mardi 18 avril 2017


"... Voir le monde brûler"

***

Bien le bonjour flibustières et boucaniers.

A y est.

C'est fini.

Nos pirates rentrent au port.

2017 a vu la fin de la chouette série de pirate : BLACK SAILS


Durant quatre saisons, nous avons savouré les aventures des pirates de Nassau. Leur lutte pour préserver leur mode de vie. Leur gestion du trésor de l'Urca, qu'en faire ? Trésor de l'Urca qui sera le MacGuffin du bouquin de Stevenson L'ÎLE AU TRÉSOR.

De fait l'intrigue de BLACK SAILS se situe bien en amont du fameux livre, un prequel en quelque sorte.

Les showrunners ayant le bon gout de nous claquer la série en quatre saisons (là où d'autres prévoient une diffusion jusqu'en 2030 ! Misère...), ce série final est-il à la hauteur de nos espérances ?

Je tremblais un peu, je l'avoue les filles, car si la première saison était réussie, la deuxième encore plus, la troisième ronronnait un peu plus et je craignais une baisse de régime pour la dernière embardée.

Et bien...


N'allez pas plus loin sœurs et frères de truande, si vous ne voulez pas vous faire méchamment spoiler dans le vif du tranchant.

...

...

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Bien.

nous avions laissé nos deux compères le capitaine Flint et son second Long John Silver se faisant face, se défiant, présageant leur affrontement futur. 

Il y a une légende de trop à bord.

Mais les showrunners décident finalement de nous la jouer, dans un premier temps bromance, une amitié loyale entre deux hommes qui se respectent et s'efforcent d'être amis dans un milieu où la franche camaraderie consiste surtout à tuer de face.

La Capitaine Flint, entièrement voué à sa guerre totale contre l'Angleterre, une sorte de moine soldat fanatique, veut financer sa vendetta avec le butin de l'Urca. 


Toby Stephens fait preuve d'un indéniable charisme, à défaut d'être d'une grande subtilité, mais il est crédible et on comprend qu'on le suive, parfois, souvent, aveuglément.


Luke Arnold en Long John Silver est plus fin, il livre un Silver humain, moins sombre et inquiétant que dans le livre de Stevenson mais on en devine les prémisses, l'évolution, l'emprise qu'il a sur ses hommes et la satisfaction secrète qu'il en retire. Et une intelligence aiguë.

Silver s’accommode de moins en moins de la soif d'absolu de Flint, de sa guerre perdue d'avance contre l'Empire anglais, son basculement dans un inconnu cauchemardesque. 

Cette ultime saison se recentre sur ce duo, leur duel et leur inéluctable confrontation. 

C'était sûrement inévitable mais le reste du casting se voit sacrifié, parfois réduit aux utilités. Ce qui était une force de BLACK SAILS, cette balance entre les différents protagonistes, s'évapore lentement.

Et que dire de Teach ?


Barbe Noire, campé par Ray Stevenson, l'immortel Titus Poulo de ROME, qui impose sa carrure, sa présence très physique. 

Les scénaristes n'ont jamais su que faire de Barbe Noire, qui est venu comme un gros poil noir sur l'écume. 

Alors certes, ils n'ont pas raté sa sortie ! Impressionnante scène de mise à mort qui témoigne de l'ingéniosité toujours renouvelée des humains pour achever longuement leurs prochains.

« Le carénage » ou « la grande cale ».
Le prisonnier était déshabillé puis accroché à une corde à ses pieds et ses mains. Il était balancé par dessus bord et les pirates le faisaient passer sous la coque recouverte de coquillages tranchants. Le prisonnier se retrouvait lacéré et était récupéré de l'autre côté du navire.

Mais on ne peut s'empêcher de regretter un rendez vous manqué avec le plus fameux des forbans.

Le grand méchant de la série, le gouverneur Woode Rogers (réel et non fictif) est celui qui met fin à la carrière de Barbe Noire.


Luke Roberts est un carcan de douleur rentrée, pensant noyer sa culpabilité dans la fureur et le sang. 

C'est en effet lui qui, s'alliant avec les Espagnols pour reprendre Nassau, va provoquer la mort de son amour Eleonor Guthrie. 

Bon moment que cette bataille de Nassau d'ailleurs, l'acmé de la saison.

Et les femmes me direz vous... 

Ah... Là est le gros gros bât qui fait bobo. Elles sont réduites à peu de choses finalement. Anne Bony sauve la mise à son équipage ok. Max mène finement sa chaloupe , mais on les voit peu, beaucoup moins que durant les saisons précédentes.

Bien sûr le beau personnage de Madi...


Frémissante Zethu Dlomo, reine des esclaves libérés, peu sensible au compromis qui se fera inévitablement sur le dos de son peuple.

La saison se découpe sur la prise de Nassau par les pirates et sa reprise par Rogers et les conséquences qui en découlent. 

La fin de Black Sails voit le triomphe des sentiments. 

Une belle idée. 

Silver peu enclin à se lancer dans une guerre sans fin et ingagnable, se foutant comme de sa première étoupe de sa place dans l'histoire, arrive à faire renoncer Flint de la plus belle des manières. 

L'amour. 


Silver lui même se range des grand voiles.

On peut reprocher un manque de souffle, peut-être, pour ce dénouement. 

Point la volonté des showrunners de déjouer les pronostics, de nous surprendre et in fine, j'approuve ce choix. 

Je suis même content pour mes corsaires. 

Même si l'on n'est pas vraiment raccord avec L'ÎLE AU TRESOR. 

Les pirates se sont calmés, phagocytés par le capitalisme naissant, ils ne sont plus que les alliés objectifs des négociants qui autorisent quelques rapines pour faire monter les cours. 

Une fin moins douce qu'amère pour ces libertaires qui rêvaient d'une anarchie utopique. 

Jack Rackham le déplore dans un dernier soliloque face à "Mark" Read, ne se doutant point de faire monter la louve sur le pont.


Dernier pied de nez d'une série qui a su toujours mêlé astucieusement les personnages historiques aux avatars de fiction avec un rapport malicieux avec la réalité. 

Allez une dernière fois !

PIRATES !!

Un peu moins fort. 

Un peu quand même !


1 commentaires :

  1. Ouaip.
    C'était mieux que bien.
    Générique d'enfer, acteurs au top, un scénario qui déroule avec justesse et un lot de cliffhangers bien dosés, une ambiance réussie, décors, costumes, canons et sabres au clair plus vrais que nature, nan, vraiment, c'était chouquette.

    Bye Flint, bye Silver, bye Rackham et bye-bye Nassau, ce fut un vrai plaisir !

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