dimanche 23 janvier 2022


Traduction : Christophe Mercier

Le Mal a une odeur. C’est une présence qui consume celui qui l’abrite. Nous refusons de le croire, parce que nous n’avons pas d’explication logique. Il a l’odeur de la pourriture dans un tissu vivant. 

La mort choquante d'une jeune femme retrouvée nue et crucifiée amène Dave Robicheaux dans les coulisses d'Hollywood, au cœur des forêts louisianaises et dans les repaires de la Mafia. Elle avait disparu à proximité de la propriété du réalisateur Desmond Cormier, que Dave avait connu gamin dans les rues de La Nouvelle Orléans, quand il rêvait de cinéma...

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Il serait temps de célébrer James Lee Burke. Il faudrait allumer un grand feu de joie avec les étiquettes qu’on appose comme l’apostille d’une lèpre littéraire, le polar. James Lee Burke est un immense romancier, de la trempe d’un Jim Harrison. Un compliment combinatoire : Jim Harrison est un immense romancier, de la trempe d’un James Lee Burke.

En cette énième aventure de Dave Robicheaux, la mort plane sur les chapitres. New Iberia Blues est un chant d’adieu, celui que l’on chante à une Louisiane qui disparait, bouffée par une pollution endémique, des temps qui changent, des traditions qui se perdent. Je n’ai rien contre certaines traditions qui se perdent, James Lee Burke non plus :

« Si vous n’êtes pas familiarisé avec la nature des petits Blancs du Sud, vous ne comprendrez pas la chose suivante : ils constituent une race génétiquement produite et ils ont en commun un état d’esprit sans rapport avec la classe sociale à laquelle ils appartiennent. Leur origine, pas plus que leur conduite, ne tient à un aspect financier. On ne peut pas les changer. Ils se font une gloire de la violence et de la cruauté, se vantent de leur ignorance, et n’auraient pas eu de problèmes pour assurer le service des fours à Auschwitz. Et il ne s’agit pas d’une hyperbole »

Il constate amèrement que certaines traditions ne se perdront jamais. Celles qui importent en revanche, qui vous ancrent, qui vous rattachent à une humanité partagée...

Le style de Burke, nerveux et introspectif, empreint d’une spiritualité apaisée, accompagne douloureusement ce monde qui disparaît, comme un trait épais que l’on gomme, qui, à chaque passage, s’estompe un peu plus.

Dave Robicheaux et son meilleur ami Clete Purcell sont hantés par la mort et la violence qui habita leur existence, la violence qui n’est bien souvent que leur seul viatique pour accomplir une justice vacillante, une flammèche dans la tempête. Amère désillusion, plus qu’une désillusion, une défaite pour ces hommes de bien.

Pour moi, elle parle du conflit entre l’ombre et la lumière. Chacune cherche à dominer l’autre. Aucune des deux ne se satisfait de sa part. 

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