vendredi 16 février 2018



      aphasie

        nom féminin
        (grec aphasia, mutisme)

Affection neurologique caractérisée par une perturbation de l'expression ou de la compréhension du langage parlé et écrit, à la suite d'une lésion du cortex cérébral.


***

...

les aminches.

La bande dessinée est un secteur porteur parait-il. Surtout concernant les diffuseurs je présume.

Il y a beaucoup, beaucoup, de BD qui sortent, les nouveautés se bousculent et les têtes de gondoles sont âprement disputées.

D'autant plus que les inévitables trustent immanquablement les meilleurs emplacements : l'inévitable 155312347ème tome de WALKING DEAD, le nanantième Asterix etc.

Cela laisse peu de place pour les coups de cœur.

Mais celui là on le retrouve un peu partout : 

Dans la famille Couvreur, il y a Maud, 75 ans, auteur de romans pour enfants dont le succès n'a d'égal que la discrétion. Il y a Betty, sa fille au caractère ombrageux, sujette à des crises d'aphasie qui la privent littéralement de parole. Et il y a Clara, la fille de Betty, lycéenne brillante et fabulatrice qui rêve d'aller vivre avec son père à Londres… 

Un matin de décembre, Maud fait un AVC dans son sommeil. Clara, qui vit provisoirement chez sa grand-mère, tente d'appeler les secours mais un homme étrange fait irruption. 

Il dit s'appeler Max et affirme que Maud devait lui remettre un paquet. Clara essaie de le repousser mais Max subit alors une hideuse métamorphose et menace la jeune fille avant de disparaître en laissant derrière lui deux plumes noires. 

Déboussolées par l'hospitalisation de Maud et l'intrusion de Max, Betty et Clara n'ont d'autre choix que de se lancer dans une enquête sur les secrets de la famille Couvreur.

Le thriller fantastique se prend un p'tit coup de revival pas désagréable ces derniers temps. Alors certes on a eu LE TROISIÈME TESTAMENT ou SANCTUAIRE (très bon) de Xavier Dorrison mais ce genre était en légère déshérence me semble.

Les sorties concomitantes de L'AIMANT et de cet HOMME GRIBOUILLÉ ont valeur de signal à défaut de sonner une renaissance fracassante.

Avec une différence notable : ces albums jouent sur une corde plus intimiste, moins en résonance avec la Grande Histoire.

Une quête architecturale personnelle pour L'AIMANT, une tragédie familiale et tous les secrets qui vont avec pour L'HOMME GRIBOUILLÉ. 

Le scénario millimétré de Serge Lehman (déjà responsable de l'excellent METROPOLIS) s'appuie sur un dessin expressionniste de Frederic Peeters (AÂMA), adepte du clair obscur poisseux et pluvieux :


L'on suit avec un plaisir non dissimulé la quête de Betty, à la merci d'une aphasie soudaine, une perte complète de l'oralité, d'autant plus frustrante que sa fille Clara, une vraie pipelette, manie avec grâce l'art du conte.

Basculant sans réserve dans un fantastique échevelé entre Poe et Lovecraft (sans ce désespoir inexorable des deux américains), L'HOMME GRIBOUILLÉ tient ses promesses, jusqu'au bout, y compris dans un dénouement dantesque et joliment résolu.

Une vraie réussite.

On y laisserait presque des plumes...

... De corbeau.

0 commentaires :

Enregistrer un commentaire