jeudi 8 février 2018


"J'entends par là émettre l'hypothèse selon laquelle l'Univers est peuplé d'un grand nombre de civilisations. Un nombre du même ordre de grandeur que celui des étoiles observables. Un nombre colossal. Ensemble, ces civilisations formeraient une seule et même société cosmique, une hypersociété dont la cosmosociologie aurait pour objet d'étudier les caractéristiques."

***

你好 les aminches.

Il est toujours délicat de chroniquer un tome 2.

Cela nécessite de spoiler le tome 1. Puis cela manque d'une certaine cohérence critique car une saga doit s'entendre comme un tout et il faudrait dans l’idéal, tourner l'ultime page avant de se lancer dans une exégèse analytique.

Mais la perfection n'est pas de ce monde si l'on excepte les crêpes au chocolat et Space Oddity de David Bowie. 

Donc, 

En premier lieu : 



Je tiens LE PROBLÈME AUX TROIS CORPS de Liu Cixin, premier d'une trilogie, comme l'un des livres majeurs de SF de ces dernières années.


En pleine Révolution Culturelle, le pouvoir chinois construit une base militaire secrète destinée à abriter un programme de recherche de potentielles civilisations extraterrestres. 

Ye Wenjie, une jeune astrophysicienne en cours de « rééducation », parvient à envoyer dans l’espace un message contenant des informations sur la civilisation humaine. 

Le signal est intercepté par les Trisolariens, qui s’apprêtent à abandonner leur planète-mère, située à quatre années-lumière de la Terre et menacée d’un effondrement gravitationnel provoqué par les mouvements chaotiques des trois soleils de son système. 

En raison de la distance, Ye Wenjie met près de huit ans à recevoir la réponse des Trisolariens. L'invasion.

Une civilisation extraterrestre au bord de l'annihilation reçoit les coordonnées d'une planète viable et projette d'envahir la Terre. 

Pendant ce temps, sur Terre, se développent deux camps opposés, d'une part, ceux qui veulent accueillir les êtres supérieurs et les aider à prendre le contrôle d'un monde considéré comme corrompu et, d'autre part, ceux qui veulent combattre l'invasion.

Le deuxième tome commence après que les terriens aient appris les sombres projets des Trisolariens. 

L’humanité le sait désormais : dans un peu plus de quatre siècles, la flotte trisolarienne envahira le système solaire.

La Terre doit impérativement préparer la parade, mais tout progrès dans les sciences fondamentales est entravé par les intellectrons, sorte de membrane qui englobe notre boule bleue, faussant les résultats scientifiques et big brother omnipotent. 

Grâce aux intellectrons, les Trisolariens peuvent espionner toutes les conversations et tous les ordinateurs, en revanche ils sont incapables de lire dans l’âme humaine. Parallèlement aux programmes de défense classiques visant à lever des armées spatiales nationales, le Conseil de défense planétaire imagine donc un nouveau projet : le programme Colmateur. 

Quatre individus seront chargés d’élaborer chacun de leur côté des stratégies pour contrer l’invasion ennemie, sans en révéler la nature. Ils auront à leur disposition un budget presque illimité et pourront agir comme bon leur semble, sans avoir besoin de se justifier. Livrés à eux-mêmes, ils devront penser seuls, et brouiller les pistes. Trois des hommes désignés sont des personnalités politiques de premier plan et des scientifiques éminents, mais le quatrième est un parfait anonyme. 

Astronome et professeur de sociologie sans envergure, le Chinois Luo Ji ignore totalement la raison pour laquelle on lui confie cette mission. Tout ce qu’il sait, c’est qu’il est désormais l’un des Colmateurs, et que les Trisolariens veulent sa mort.

Que ferions nous si l'on savait que l'humanité avait de grandes chances de disparaître dans 4 ou cinq siècles ?

Après tout... 

Cette question se pose déjà avec la rapidité confondante que nous avons d'épuiser les ressources de notre unique habitat, notre planète. 

Du moins, l'on peut présumer que la flotte trisolarienne en approche exterminera plus rapidement la population terrienne que le réchauffement climatique. 

Cette interrogation sur notre égoïsme humain, tellement humain, notre capacité à vivre notre vie en accumulant les smartphones traverse les pages de ce formidable bouquin. 

Liu Cixin table sur une capacité de l'humanité à s'unir pour faire face à un ennemi commun. Et il le fait en un éloge des sciences fondamentales. Seules ces dernières, non immédiatement rentables et pratiques, peuvent nous permettre le saut quantitatif nécessaire pour lutter à armes égales. 

Bloqués par les intellectrons, la communauté terrienne mise donc sur le tout technologique et se prend à rêver que cela pourrait suffire...

Mais elle parie aussi sur un autre aspect de la mentalité terrienne : le mensonge. La communication trisolarienne basée sur une télépathie intégrale ne connait pas la dissimulation. Donc quatre savants, les colmateurs,  triés sur le volet, sont chargés de mettre en oeuvre un plan de riposte efficace, peut-être, inattendu surtout. 

Le quatrième colmateur, modeste sociologue, se demande ce qu'il fout là, au milieu de ces brillants esprits. Ayant accès à des ressources extravaguantes, il se comporte tel qu'on imagine un colmateur : secret, bizarre et excentrique. Il veut profiter, bien, incroyablement bien. De fait, il se fout souverainement de ce qui peut se passer dans les centaines d'années de compte à rebours mortifère.

C'est bien évidemment de lui que surgira la solution, d'une élégance désespérée et douloureusement crédible. 

Moins surprenant que le premier opus, LA FORET SOMBRE est d'une très haute tenue et témoigne d'une grande poésie, d'une lenteur toute orientale pas désagréable, entrecoupée de montée en tension fulgurantes et d'un dernier tiers tout simplement génial. 

Une épopée de plus de 200 ans, s'appuyant sur de solides bases scientifiques, même si Liu Cixin ne s'attarde pas sur les procédés qui n'en sont qu'à de vagues balbutiements (la congélation hibernation), éclairée par une plume sobre et d'une grande pédagogie...

Liu Cixin le dit clairement, l'avenir passera par une science maîtrisée et non corsetée par des impératifs de praticité instantanée. De toutes les sciences (le répit vient d'une science humaine, la sociologie) et non par une abdication de la pensée, bien dans l'air du temps. 

"Pense plus.
Et après avoir pensé ?
Beihai, je peux simplement te dire ceci : avant toute chose, pense plus et plus loin."

2 commentaires :

  1. 你好 spa correc ^^
    faut dire 你们好 (et encore à condition que tu tutoies tous tes aminches ^^)

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    1. merci bien. la prochaine je prendrai lokitrad plutôt qu'un site internet soi disant spécialisé :>)

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