vendredi 7 juillet 2017


"Inutile de nier l'évidence, j'adore cette émission. J'adore cuisiner pour ces dégénérés. Ouais, bien sûr, il y a toujours la corruption. Ça pue l'immoralité vulgairement vautrée et les privilèges indécents. Mais je cuisine comme un démon sorti des enfers"

***

Salutations les aminches.

Ah la France. 

Tout finit par des chansons.

Autour d'un repas.

La bouffe.

La religion française. Avec le pinard.

J'avoue que tout cela m’échappe. Attention, j'aime bien manger, ma silhouette pansue peut en attester mais ces discussions d’experts sur la qualité de ce chorizo, de ce cépage, me dépassent quelque peu. Moi qui peut aussi apprécier de trempouiller une chocolatine industrielle dans mon café (bio ! Attention. On ne rigole pas avec le café !).

Il n'y pas de quoi se vanter. Je perd parfois de vue le privilège inouï de baffrer à convenance. De me sustenter sur commande. De ne pas connaître la faim. La vraie. Celle qui vous tord les entrailles. 

Il y a aussi quelques avantages. Je ne perds pas mon temps de cerveau disponible devant des émissions culinaires compétitives. Car si je ne suis pas un fin gourmet ok, j'exècre positivement la télé réalité. 

Alors si on mêle les deux...



Dans un monde où les inégalités ont achevé de fracturer la société en deux, puissants comme laissés pour compte se réunissent autour d'un programme de télé-réalité culinaire : Starve. 

Créé par le célèbre chef Gavin Cruikshank, Starve met en scène une série de défis tous plus obscènes les uns que les autres, de la préparation du dernier espadon pêché en mer à l'accommodation de la viande de chien pour la table des plus riches. 

En exil choisi depuis plusieurs années, le chef Gavin décide de revenir mettre de l'ordre dans son émission et enseigner à l'élite une leçon qu'elle n'est pas prête d'oublier.

Un comics qui ne parlent pas de fin du monde zombifiée, de super slips torturés et de monstres de l'espace déchaînés.

Ne nous y trompons pas les filles, STARVE est une BD violente et tragique, dans son propos. Le néo libéralisme ayant été au bout de sa logique mortifère, notre boule bleue a été consciencieusement vidée de ses ressources et seuls les plus aisés peuvent encore profiter des produits frais et de saison. 

Comme maintenant quoi ?

Ha ben oui, en fait...

Mais nous parlons ici des plus riches des riches des riches...

La planche où Cruikshank donne à manger ce qui est peut-être le dernier thon rouge de la planète est franchement glaçante.

La production télé de STARVE va donc rechercher son ancien présentateur pour le faire concourir comme un candidat lambda et remonter des audiences défaillantes.

Beau personnage que ce Cruikshank, queutard vicié et rock'n'roll, un Iggy Pop aux fourneaux, un Keith Richards égaré en cuisine. 

Cruikshank, nihiliste amer, a un plan mais il le verra chambouler par une ex femme vengeresse et une paternité sur le tard. 

Réhaussé par un fusain trash, étrangement beau et ciselé : 



STARVE déroule une histoire profonde, soulignant notre soif d’obscénité, notre appétit pour une compétition omniprésente avec ces émissions poubelles où il convient de toujours, toujours, éliminer quelqu'un.

Cruishank, relevant les paris les plus braques, pas dupe de sa propre complicité dans la mise en place et la permanence de ce système, va s'employer à le faire imploser de l'intérieur. 

Se finissant sur une note optimiste, tranchant avec la noirceur des cases la précédant, STARVE est une belle surprise bien goulue !

Je vais l'effort de pousser plus loin et d'aller chercher mon croissant chez mon artisan boulanger tient !

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