"La religion est l’équivalent théologique d’une arnaque à l’assurance en vue d’un enrichissement immédiat : année après année, vous payez religieusement – passez-moi l’expression – vos primes, et puis le jour où vous avez besoin des indemnités pour lesquelles vous avez payé, vous découvrez que la compagnie qui a encaissé votre argent, en fait, n’existe pas."
***
Salutations les aminches.
Les fêtes sont derrière nous. Après avoir déposé le PIB du Mali sous le sapin et englouti des tonnes de bouffes, nous pouvons souffler. Et digérer.
Moi, elles se sont bien passées, j'avais un compagnon.
Un vieil ami qui m'a accompagné durant ces agapes. Un de ceux qui vous soutiennent et vous filent une de ces patates !
Le Kingounet.
Stephen King c'est comme Noël, il revient tous les ans.
J'ai donc lu mon King durant les vacances de fin d'année rose bonbon en rattrapant mon retard, enquillant un pavé qui m'avait échappé durant la trilogie Bill Hodges.
Il a suffi de quelques jours au charismatique Révérend Charles Jacobs pour ensorceler les habitants de Harlow dans le Maine.
Et plus que tout autre, le petit Jamie. Car l'homme et l'enfant ont une passion commune : l'électricité.
Trente ans plus tard, Jamie, guitariste de rock rongé par l'alcool et la drogue, est devenu une épave.
Jusqu'à ce qu'il croise à nouveau le chemin de Jacobs et découvre que le mot « Revival » a plus d'un sens...
Et qu'il y a bien des façons de renaître !
Je ne vais pas vous refaire l'article les filles, je pense que vous avez bien compris que j'estime que King est largement sous-évalué et qu'il est bien plus que ce conteur habile et roublard qu'on nous survend parfois.
Bien sûr, l'on rejoint là mon appétence pour la culture de série B, frôlant la Z, c'est un autre débat.
Mais il est un défaut que d'autres fans de sa Majesté ont relevé, ses fins laissent parfois à désirer. Pour des conclusions traumatisantes (SIMETIERRE), émouvante (FIN DE RONDE), voire déchirante (22/11/63), combien de franchement ratées (DÔME), de désastreuses (BAZAAR), qui nous font dire en manière de consolations que le voyage compte plus que la destination...
Voire... Quand l'on se trouve face à un cabanon glauque, fuyant du toit, avec the Cancrela's family tapant le carton dans la cuisine, on peut regretter les onze heures de vol...
Et ce REVIVAL traînait un fumet de dénouement hasardeux.
Bâclé ou finement barré ?
Tout d'abord, le chemin nous y conduisant est purement Kingien, ressassant les mêms obsessions Stephienne :
l'enfance...
"ce que nous apprenons enfants, c'est ce qui reste ancré en nous le plus longtemps."
L'addiction...
"Ce manque, c’était comme une foreuse qui me perçait le crâne de plus en plus profondément. D’infimes prises nasales de H ne l’avaient pas terrassé. J’avais besoin d’une grosse dose directement injectée dans le système nerveux central."
La musique rock.
"Ces conneries commencent toujours en Mi."
Il y ajoute un élément qui jusqu'à présent ne comptait pas parmi ces marottes : la religion.
"Et vous savez ce que je trouve fascinant ? C’est que chacune de ces Églises dédiées à l’enseignement du Christ, sans exception, se pense la seule à avoir une ligne privée vers le Tout-Puissant. Et crénom, je n’ai même pas évoqué les musulmans, les juifs, les théosophes, les bouddhistes ou ceux qui vénèrent l’Amérique elle-même avec autant de ferveur que les Allemands ont vénéré Hitler pendant huit ou dix années de cauchemar."
Plus encore, le business de la Foi, ces prédicateurs haranguant les foules et vendant (cher) de l'espoir à des miséreux au bout du rouleau.
Et quoi de plus performant qu'un pasteur qui a perdu la Foi. Le révérend Jacobs est un sacré personnage, hanté, implacable, à mi chemin entre le savant fou et Dexter Ward.
Le sermon qu'il livre au 1/3 tirs du bouquin pour expliciter la fin de sa croyance éperdue en un Dieu Amour et Rédempteur est un moment de littérature intense, grinçant. King y va franchement, dans une contrée baignant dans une religiosité exacerbée :
"Il parlait avec la patience d'un authentique croyant. Ou d'un fou. Peut-être n'y a t'il réellement aucune différence."
Comme toujours King tend un miroir légèrement déformant à la face de son pays et il est peu aimable :
"Outre le fait d’être réservés par nature et par éducation, les Yankees ont aussi tendance à se complaire dans les préjugés de race et de religion. Trois ans plus tard, au collège de Gates Falls, j’ai entendu un de mes professeurs dire à un autre sur un ton d’incompréhension indignée : « Mais enfin, pourquoi être allé assassiner ce révérend King ? Pour l’amour du ciel, c’était un bon nègre ! »"
On arpente donc le sentier gaillardement et on avale goulûment les pages juteuses du pavé, as usual, en parfaite empathie avec un héros attachant et fragile comme King sait les trousser avec un métier certain.
Avec un plume plus appliquée que ces derniers temps, King abandonne ce ton familier et retrouve le gout des liaisons et des négations complètes (ce n'est pas au lieu de c'est pas) et cela lui va bien dans ce REVIVAL qui est un vrai plaisir de lecture
Jusqu'aux dernières pages ?
Oui. A mon sens. Absolument.
Ce dénouement ne m'a point déplu. Alors certes, il lorgne ouvertement vers une référence littéraire obligée (que j'ai déjà mentionnée dans ce post) mais il le fait avec un sens de la dramaturgie typiquement Kingienne. On pouvait parfois penser que ces derniers temps, il s'attendrissait le Stephen King.
Pas là.
L'espoir est mort.
L'ultime espoir nous est enlevé.
King lui a fait de belles funérailles.
Les fêtes sont derrière nous. Après avoir déposé le PIB du Mali sous le sapin et englouti des tonnes de bouffes, nous pouvons souffler. Et digérer.
Moi, elles se sont bien passées, j'avais un compagnon.
Un vieil ami qui m'a accompagné durant ces agapes. Un de ceux qui vous soutiennent et vous filent une de ces patates !
Le Kingounet.
Stephen King c'est comme Noël, il revient tous les ans.
J'ai donc lu mon King durant les vacances de fin d'année rose bonbon en rattrapant mon retard, enquillant un pavé qui m'avait échappé durant la trilogie Bill Hodges.
Il a suffi de quelques jours au charismatique Révérend Charles Jacobs pour ensorceler les habitants de Harlow dans le Maine.
Et plus que tout autre, le petit Jamie. Car l'homme et l'enfant ont une passion commune : l'électricité.
Trente ans plus tard, Jamie, guitariste de rock rongé par l'alcool et la drogue, est devenu une épave.
Jusqu'à ce qu'il croise à nouveau le chemin de Jacobs et découvre que le mot « Revival » a plus d'un sens...
Et qu'il y a bien des façons de renaître !
Je ne vais pas vous refaire l'article les filles, je pense que vous avez bien compris que j'estime que King est largement sous-évalué et qu'il est bien plus que ce conteur habile et roublard qu'on nous survend parfois.
Bien sûr, l'on rejoint là mon appétence pour la culture de série B, frôlant la Z, c'est un autre débat.
Mais il est un défaut que d'autres fans de sa Majesté ont relevé, ses fins laissent parfois à désirer. Pour des conclusions traumatisantes (SIMETIERRE), émouvante (FIN DE RONDE), voire déchirante (22/11/63), combien de franchement ratées (DÔME), de désastreuses (BAZAAR), qui nous font dire en manière de consolations que le voyage compte plus que la destination...
Voire... Quand l'on se trouve face à un cabanon glauque, fuyant du toit, avec the Cancrela's family tapant le carton dans la cuisine, on peut regretter les onze heures de vol...
Et ce REVIVAL traînait un fumet de dénouement hasardeux.
Bâclé ou finement barré ?
Tout d'abord, le chemin nous y conduisant est purement Kingien, ressassant les mêms obsessions Stephienne :
l'enfance...
"ce que nous apprenons enfants, c'est ce qui reste ancré en nous le plus longtemps."
L'addiction...
"Ce manque, c’était comme une foreuse qui me perçait le crâne de plus en plus profondément. D’infimes prises nasales de H ne l’avaient pas terrassé. J’avais besoin d’une grosse dose directement injectée dans le système nerveux central."
La musique rock.
"Ces conneries commencent toujours en Mi."
Il y ajoute un élément qui jusqu'à présent ne comptait pas parmi ces marottes : la religion.
"Et vous savez ce que je trouve fascinant ? C’est que chacune de ces Églises dédiées à l’enseignement du Christ, sans exception, se pense la seule à avoir une ligne privée vers le Tout-Puissant. Et crénom, je n’ai même pas évoqué les musulmans, les juifs, les théosophes, les bouddhistes ou ceux qui vénèrent l’Amérique elle-même avec autant de ferveur que les Allemands ont vénéré Hitler pendant huit ou dix années de cauchemar."
Plus encore, le business de la Foi, ces prédicateurs haranguant les foules et vendant (cher) de l'espoir à des miséreux au bout du rouleau.
Et quoi de plus performant qu'un pasteur qui a perdu la Foi. Le révérend Jacobs est un sacré personnage, hanté, implacable, à mi chemin entre le savant fou et Dexter Ward.
Le sermon qu'il livre au 1/3 tirs du bouquin pour expliciter la fin de sa croyance éperdue en un Dieu Amour et Rédempteur est un moment de littérature intense, grinçant. King y va franchement, dans une contrée baignant dans une religiosité exacerbée :
"Il parlait avec la patience d'un authentique croyant. Ou d'un fou. Peut-être n'y a t'il réellement aucune différence."
Comme toujours King tend un miroir légèrement déformant à la face de son pays et il est peu aimable :
"Outre le fait d’être réservés par nature et par éducation, les Yankees ont aussi tendance à se complaire dans les préjugés de race et de religion. Trois ans plus tard, au collège de Gates Falls, j’ai entendu un de mes professeurs dire à un autre sur un ton d’incompréhension indignée : « Mais enfin, pourquoi être allé assassiner ce révérend King ? Pour l’amour du ciel, c’était un bon nègre ! »"
On arpente donc le sentier gaillardement et on avale goulûment les pages juteuses du pavé, as usual, en parfaite empathie avec un héros attachant et fragile comme King sait les trousser avec un métier certain.
Avec un plume plus appliquée que ces derniers temps, King abandonne ce ton familier et retrouve le gout des liaisons et des négations complètes (ce n'est pas au lieu de c'est pas) et cela lui va bien dans ce REVIVAL qui est un vrai plaisir de lecture
Jusqu'aux dernières pages ?
Oui. A mon sens. Absolument.
Ce dénouement ne m'a point déplu. Alors certes, il lorgne ouvertement vers une référence littéraire obligée (que j'ai déjà mentionnée dans ce post) mais il le fait avec un sens de la dramaturgie typiquement Kingienne. On pouvait parfois penser que ces derniers temps, il s'attendrissait le Stephen King.
Pas là.
L'espoir est mort.
L'ultime espoir nous est enlevé.
King lui a fait de belles funérailles.
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