mercredi 7 octobre 2020


Dans les bons jours, il faisait froid dans le dos. Il donnait au reste du genre humain l'impression d'être obsolète.

Gillian Bellaver, 14 ans, grandit dans l’une des plus riches familles au monde, entourée de musique et de livres. 

Robin Sandza, lui, a comme père Peter, un tueur professionnel à la solde du gouvernement. 

Ces adolescents n’ont rien en commun. Ils ne se connaissent même pas. Pourtant, reliés par une étonnante connexion mentale, tous deux possèdent d’effrayants dons psychiques, capables de mettre en danger l’humanité tout entière.  

Alors qu’une organisation gouvernementale se lance sur leurs pistes, Peter Sandza doit utiliser tous ses talents pour protéger les deux adolescents. 

Un livre surprenant.

Transfiguré par la couverture belle et kitch (quel exploit !) des Editions Gallmeister, magnifié par la traduction précise de Gilles Goulet, ce roman baigne dans une atmosphère d’étrangeté. Les références se bousculent : les X-Men, les trois jours du Condor, Scanner de Cronenberg... Furie les précède tous ou peu s’en faut.

Pour moi, Furie évoquait un Kirk Douglas grisonnant, vif et bondissant. Je croyais d’abord que cette réminiscence était l’adaptation de Charlie de Stephen King. Sa Majesté peut y aller de son bandeau flagorneur, il doit beaucoup au Furie de John Farris (le père de Peter, celui des Mangeurs d’argile, entre autres, comme quoi, les gènes...) pour son Charlie. Portée par un style travaillé, sûr de ses effets, Furie renvoie au King des débuts, sans pitié ni sentimentalisme.

Le film de Brian de Palma est agréable mais ne rend pas justice au livre. Sur une ossature horrifique, John Farris reflète une époque gangrénée par une paranoïa galopante. Les secousses du Watergate se font encore sentir. Le livre transpire une méfiance généralisée envers l’Etat et ses agences siglées qui prolifèrent en métastases mutantes. Furie est surtout traversée par une étrangeté, un décalage qu’on n’arrive pas tout à fait à situer mais qui bourdonne tout au long de la lecture.

Tant de circonvolutions pour convenir qu’il est foutrement génial ce bouquin. Transpercée de scènes d’une violence sèche, hantés de séquences guignolesques et terrifiantes, cette Furie n’épargne personne, vous voilà prevenu.e.s.

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