lundi 27 août 2018



« Ici, on a tous du sang indien et quand ce n'est pas dans les veines, c'est sur les mains ».



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Bon matin les aminches.

Les 11 et 20 juin 1981, la Sûreté du Québec mène des rafles dans la réserve de Restigouche, en Gaspésie. En cause : les droits ancestraux de pêche au saumon des Micmacs. Il convient de réguler les quelques tonnes que prélèvent les Micmacs. Bien sûr, on pourrait penser que le gouvernement devrait se pencher sur les cas des bateaux de pêche qui extraient des milliers de tonnes de saumon sans faillir... Mais, il est plus ardu d'envoyer les nervis de la Sûreté sur le pont d'un chalutier que les lancer rudoyer, violenter les tribus indigènes, qui ont l'habitude de toutes façons.

Ces incidents de Restigouche sont l'axe, le pivot du livre de Eric Plamondon : 


En 1981, sur la réserve de Restigouche, 300 agents de la Sûreté du Québec débarquent pour confisquer les filets des pêcheurs mig’maq. 

Dans un contexte d’émeutes et de répressions violentes, échapper à la police pour défendre les siens pourrait presque apparaître comme un jeu pour Océane, une jeune adolescente indienne en pleine révolte. Mais la tournure des événements vire au drame lorsque la jeune fille disparaît. 

Écœuré par les exactions dont il a été témoin, Yves Leclerc, un agent de la faune, démissionne de ses fonctions et trouve refuge dans sa cabane nichée au cœur de la forêt où il découvre Océane, bien mal en point. 

Afin de faire la lumière sur le déroulement des événement, il pourra compter sur Caroline, un jeune enseignante française en stage, et surtout sur William, un indien solitaire qui sait faire parler la poudre quand il le faut.

Taqawan est le terme micmac pour le roi des poisson : le saumon. Alors... Oui, cette homonymie entre cette tribu indienne et l'intitulé de mon blog me porte à prendre partie pour les Micmacs. 

Mais pas que... Il faudrait être le dernier des cons, Eric Zemmour, Brunet ou un intervenant quelconque d'une table d'éditocrates invités en rotation permanente dans les studios des chaînes d'infos continues... Pour ne pas s'engager auprès des primo habitants du Canada. Répétons le, Colomb n'a rien découvert, il y avait déjà des gens m'enfin !!!

Pauvres Micmacs qui servent surtout de pions dans un jeu de muscles entre le Quebec qui veut montrer son indépendance en intervenant dans les affaires indiennes et le gouvernement fédéral dont c'est une des prérogatives. Paradoxal de vouloir prôner son autonomie en la niant à un autre peuple. 

TAQAWAN baigne dans ce racisme prégnant, presque inconscient parfois, franchement partagé. 

Le résumé plus haut ne rend pas justice à la complexité de ce beau livre, qui se permet des envolées poétiques, nous renvoie aux siècles passés, où tout s'est joué. Sur le dos des amérindiens. Cour récit, noir,  intense, entrelacé de mise en perspective historique, de recettes de cuisine, de réflexions sociologiques fines, TAQAWAN est une ode aux Micmacs. Incarnés par le vieil indien William, sage et rusé, cliché ambulant mais que Plamondon magnifie et transcende dans un final explosif.

Porté aux nues par les libraires enthousiastes (je remercie d'ailleurs celle qui me l'a collé entre les pognes), TAQAWAN est un magnifique bouquin.

Parsemé de ces expressions savoureuses québécoises...Ah le Quebec ! Ils sont sympa les québécois, pas vrai..?

Oui... Mais pas tous...

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