dimanche 2 septembre 2018


"Vous secouez la tête. « Arrête, Albâtre. A t’entendre, on dirait que la planète est réelle. Vivante. Consciente. Mais les histoires du Père Terre n’existent que pour expliquer ce qui ne va pas dans le monde. Comme les sectes bizarres dont on entend parler de temps en temps. Il y en a une dont les membres demandent tous les soirs à un vieillard dans le ciel de veiller sur eux, quand ils vont se coucher. Les gens ont besoin de croire que l’univers ne se limite pas à ce qu’il est. »
C’est-à-dire de la merde. Vous le savez maintenant, après la mort de deux de vos enfants et la destruction répétée de votre existence. Pourquoi s’imaginer la planète telle une force mauvaise, en quête de vengeance ? C’est juste un caillou. C’est juste la vie : horrible, brève, menant au néant – avec de la chance."

***

Ce post portant sur le deuxième tome d'une trilogie, il comportera nécessairement des spoilers sur le premier volet

Salutations les aminches. 

Ah l'été... Les vacances. 

De l'ombre. Un hamac. Un bouquin. La Sainte Trinité, l'autre n'est qu'un pâle succédané. Un café soluble dans de l'eau tiède qui ne tient pas la comparaison avec un ristretto sur un zinc romain.

Ce qui est bien, calé au chaud dans son transat, pile sur le chemin d'un courant d'air frais, c'est que les catastrophes qui arrivent à certain.e.s ne nous concernent pas.


La Cinquième Saison jette les derniers vestiges de la civilisation dans une froide nuit sans fin. Essun – jadis Damaya, puis Syénite, mais qui n’est plus aujourd’hui que vengeance – a trouvé un abri, mais pas sa fille.

Son chemin croise à nouveau celui d’Albâtre, le destructeur du monde revenu d’entre les morts, porteur d’une demande qu’elle seule peut satisfaire et dont il ne peut résulter que le chaos... 

Pendant ce temps, le pouvoir de Nassun, sa fille, ne cesse de croître. Elle a suivi son père, Jija, loin au sud, où l’attend un autre fantôme du passé de sa mère.


Et la passe de deux... Après avoir remporté le prix Hugo pour le premier tome, NK Jemisin, l'auteure, double la mise avec ce deuxième opus.

Nous retrouvons notre héroïne, peu aimable, dépressive, au sein d'une communauté où humains et orogènes s'entraident pour essayer de survivre à la cinquième saison, possiblement la dernière. 

NK Jemisin explore et approfondit son univers et livre quelques explications sur les Obélisques, immenses (mais vraiment immenses) qui flottent dans le ciel, les mangepierres, statues organiques, autrefois humaines (?) qui surgissent et disparaissent dans la terre. 

Comme pour le premier tome, il faut accepter la narration éclatée de NK Jemisin qui alterne les points de vue et les rebondissements. Une fois fait, force est de constater que NK Jemisin, plume de rien, propose une fantasy inédite, un mix improbable de post apopo dépressif genre LA ROUTE et une épopée plus traditionnelle avec une magie omniprésente et omnipotente, catalyse de cataclysme terminal. 

Sans le bestiaire qui encombre parfois la fantasy conventionnelle, NK Jesimin déploie une fresque parfois grandiloquente, parfois intimiste, familiale, d'un féminisme assumé, toujours originale.

J'ai lu ci et là que cette trilogie était glauque et qu'elle ne témoignait pas d'un sens de la fraternité et de l'entraide bien poussé. Bon... A part le fait que les feel good book ne manquent pas (une astuce : on les reconnait souvent à leur titre à rallonge, genre "j'aime boire du café en pelant des patates pendant que des écureuils aux yeux jaune gambadent autour de moi sur la pelouse d'un magasin Ikéa"), je trouve ce reproche injuste. Il y a une solidarité qui s'installe, chaotiquement, difficilement, mais elle est là. Surtout, finalement, ces deux premiers tomes parlent avant tout d'une chose... L'amour.  

Un prix Hugo mérité donc. Un prix décerné par les lecteurs, faut-il le préciser. Cela nous change des croulant bavotant qui priment sur la digestion post cointreau.

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