vendredi 22 septembre 2017


"Le cerveau humain n'a pas grand-chose à voir avec celui d'un rongeur... à moins que nous parlions de cocaïne"
***

Saludo les aminches.

Il en est des séries comme du reste. On anticipe, on extrapole. Ainsi, je me projetais un bon kif sériel pour la deuxième saison de PREACHER et je ne fus pas démenti, au début. 

Jusqu'à ce que les show runners oublie que dans road movie, le mot important c'est road et que faire stagner des personnage, ce n'est pas qu'une question de localisation.

En revanche, je ne me faisais guère d'illusion pour la saison 3 de NARCOS.


Comment NARCOS, après l’avènement de Pablo Escobar et sa chute, allait-elle gérer le relais ? Comment allait elle se passer d'un tel personnage et d'un tel acteur en la personne de Wagner Moura ?

Plutôt bien finalement. Contre toute attente.

Elle revient aux fondamentaux. 

Le trafic de drogue.

NARCOS a toujours eu une dimension documentaire assumée, qui pouvait même troubler les frontières entre réel et fiction, les show runners ne se privant pas d'adapter le vécu au besoin fictionnel. 

Cette saison 3 déploie encore plus le vademecum du narco trafiquant. Vous saurez ce qu'est le trampoline mexicain ou encore la liste Clinton.

Bon. Il faut bien reconnaître que le début patine un brin et qu'ils font pâle figure le Cartel de Cali à côté du Monstre Escobar.

Autant ce dernier cherchait la lumière, autant eux se rencognent dans les coins sombres, les divans lounge et les couloirs feutrés. 

Autant Pablo gérait son empire comme un patron de night-club, autant les gentlemans de Cali se la joue CAC 40 et costumes croisés. 

Pablo enterrait son argent dans des caches souterraines, Cali le recycle et le blanchit dans des comptes offshore. 

Escobar se réclamait du peuple, Narco des bois, Cali fréquente la Haute et ses matchs de Polo.

Les dirigeants de Cali sont soit plus caricaturaux, "Hijo de puta" comme ponctuation, soit plus effacés, au charisme d'un bulot mort. 

Hormis Helmer "Pacho" Herrera. 


Qui témoigne d'un gout très sûr pour ses chemises : il tient à être vu de nuit. 

Homosexuel reconnu et assumé dans un monde où le machisme et l'homophobie sont un mode de vie, il en rajoute dans la violence la plus sadique pour s'imposer.

L'acteur Alberto Ammann impose sans forcer son talent et passe de la suavité doucereuse à l'explosion en quelques secondes. 

Le camp du bien est représenté par l'agent de la DEA Javier Pena : 


A qui Pedro Pascal prête son physique de Burt Reynolds fatigué. Il est d'une sobriété parfaite dans le rôle de ce croisé désabusé (l'un des rare personnages fictifs de la série) prêt à toutes les compromissions pour faire tomber Cali. Il en mange du caca en boite, il en redemande, l’illustration parfaite de l'omelette et les œufs brisés subséquents. 

Cependant, le personnage le plus intéressant est encore la taupe du Cartel, celui qui le fera tomber, Jorge Salcedo : 


Le chef de la sécurité du cartel qui comprend que son espérance de vie avoisine celle du papillon proche d'un projecteur grésillant. Il décide de faire tomber le Cartel en échange d'une protection pour sa famille et lui. 

Matias Varela transpire la tension et la nervosité contenue, du bel ouvrage !

Tout ce beau monde va se sarabander méchamment sur fond de tripatouillage Etasunien bien bien dégueu. Comme toujours avec NARCOS, le vrai de vrai, même arrangé, est bien plus surprenant, dérangeant et terrifiant que la fiction.

Déroulant un rythme soutenu, un suspense qui ne se relâche quasiment jamais, NARCOS nous happe et nous désespère tout à la fois. 

Pauvre Colombie, pauvre pays, dont les dirigeants corrompus jusqu’à la moelle de la moelle, négocient directement avec le cartel de Cali pour une reddition courte et dorée. Où les criminels les plus endurcis négocient leur peine. 

Mais les ego des uns et des autres vont gripper ce plan bien huilé. 


La série a encore de beaux jours devant elle.

On s’éloigne ainsi inexorablement de la Colombie. Elle a fait son temps. 


Et c'est difficile à croire. 

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