dimanche 28 avril 2019


"Rien n'est plus aisé à faire qu'un mauvais livre, si ce n'est une mauvaise critique."
                                                                                                                                   Voltaire

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Salutations les amiches.

Après une longue pause dans mes activités bloguesques pour cause de reconversion professionnelle chronophage, me revoilà. 

Et plutôt que me livrer à un accès d'enthousiasme coutumier, j'ai décidé de m'adonner à un exercice un peu vain, la critique facile et, espérons le, acerbe. Genre Le Masque et la Plume de France Inter, où une clique d'éditocrates désossent consciencieusement des livres, dans un sadisme foutrement autocentré. 

Et je vais faire exactement la même chose... 

Voyons donc les livres qui me sont tombés des mains...

L'arbre plombe


Après des années passées seule dans la forêt à étudier les arbres, la botaniste Pat Westerford en revient avec une découverte sur ce qui est peut-être le premier et le dernier mystère du monde : la communication entre les arbres. Autour de Pat s’entrelacent les destins de neuf personnes qui peu à peu vont converger vers la Californie, où un séquoia est menacé de destruction.

Débutons par une incompréhension, un rendez-vous manqué, quelque chose d'indéfinissable qui vous tient à l'écart. Je ressens cela avec Richard Powers, considéré comme un des écrivains les plus importants de la littérature nord-américaine et qui s'apparente surtout, en ce qui me concerne, à un brumisateur de bromure à haute dose. 

Ils ont truqué mon exemplaire ou bien. Un Borge de Burgos, évadé des pages du NOM DE LA ROSE, a enduit les pages d'un puissant somnifère ?

Pourtant certains passages sont brillants. Le destin de ces Weathermen, eco-terroristes sincères et violents, sont parfois retracés avec une verve et une précision démoniaques. 

La sentociosité (j'invente), le new-age fumeux, plombent d'autres chapitres, surtout la fin, qui n'en finit pas de se conclure. 

Sauvons les arbres, foutrecul oui, mais est-on obligé de s'emmerder aussi sévèrement ?

Mon pépère


Mon Père est un huis clos où s’affrontent un prêtre et un père. Le premier a violé le fils du second. Un face à face qui dure presque trois jours, pendant lesquels les mensonges, les lâchetés et la violence s’affrontent. Où l’on remonte le temps d’avant, le couple des parents qui se délite, le gamin écartelé dont la solitude en fait une proie parfaite pour ces ogres-là. Où l’on assiste à l’histoire millénaire des Fils sacrifiés, qui commence avec celui d’Abraham.

J'entendais l'autre jour un commentateur ne pas douter de la sincérité de la juste colère de Grégoire Delacourt. Il est contre la pédophilie et trouve scandaleux l'attitude de l'Eglise qui couvre ses employés en difficulté. 

Ok. 

Moi aussi. Et un bon paquet de gens. Catholiques pour nombres d'entre elles/eux. Il n'ont pas tous commis un bouquin. 

Delacourt a la subtilité d'une enclume forgée dans une météorite. Son court bouquin, bien aéré avec une grosse marge pour atteindre les 120 pages de rigueur, un livre bien français donc, est empli d'une saine colère. Que j'ai eu du mal à considérer comme vraiment sérieuse. 

Là est le drame, on frôle le ridicule. Voire le plan média foireux, comment surfer sur un sujet d'actualité pour rester dans le coup. 

Mais Delacourt n'est pas un Ozon de plume et rate sa cible et ses lecteurs.

Au delà du rance


De quelles frustrations le jeune Vivien de Lynden, nouvel enfant du siècle égaré dans ses préjugés racistes et obsédé par la décadence de l’Occident, a-t-il tiré son apocalyptique manuscrit Le grand déplacement ?
Pour faire publier ce brulot politiquement incorrect, la mère du jeune auteur tôt disparu demande son aide à un écrivain, ami du fameux Gabriel Osmonde. Ce dernier, que Vivien s’était choisi pour maître à penser, porte sur le monde un regard plus profondément désenchanté que le jeune néo-hussard brulé au feu de son idéalisme.
Et voilà que cette femme, revenue de toutes les utopies humanitaires les plus valorisantes, guettée par un vide existentiel dont le suicide lui semble la seule issue, comprend qu’il faut sortir du jeu, quitter la scène où tout le monde joue faux, tiraillé par la peur de manquer et la panique de la mort.
Une autre voie est possible. Une autre vie aussi. Chacun n’a-t-il pas droit à sa « troisième naissance », au-delà des frontières que l’on assigne à l’humaine condition ?

Déjà aller au bout du résumé est un bel effort, le comprendre est encore mieux.

On en voit beaucoup de ses beaux esprits se répandre en pensées ordurière et déplorer un politiquement correct qui les empêche de dire ce qu'ils ânonnent  à longueur d'ondes et d'antennes.

Elles et ils n'ont pas réalisé que ce sont eux, désormais, les tenants d'une pensée unique. Ne pas injurier ou considérer l'Autre comme un étron fumant est désormais une exception culturelle vilipendée. 

Et ça Makine l'a bien compris. Les yeux rivés sur les ventes du dernier Houellebecq, il joue la partition de l'ancien, sage misanthrope et sage qu'il confond avec un vieux con réac qui doit regretter le bon temps des colonies.

Il prend ses précautions néanmoins et balance ses horreurs homophobes, racistes, antisémites et misogynes via un jeune auteur, con comme une pluie acide mais dont il loue la sincérité.

Le genre de livre dont on ne sait que penser mais qui peut servir en forêt si on doit faire popo et qu'on ne veut pas salir les feuilles de l'érable centenaire.

Les platitudes


Michka est en train de perdre peu à peu l’usage de la parole. Autour d’elles, deux personnes se retrouvent  : Marie, une jeune femme dont elle est très proche, et Jérôme, l’orthophoniste chargé  de la suivre.

Delphine de Vigan est édité chez JC Lattès, comme Grégoire Delacourt, d'où le même agencement, un livre qui pourrait servir de marque page à un autre livre. 

Peu importe, c'est même salutaire, moins il y en a, plus vite c'est lu...

Non.

C'est d'un convenu LES GRATITUDES. 

Le coup des mots utilisés pour d'autres ne fait pas rire la première fois, alors la dixième... En fait, Delphine de Vigan se sert de la partie de son corps, hypertrophié dans la production littéraire hexagonale bien en vue, le nombril.

Elle parle d'elle, on s'en doute mais surtout on s'en fout.

Radicalement.

Cela dit, cet avis tranché, comme les précédents, n'engagent que moi et n'ont aucun impact sur la carrière stratosphérique de cet opus. 

Et à vrai dire, lisons donc ce que nous voulons, peu importent ce que peuvent seriner le Masque et la Plume ou un blogueur confidentiel. 

certes...

Mais tant qu'à faire lisez plutôt LÉGENDES D'UN DORMEUR ÉVEILLÉ  de Gaëlle Nohant, mais cela fera l'objet d'un prochain post les aminches.

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