"Les Chinois, ainsi que le résumait James Matheson, pilier écossais de la communauté des trafiquants et co-fondateur avec William Jardine de la grande maison d'opium Jardine-Matheson, étaient"un peuple que caractérise son merveilleux degré d’imbécillité, d'avarice, de suffisance et d'obstination. (...) "
***
Si nous devisions un peu de l'Empire du Milieu :
Les jeunes pousses révolutionnaires En Marche, sous la tutelle bienveillante de notre munificence Manupiterienne, vont...
Houlà.
Stop.
L'autre Empire du Milieu.
Dans les années 1830, l’Angleterre tente d’équilibrer sa balance commerciale en important massivement l’opium produit en Inde jusqu’en Chine.
L’empereur, soucieux des effets délétères de la drogue sur sa population, ordonne de détruire des tonnes d’opium et d’immobiliser les navires anglais.
Les Anglais répliquent par la force.
Après trois années de guerres côtières meurtrières, le traité de Nanjing cède Hong Kong aux Britanniques et ouvre le commerce en Chine.
Janvier 2017 : le premier train de marchandises reliant la Chine et la Grande-Bretagne ouvre la « nouvelle route de la soie » et témoigne du lien qui unit les deux nations depuis plus d’un siècle.
Cette relation, pourtant, n’est jamais allée de soi.
Et pas qu'un poil.
Les Anglais, au plus fort de leur impérialisme triomphant, ont quand même, à coups de canonnières, imposer la légalisation d'une drogue dure à un pays souverain. Totalement invraisemblable quand on y songe.
Mais, au delà des considérations stratégiques et commerciales, l’ouvrage de Julia Lovell montre que ce sont les stéréotypes racistes qui ont dicté les actions de chaque camp.
Quand on réfléchit racisme, ce sont la traite des noirs, l'antisémitisme, ou bien les préjugés anti maghrébins et roms qui viennent instantanément polluer nos synapses.
Cependant, le racisme anti-asiatique se porte bien merci et affiche plusieurs centenaires au compteur.
Un racisme contradictoire où l'on fantasme soient des masses abruties au QI protozoaire ou bien des cerveaux criminels ourdissant des conquêtes du monde...
... Fu Manchu en figure de proue.
Ce que démonte avec précision et une subtile ironie le livre érudit de Julia Lovell, c'est ce mépris d'une nation industrialisée, ivre des ses machines de guerre, regardant avec condescendance cet empire friable et déjà en déliquescence..
Il est vrai que la disproportion des forces...
"Chaque groupe de dix maisonnées, raconte Liang Tingnan, dut récupérer tous les pots de chambre de femmes qu'il pouvait trouver, les mettre dans des embarcations de bois, et les envoyer sur le fleuve pour défendre la ville." Difficile de savoir exactement ce que pensait Yang Fang du potentiel militaire de pots de femme, mais peut-être, vu le statut inférieur de la femme dans la société confucéenne, leur pot semblait à Yang Fang l'arme de destruction la plus puissant disponible contre la force surnaturelle des canons britanniques"
Ils ont pris cher les Chinois.
Le racisme est chose bien partagée. L'aveuglement des Chinois repose sur un dédain de ces barbares qui devaient bouffer des glands dans la forêt de Sherwood quand eux composaient des odes en contemplant des feux d'artifice.
Mais les temps ont changé et l'empereur peut multiplier les édits surréalistes d'extermination du diable étranger, rien n'y fait.
Survolant rapidement et judicieusement les opérations militaires, Julia Lovell s'attarde sur les mentalités colonialistes, racialistes de l'époque ; analyse comment elles ont créé un impensé mondial (le Fu Manchu de Sax Rohmer, archétype du Chinois fourbe et assoiffé de domination) ; atteste que ces mentalités infusent encore largement.
Si les Anglais ne s'attardent point trop sur cet épisode, les Chinois en font une relecture épique et totalement faussée ; propre à resserrer les coudes nationalistes et éteindre les neurones.
L'un n'allant pas sans l'autre.
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