écrit
pour soi. On sait bien que c’est une rêverie naïve, il n’empêche que j’ai la sensation
tenace qu’il me parle directement Guérif (et son pote Philippe Blanchet qui n’est
pas né de la dernière ondée ni de la première pluie). Savoir que de multiples
lectrices, nombre de lecteurs, éprouvent la même chose, me rassure en
définitive.
On peut vivre sans Bible. J’ai trouvé la mienne.
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