vendredi 5 octobre 2018


"On fait ce qu’on peut. Si jamais j’écris un bouquin sur ma vie, c’est comme ça que je l’appellerai: On fait ce qu’on peut, bordel."

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Bonjour les friends...

Vous vous souvenez les filles ?


La jolie photo qui l'est jolie. Vous le pressentez le plan com' bien huilé, presque autant que les méandres salées de la baie de Barataria en Louisiane, en plein dans le bayou.

La baie de Barataria avait une richesse qui faisait le magot des pêcheurs du coin : la crevette. Rose et charnue, goûtue pour ceusses qui aiment. Mais ça, c'était avant. 

Le 20 avril 2010, la plate-forme pétrolière Deepwater Horizon explose, tuant 11 personnes et déversant 780 millions de litres d'hydrocarbure qui va ravager le golfe du Mexique et la baie de Barataria. 

La pêche à la crevette ne va jamais s'en relever. 

A Jeanette, en Louisiane, on survit grâce à la pêche, de génération en génération. Mais depuis le passage de l'ouragan Katrina, rien n'est plus pareil. 

Et quand la marée noire vient polluer les côtes, les habitants sont de nouveau confrontés au pire. 

Parmi eux, Gus Lindquist, qui rêve de trouver un trésor caché et parcourt le bayou armé de son détecteur de métaux, ou encore Wes Trench, un adolescent en conflit avec son père, et les frères Toup, cultivateurs de marijuana. Leurs chemins croiseront ceux de losers prêts à tout pour s'enrichir, et celui de Brady Grimes, mandaté par la compagnie pétrolière pour inciter les familles sinistrées à renoncer aux poursuites en échange d'un chèque... 

LES MARAUDEURS est un livre profondément américain, dans le sens le plus noble du terme. Il allie un romanesque singulier allié à une symphonie de la loose incandescente. 

Certains écrivains étasuniens prêtent une attention toute particulière aux plus démunis, aux derniers des derniers de cordée, pour qui traverser la rue ne changera strictement rien, pas même le point de vue. Souvent, pour les plus doués d'entre eux, ces auteur(e)s adoptent la distance le plus juste, le ton le plus précis, pour narrer leurs déboires. Car il est rarement question de rédemption, cela finit rarement par sourire dans ces cantiques de la loose. 

Tom Cooper, dont c'est le premier roman, est de cette trempe. Adoptant un ton choral, multipliant les narrateurs, il nous livre un Rashomon cajun de première grandeur. Il tutoie les sommets (ou les profondeurs, c'est selon) dès son premier livre. 

On songe souvent à Donald Ray Pollock (et c'est un fooouuutu bon signe !!!!!) en dévorant ces MARAUDEURS qui giflent, giclent, bien comme il faut. 

Aidé par une langue empathique, qui passe de la trivialité rugueuse à l'envolée poétique, le lecteur avale promptement ce pavé saignant. Portée par une intrigue noueuse et des personnages savoureux, la lectrice s'immerge, ravie, dans un bayou plus vrai que nature ; tout y est : la moiteur, les alligators et le pétrole qui coagule doucement entre deux eaux. 

Puis, au long de l'avancée du marque-page, on entend Tom Cooper et sa musique à lui. Moins sombre que Donald Ray Pollock, moins intense peut-être (je suis un Pollockien acharné !) mais avec une flammèche d'espoir, vacillante, menue mais présente...

Chacun lutte, tous n'en sortiront pas indemne mais certains peuvent y croire... 

Très beau livre. Vraiment.

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