mercredi 9 septembre 2020


Alors : la grippe a été forte cet hiver-là, c'était huit ans après les onze tempêtes, et les dégâts, sauf dans quelques rares grandes villes, n'étaient pas encore réparés. Il y a eu la double réaction en chaîne, et la grippe s'est propagée partout, sans que personne n'arrive à l'arrêter. Et il y a eu la guerre.

En 2151, la population mondiale a été divisée par dix en raison des dégâts climatiques. L'humanité vit dans un équilibre précaire. Regroupée dans sept zones urbaines, elle a inventé de nouveaux modèles de vie sociale. Ailleurs, la nature s'étend librement. 

Simone, astronaute, fait partie d'une mission d'exploration spatiale nommée « SOON » : un voyage sans retour, un projet d'une ambition inédite dans l'histoire de l'humanité.

Avant le grand départ, elle emmène son fils Youri pour un dernier road-trip. Au contact du monde, Youri comprendra-t-il le désir d'absolu, d'aventure et d'inconnu de sa mère ?

2151. Ce n’est pas tout de suite en regard d’une échelle chronologique humaine mais une chiure de mouche sur le majestueux tableau du temps cosmologique.

Soon embrasse une quantité ambitieuse de thématiques, l’amour materno-filial, la conquête spatiale. Cependant, la pensée centrale, la colonne vertébrale de cet album, est bien la dégradation climatique, les atteintes insensées, invraisemblables, que nous infligeons à notre boule bleue, cette fuite en avant totalement irraisonnée.

Soon atteint alors une conjonction sublime du fond et de la forme. Sise dans des pages au crayonnage géométrique, aux couleurs pastel, enchaînant les teintes dans un fondu maîtrisé, la réflexion des deux auteurs prend toute son ampleur. Soon est une sorte de manuel de futurologie, un avenir probable, moins que riant, où les ravages déjà mentionnés, une démographie galopante et une pollution sans frein, amènent l’humanité aux portes de l’annihilation. Elle y échappe au prix d’une extinction de masse.

Étourdissante BD argumentée et militante. Touchante, poignante même, Soon est une ode aux sciences dures mais la science n’est pas une pensée magique qui pourra réparer cabalistiquement un monde en perdition. La science n’est pas une technologie messianique illusoire. Science sans conscience etc. Rien de plus vrai. Cependant, sans la recherche fondamentale, sans cet élan de l’humanité à comprendre, à traquer... Conscience sans science ne peut pas grand-chose...

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