mercredi 9 septembre 2020



Il planta ses yeux dans les miens. Ils n'étaient plus du tout vides. Une forme de vie s'était imprimée sur la cornée. Quelque chose qui rappelait une flaque d'essence juste avant qu'on y jette une allumette.

Victor Caranne est psychologue en milieu carcéral. Chaque jour il emprunte à moto le long pont qui relie le continent à l'île de Ré pour rejoindre la Citadelle, fortification reconvertie en prison. Chaque jour il écoute des détenus lui confier leurs fantasmes les plus abjects, leurs crimes les plus atroces. 

Ils n'ont rien à craindre: les menottes de Caranne se nomment secret professionnel.

La découverte d'un corps, sur la grève d'une plage proche de sa villa, va soudain bouleverser sa vie. C'est, pour lui, une perte immense. Caranne va devoir replonger dans un passé qu'il faisait tout pour oublier. Et les certitudes qu'il avait sur sa vie vont, une à une, s'effondrer.


Le match était lancé. Si la météo ne respectait pas toujours le sens de la temporalité la plus élémentaire, le calendrier est impitoyable. La saison estivale était à deux tongs de là. Le polar de l’été se décidait maintenant. 

Le retour de Servaz avec le dernier Minier ? Le Thilliez labyrinthique, gore et sinueux ? Le Grangé sinueux, labyrinthique et gore ? Toutes qualités respectives de ces ouvrages (que je n’ai point lus) mises à part, si on s’aventurait en d’autres eaux ? De celles qui semblent étales, où les remous se devinent trop tard...

Somb est une lecture du moment. Elle convient aussi bien aux lectures délassantes une fois les pieds libérés du carcan des chaussures de rando qu’à celles incommodes des serviettes étalées sur le sable. Somb se marie également aux soirées plus mélancoliques de l’automne. En fait, une fois plongé dans Somb, l’environnement s’estompe tout à fait et on se contrefout du temps qu’il fait.

Somb va bien au-delà du polar joliment troussé, ce qu’il est indéniablement. Il est une apnée en folie, une exploration intense, parfois dérangeante, de la psyché d’un homme brisé. Max Monnehay renouvelle cette figure archétypale de l’homme en miette. Son narrateur est attachant, une boule compacte de culpabilité. Il porte sa croix. Quand il croit pouvoir la poser quelque peu, il se voit contraint de la reprendre, plus lourde qu’avant.

Les twists de rigueur du thriller sont bien là, implacables mais Somb possède une tonalité supplémentaire. Ce style travaillé et direct, imagé, cru et poétique, qui fait dire, une fois le livre reposé, qu’on vient de lire un foutu bon bouquin !

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