vendredi 15 juin 2018


"Je viens juste de briser le huitième commandement".

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Amen les aminches. 

Je devisais, il y a peu, de mon appétence sérielle et je me gaussais gentiment d'une amie qui persistait à s'enquiller la quinzième saison de GREY ANATOMY que je compare à un régime trop sucré administré à des diabétiques avérés. Je condescendais quoi. Moquer les goûts télévisuels, littéraires et autres est un sport de snob que l'on devrait éviter mais que l'on pratique malgré tout, c'est humain. Mon amie soulignait, à juste titre, que GREY GNAGNATOMY était une récréation pour elle, une respiration au milieu de séries dures et intenses (THE HANDMAID'S TALE), cérébrale perverse (WESTWORLD), etc. 

Je peux comprendre. 

J'ai bien ma récréation personnelle, ma respiration, mon temps de pause. 


En 1953, un jeune curé anglican, pasteur du village, fait équipe avec un inspecteur de police afin de résoudre une suite de crimes survenant dans la localité de Grantchester, située dans le comté de Cambridgeshire en Angleterre. Petit à petit, les deux hommes se lient d'amitié, constituent un duo inattendu, s'apportant mutuellement aide dans ce travail d'enquêteur.

GRANTCHESTER qui fait les belles soirées dominicales de France 3. GRANTCHESTER qui répond en tous points aux critères de la série humaniste, pleine de bon sentiments et s'exposant par là même aux railleries aimables citées plus haut. 

J'aime beaucoup GRANTCHESTER. 

Portée par deux acteurs impeccables, James Norton, clone un brin fade de Robert Redford, impose son physique avenant et regard doux au pasteur Sydney Chambers. L'inspecteur Keating est, lui, campé par le formidable Robson Green, aperçu dans la non moins formidable FIÈVRE DANS LE SANG. Ces deux là nous taillent une bromance en bois brut, une amitié soudée par les pintes de bières dans lesquelles on s'efforce d'oublier la guerre qui s'est terminée il y a peu. Tous les deux sont des boules de douleur rentrée et arrivent à nous émouvoir sincèrement.

GRANTCHESTER s'efforce de dépasser son statut de procédural policier paresseux, un épisode, une enquête. Et elle y arrive. Elle développe mine de rien une trame touchante, un microcosme de personnages secondaires étoffés que l'on prend plaisir à retrouver, à voir s'ébattre dans ce monde de fifties rétrograde. 

Car notre pasteur est un homme en avance sur son temps. A vrai dire, par certains côtés, il est même en avance sur le notre. On le voit ainsi se frotter à l'intransigeance doctrinale de l'Eglise (il est amoureux d'une femme... Divorcée !!!), l'homophobie la plus rance, le racisme décomplexé. Et l'on se dit, encore, que l'histoire est définitivement cyclique.

Vous vous dîtes surement que les enquêtes ne valent pas pipette, que l'on suit GRANTCHESTER pour sa trame de fond, vous aurez raison et tort. Certaines, oui, sont convenues et l'on est en avance sur nos deux compères, d'autres sont plus sinueuses et sournoises. Toutes sont à mille coudées d'un épisode lambda de LETHEAL WEAPON quant à l'intrigue policière.  

Alors oui, GRANTCHESTER n'est certainement pas la série du siècle, ni même de l'année. Néanmoins, la messe est dite, foutrement bien dite. 

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