dimanche 22 octobre 2017


"Celui qui trouvera en lui-même assez de patience et de courage pour toute sa vie scruter les ténèbres sera le premier à y apercevoir un éclat de lumière."

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Salutations les aminches, 

Ça remue nos synapses ce morceau nan ? Les souvenirs remontent ? Si non c'est pô grave allons ou encore mieux z'avez toute la vie d'vant vous...

En tout cas, cette chanson était facile, idoine pour illustrer musicalement le roman dystopique que voilà : 

2033. Une guerre a décimé la planète. La surface, inhabitable, est désormais livrée à des monstruosités mutantes. 

Moscou est une ville abandonnée. Les survivants se sont réfugiés dans les profondeurs du métropolitain, où ils ont tant bien que mal organisé des microsociétés de la pénurie.

Dans ce monde réduit à des stations en déliquescence reliées par des tunnels où rôdent les dangers les plus insolites, le jeune Artyom entreprend une mission qui pourrait le conduire à sauver les derniers hommes d'une menace obscure... 

Dmitry Glukhovski fait partie de cette nouvelle génération décomplexée d'auteurs russes. Biberonnée aux jeux vidéos, moins hantée par le poids d'un passé écrasant. 

Dmitri l'a compris un truc basique. Le post apopo ça marche moyen ici : 



Ou là : 



Nope. 

Fait pas beau. Ça pue. Ce qui incite à quelques mouvements d'humeurs... Ça c'est du postapopo garanti sur fracture.

Et Dmitri a eu the big trouvaille. Le métro. 

Franchement, on n'a qu'une envie quand on s'y engouffre, c'est d'arriver à destination. C'est glauque le métro, enfin ceux que je connais. Il semble que le métro moscovite réserve quelques stations monumentales dans ce style pompier qu'affectionnait le régime soviétique qui envoyait du marbre et un peu de marbre pour épater l'homo sovieticus que nous aussi hein on peut le faire...



Mais les tunnels... Ils sont tous les mêmes. 

Et vivre dans une telle promiscuité, dans un horizon si borné, cela provoque un rétrécissement tragique des perspectives. 

"Mais qu’est-ce qu’un ciel étoilé pour un enfant qui n’est même pas capable d’imaginer qu’il peut exister un monde sans plafond ? Lorsque le regard levé ne vient pas buter sur des dalles de béton et des entrelacs moisissants de câbles et de tuyaux, mais se perd dans un abîme qui s’est soudain ouvert au-dessus de la tête. Quelle sensation ! Et les étoiles ! Est-ce qu’un être humain qui n’a jamais vu d’étoiles peut imaginer l’infini ?"

La grande réussite de METRO 2033 tient à son monde. Cette micro société recréée avec les travers immuables de l'humanité, son besoin constant de marquer son territoire et si possible d'en conquérir d'autres. La ligne Rouge et la révolution prolétarienne devant se diffuser à travers tout le réseau. Le quatrième Reich et le métro aux Moscovites. La Hanse et sa ligne circulaire, capitalisme triomphant qui repousse les envieux et qui ne veut absolument pas partager...

"Le nombre de places au paradis était limité, seul l’enfer était ouvert à tous."

Bien sûr ça et là, quelques poches d'Humanités vacillantes, la fameuse Polis qui se voue à la sauvegarde des Lettres mais qui partage le pouvoir avec les militaires, faut po déconner non plus. Polis qui envoie les Stalkers à la Surface, Stalkers qui tachent de trouvent tout ce qui peut être utiles tout en s'efforçant de survivre aux abominations mutantes résultant de l'hiver nucléaire.

Et puis, dans tout bon Apopo qui se respecte, il faut un ennemi clairement identifié et quasi invulnérable. 

"Enfin, lorsque l’ennemi n’est plus qu’à quelques pas, les projecteurs s’allument. Et dans les faisceaux de lumière, on aperçoit des silhouettes étranges et fantasmatiques : nues, recouvertes d’une peau noire et luisante, les yeux démesurés et la bouche béante… Elles avancent d’un pas cadencé, le port droit et sans subterfuge, vers la barricade, vers les hommes, vers la mort. Encore et toujours plus proches… Trois… cinq… huit monstres… Et soudain le premier rejette la tête en arrière et laisse échapper un hurlement d’outre-tombe."

Glukhovsky retranscrit efficacement cette angoisse poisseuse de l'obscurité des tunnels, la peur irraisonnée qui te fait retourner tous les trois pas pour ne voir que du vide (?) enserré dans des ténèbres impénétrables. 

Dmitry n'est pas un styliste flamboyant, ou peut-être est ce une traduction hasardeuse, je ne sais mais on s'en carre un peu le moignon. Les pages se tournent toutes seules et le dénouement doux amers qui envoient voltiger nos certitudes vaut largement l'odyssée métropolitaine.

Une lecture haletante illustrant parfaitement l'adage nietzschéen : "quand tu fixes les abîmes, mieux vaut ne pas savoir ce qui te regarde toi..." 

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