mercredi 25 mars 2020


"On a toujours des souhaits dans une main et de la merde dans l'autre..."

En ces temps confinés, il convient, semble-t-il, d'éviter les œuvres anxiogènes. Saluons TF1 et M6 qui, contribuant à l’effort national, l'élan patriotique, la cohésion Française Mooonsieur, diffusent la série des Gendarmes grimaçant à Saint-Tropez et la Septième compagnie "j'ai glissé chef"...

Moi je trouve ça anxiogène, mais bon... Je suis un peu bizarre. Et l'esprit mal tournant, me demandant si Mtriste et Tfuckone ne gardent pas leur nouveauté pour des temps meilleurs, celui de la seconde conquérante pour les annonces publicitaires. Mais non, élan patriotique on vous dit...

J'en étais où moi... Ah oui. L'anxiogène. 

Donc des lectures primesautières, parlant de grands espaces et célébrant la concorde et la générosité humaine. J'ai : 

 
1968. Le soir du Réveillon, douze détenus s’évadent de la prison d’Old Lonesome, autour de laquelle vit toute une petite ville du Colorado encerclée par les montagnes Rocheuses. 

L’évènement secoue ses habitants, et une véritable machine de guerre se met en branle afin de ramener les prisonniers… morts ou vifs. À leurs trousses, se lancent les gardes de la prison et un traqueur hors pair, les journalistes locaux soucieux d’en tirer une bonne histoire, mais aussi une trafiquante d’herbe décidée à retrouver son cousin avant les flics… 

De leur côté, les évadés, séparés, suivent des pistes différentes en pleine nuit et sous un blizzard impitoyable.

Voilà... Ahem...

Déjà le titre promet beaucoup... Les grands espaces, je coche. Pour le reste. Nous ne sommes pas là dans "j'ai vu briller les étoiles dans tes yeux en murmurant à l'oreille des écureuils qui mangent de la salade verte". Non ! pas vraiment...

Benjamin Whitmer nous livre là un livre terrible, sec et cinglant. Sur une société en perdition. Un microcosme où tout orbite autour d'un établissement carcéral qui ne promet pas mais tient l’enfer sur terre.

Vous en avez plein ? Vraiment plein ? L'humanité vous désespère un brin...

Ce livre est fait pour vous, hallucinante galerie de portraits d'une misanthropie assumée et acérée, les punchline se succèdent à un rythme effréné. Car c'est bien écrit EVASION, foutrement, avec une traduction qui rend justice à la plume perforante, bouffée à l'acide, de Whitmer. 

Il faut en accepter le principe cependant : tout le monde est laid, suant, crade et médiocre chez Whitmer. Quelques personnages surnagent légèrement, ça ne dure pas. A la manière d'un Donald Ray Pollock, on atteint là une espèce de sublime malsain, une cour des miracles obscène. 

Un grand roman, rongé de l'intérieur...

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