Muriel et Bruno sont sur un bateau

Muriel (Penicaud) et Bruno (Lemaire) voguent vers l'horizon.

Hissons la grand voile, haut les cœurs moussaillons, partez loin là bas, et ne revenez pas avant longtemps hein... En outre, il y a de l'espace sur ce bateau, surement pas les 1 mètres réglementaires mais pas plus que sur un chantier ou une bonne librairie, alors ça va... Vous pouvez embarquer du monde en sus, quelques aigles de la pensée supplémentaires, de celles et ceux qui nous gouvernent, tweetent et nous tancent entre deux injonctions contradictoires...

Partez, tels de valeureux conquérants de l'impossible et de glorieux explorateurs, et ne revenez pas avant longtemps.

Doux rêves...

Salutations confinées les aminches. 

Et à celles et ceux qui ricanent devant la résurrection d'un blog dûe à une pandémie mondiale... Et bien, ils n'ont pas totalement tort. 

Voilà le premier post digne de ce nom (de par sa longueur) depuis des lustres, le premier d'un libraire confiné. Évacuons le d'emblée : le livre n'est pas un produit de première nécessité. Comme le disait l'un des mes confrères : ça suffit les conneries ! 

Certes les librairies sont fragiles, certes Amazon... 

Or le fait qu'Amazon [sorte d'ogre autosuffisant et carburant à l'indécence la plus manifeste au niveau de son conseil de direction], de par cette primesautière tendance à nous susurrer à l'oreille "allez tous vous faire foutre", oriente la politique sanitaire et économique d'une nation souveraine... Or ce fait donc, il existe des astuces pour se passer d'Amazon.

Une, imparable, me vient spontanément aux synapses : on ne passe pas commande de livres. Voilà... C'est la plus simple qui me vient à l'idée. On furète et on étête la pile à lire qui prend la poussière. 

Je suis un amoureux des livres. C'est même l'une de ces obsessions qui me définit le mieux... Mais ce côté "ouvrons les librairies pour nourrir nos âmes" a un petit travers snobinard, élitiste même. 

Celles et ceux qui n'aiment pas lire ? Ils en ont le droit oui ou bite ?

Pourquoi ne pas ouvrir les magasins de loisirs créatifs, de coutures, de poterie, de bricolage, puisqu'il faut occuper les masses. Ah mais c'est que le livre est un produit noble. 

Je suis bien d'accord mais pas plus qu'un assortiment de gouache au rayon du Cultura le plus proche...

Donc, merci mais non Bruno, et tourner ta langue quelques dizaines de fois dans ta bouche avant de l'ouvrir, tu ferais bien. Vous pourriez vous entraîner avec Muriel, par skype, ce serait une heureuse initiative...

Cela étant, j'anime un blog littéraire, et donc lisons pour celles et ceux qui le veulent...

Je terminerai donc sur ce conseil de lecture pour rappeler que non, nous ne sommes pas en guerre, nous ne sommes même pas dans une période précédant la guerre. 

Ce livre, vif et documenté, retrace la diplomatie européenne (principalement anglaise) qui confronté à Hitler, tente vainement de trouver une voie étroite entre canaliser Hitler et répondre au besoin légitime de populations qui veulent éviter, à tout prix, un nouveau conflit européen. 

C'est ce quoi qu'il en coûte qui interroge. Les Anglais veulent préserver l'insularité de la Grande Bretagne et leurs propres intérêts, sacrifiant sans (presque) état d’âme l'Autriche, les Sudètes. 

Presque, parce que cette diplomatie fut menée par des hommes, des humains, qui durent composer avec l'hubris d'une époque, profondément marquée par la première guerre mondiale. 

Délaissant la figure hyper rebattue de Churchill (qui n'était pas encore aux affaires), Tim Bouverie s'attache aux pas et boutons de guêtres de l'élite anglaise, confite dans un gentleman agreement introuvable. Il n'épargne guère Neville Chamberlain et les autres de leurs responsabilités mais il ne les enfonce pas non plus inutilement.

Il met en lumière, également, des thuriféraires acharnés du régime nazi en Grande Bretagne, de véritables salopards ceux là . 

Ce livre se lit d'une traite et éclaire une facette peu connue (enfin de moi) de l'Histoire.Cela révèle que finalement, juste avant compte autant que pendant sans oublier juste après...