"Mais, presque dès les premiers temps de la Révolution, les révolutionnaires furent aussi confrontés à la violence, une violence qu'ils auraient les plus grandes difficultés à comprendre et à contrôler. Dès le commencement, l'euphorie et l'enthousiasme iraient de pair avec la peur et l'anxiété."
***
Salut à toi citoyen.ne.
L'année précédente, 2017, a vu fleurir sur les étagères des librairies, mis en exergue, les ouvrages analysant la Révolution d'Octobre. La Bolchevique. Celle qui finalement fait peu débats. A ma connaissance, l'arrivée de Lénine et ses séides n'est plus célébrée, ou alors de ci de là, par quelques cacochymes provocateurs décatis tel Alain Badiou. Je parle, ici, des conséquences de cette révolution : son système concentrationnaire fou, sa paranoïa galopante, le pouvoir absolu concentré entre les mains d'un seul homme, qui entraînèrent des millions de morts. Cette tuerie de masse a noyé les prémisses d'octobre 1917, en a effacé soigneusement les raisons.
Une autre révolution fait débat en revanche, la notre. Même si en terme de victimes, nous sommes à des années lumières du carnage bolchevico-soviétique.
1789 n'a pas fini de diviser et de démontrer via ce que l'on en retient que la distinction Droite / Gauche a encore quelque réalité. Soit on souligne l'espoir soulevé par 1789, l'invraisemblable chamboulement d'un système que l'on pensait immuable, on est alors de gauche (et politiquement correct). Soit on ne conçoit la révolution que comme une machine à broyer, à éliminer, on est alors de Droite (et politiquement incorrect).
L'émancipation de l'homme ou la Terreur.
Comment l’élan démocratique de 1789 a-t-il pu donner naissance à la violence terroriste de 1793 ? Cette question obsédait déjà les contemporains, qui y voyaient non seulement un défi politique et une épreuve morale mais aussi un scandale logique.
Timothy Tackett n’instruit pas le procès de la Révolution, il décrit le processus révolutionnaire. Dans un livre très neuf, s’appuyant sur les correspondances, pour la plupart inédites des acteurs des journées révolutionnaires, le grand historien américain restitue le sens des événements et des engagements, au plus près de la manière dont ils furent vécus, et des émotions politiques qui s’y exprimèrent.
Timothy Tackett est américain. Un peu à la manière d'un Robert Paxton, il peut se mettre en retrait de la fièvre hexagonale, il peut essayer tout du moins.
Il va ainsi tenter tout du long de son livre de s'en tenir à un ton dépassionné, s'attacher à comprendre comment l'on passe de révolutionnaire humaniste à terroriste acharné.
Bien sûr, Tackett ne peut s'exonérer de choisir un camp, il n'est pas neutre et il ne s'en cache pas. Il assume, dans son introduction, sa sympathie envers ces hommes et femmes qui vont effondrer un édifice divin, un ancien régime inique mais où tout était mieux rangé. Nous sommes un poil fascinés par ces hommes et femmes qui osent défier un ordre divin. Et l'on se remémore, ému, à la lecture de ce bouquin, les avancées phénoménales qui surgiront de cette déflagration inouïe.
C'est bien pourquoi la Terreur désole, interpelle. La Révolution qui finit par dévorer ses propres enfants.
Au delà d'un rappel précis, factuel et enlevé des événements, Tackett s'attache à éplucher les journaux intimes, les correspondances de l'époque. Il s’évertue à saisir la mentalité de ces temps troublés. Des esprits surchauffés qui voyaient des complots partout, des conspirations réactionnaires à chaque coin de rue, sous chaque pavé. La psychose est l'une des récurrences qui se répètent dans chaque révolution. C'est dans la démonstration du mécanisme de la rumeur qui enfle, qui obscurcit les synapses, que Tackett est le plus convaincant.
Alors bien sûr...
Certains esprits chagrins pourront se réclamer encore et toujours de Furet "l'indépassable", s'indigner en toute mauvaise foi d'une exonération imaginaire du processus de la Terreur dans ce livre. Nous n'avons pas lu le même. Tackett n'excuse rien, n'absout personne, mais il échoue.
La Terreur, finalement, reste une énigme.
L'année précédente, 2017, a vu fleurir sur les étagères des librairies, mis en exergue, les ouvrages analysant la Révolution d'Octobre. La Bolchevique. Celle qui finalement fait peu débats. A ma connaissance, l'arrivée de Lénine et ses séides n'est plus célébrée, ou alors de ci de là, par quelques cacochymes provocateurs décatis tel Alain Badiou. Je parle, ici, des conséquences de cette révolution : son système concentrationnaire fou, sa paranoïa galopante, le pouvoir absolu concentré entre les mains d'un seul homme, qui entraînèrent des millions de morts. Cette tuerie de masse a noyé les prémisses d'octobre 1917, en a effacé soigneusement les raisons.
Une autre révolution fait débat en revanche, la notre. Même si en terme de victimes, nous sommes à des années lumières du carnage bolchevico-soviétique.
1789 n'a pas fini de diviser et de démontrer via ce que l'on en retient que la distinction Droite / Gauche a encore quelque réalité. Soit on souligne l'espoir soulevé par 1789, l'invraisemblable chamboulement d'un système que l'on pensait immuable, on est alors de gauche (et politiquement correct). Soit on ne conçoit la révolution que comme une machine à broyer, à éliminer, on est alors de Droite (et politiquement incorrect).
L'émancipation de l'homme ou la Terreur.
Comment l’élan démocratique de 1789 a-t-il pu donner naissance à la violence terroriste de 1793 ? Cette question obsédait déjà les contemporains, qui y voyaient non seulement un défi politique et une épreuve morale mais aussi un scandale logique.
Timothy Tackett n’instruit pas le procès de la Révolution, il décrit le processus révolutionnaire. Dans un livre très neuf, s’appuyant sur les correspondances, pour la plupart inédites des acteurs des journées révolutionnaires, le grand historien américain restitue le sens des événements et des engagements, au plus près de la manière dont ils furent vécus, et des émotions politiques qui s’y exprimèrent.
Timothy Tackett est américain. Un peu à la manière d'un Robert Paxton, il peut se mettre en retrait de la fièvre hexagonale, il peut essayer tout du moins.
Il va ainsi tenter tout du long de son livre de s'en tenir à un ton dépassionné, s'attacher à comprendre comment l'on passe de révolutionnaire humaniste à terroriste acharné.
Bien sûr, Tackett ne peut s'exonérer de choisir un camp, il n'est pas neutre et il ne s'en cache pas. Il assume, dans son introduction, sa sympathie envers ces hommes et femmes qui vont effondrer un édifice divin, un ancien régime inique mais où tout était mieux rangé. Nous sommes un poil fascinés par ces hommes et femmes qui osent défier un ordre divin. Et l'on se remémore, ému, à la lecture de ce bouquin, les avancées phénoménales qui surgiront de cette déflagration inouïe.
C'est bien pourquoi la Terreur désole, interpelle. La Révolution qui finit par dévorer ses propres enfants.
Au delà d'un rappel précis, factuel et enlevé des événements, Tackett s'attache à éplucher les journaux intimes, les correspondances de l'époque. Il s’évertue à saisir la mentalité de ces temps troublés. Des esprits surchauffés qui voyaient des complots partout, des conspirations réactionnaires à chaque coin de rue, sous chaque pavé. La psychose est l'une des récurrences qui se répètent dans chaque révolution. C'est dans la démonstration du mécanisme de la rumeur qui enfle, qui obscurcit les synapses, que Tackett est le plus convaincant.
Alors bien sûr...
Certains esprits chagrins pourront se réclamer encore et toujours de Furet "l'indépassable", s'indigner en toute mauvaise foi d'une exonération imaginaire du processus de la Terreur dans ce livre. Nous n'avons pas lu le même. Tackett n'excuse rien, n'absout personne, mais il échoue.
La Terreur, finalement, reste une énigme.
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