Le trop de tout

"L'Ophiocordyceps Unitelaris est un champignon infectant les fourmis. Les spores s'emparent de leur système nerveux central et les forcent à grimper très haut. Alors le champignon commence à grandir, éclatant le haut de leur tête, comme une branche. Ça les tue évidemment. Ainsi, il peut diffuser de nouvelles spores dans la jungle. Infecter plus de fourmis. Quand les gens parlent d'amour, ça m'y fait penser."

***

Bien le bonjour les aminches.

La question est de savoir quel est le champignon qui pousse dans le cerveau de David Haller ? La schizophrénie ou un pouvoir incommensurable ?

Le pilote (somptueux) de cette nouvelle série posait les bases d'un imbroglio mental, d'un labyrinthe barré. David Haller est il totalement cintré ou bien le mutant le plus puissant de l'univers X-Men ?

Noah Hawley a fini par trancher.

...

...

Bon. 

David Haller est bien le genre de gars qui peut remodeler un grille pain en le fixant. Il peut reconfigurer tout l'electro ménager. Le genre de mec à sauter dans son futal sans toucher terre.

le problème est qu'il n'est pas tout seul dans sa tête. Il partage son esprit avec un autre mutant The Shadow King qui a perdu son corps physique, annihilé par le père biologique de David Haller, lui aussi mutant cadre sup' plus plus. Le corps astral de Shadow King se réfugiant dans le cervelet de David Haller nourrisson...

Familier des comics, j'étais légèrement en avance sur l'intrigue de la série, même s'il me semble que David Haller, le fils de... (pas encore mentionné dans la série mais bon, je pense que z'avez deviné(e)s) ne fut jamais le réceptacle du super vilain télépathe ? 

Tel un parasite fongique, The Shadow King grandit, pousse et cherche à expulser la véritable personnalité de David pour fusionner leurs pouvoirs et être seul au manche ; ce qui en ferait potentiellement... Un dieu ?

Cette fin de saison est propre et carrée, rien à dire. Elle pourrait même paraître légèrement simpliste suite au puzzle complexe qui l'a précédé.

Si la suite de la saison n'est pas tout à fait au niveau de son pilote, LÉGION reste une touffue série. 

D'abord le cast fait le job et le fait bien. Audrey Plaza dans le rôle de Lenny, avatar du Roi d'Ombres...

... Passe souplement de la sympathique marginale au symbiote flippant.

La charmante Rachel Keller, sorte de Bardot en plus innocente, frémit pour son amoureux de David, le couple fonctionne pas de problème.

Si on ajoute à cela un Dan Stevens toujours nickel dans le rôle titre, on a une distribution pilglop ! 

Mais Noh Hawley a le nez pour un casting qui dépote, FARGO hein...

Ensuite LEGION est une réussite formelle de première bourre, avec une idée à chaque plan, des mouvement de caméras amples ou stroboscopique, portée par une bande son majestueuse, de T Rex... 

... au Boléro de Ravel. Une séquence hallucinante, révélatrice de l'ambition perchée de LÉGION : 

Alors...?

Et bien le problème est que l'on frise parfois le trop plein. 

Quand au mitan de la saison, on nous renvoie à l’hôpital psy du début, on a même une impression de régression, bien que l'on s'aperçoit vite que cet épisode a une fondamentale importance dans le parcours de David. 

Noah se la joue. En tout cas c'est la sensation que donne LÉGION parfois, impressionnée de sa propre virtuosité et ma foi... on peut l'être... Impressionné.

Mais voilà, il faut bien conclure. 

Et Noah, qui a le bon goût de ne proposer que huit épisodes 

[là où IRON FIST se traîne misérablement sur 13 épisodes (j'y reviendrai)] 

piégé (?) par un cahier des charges Marvel, clôt sur un final somme toute classique et au métier.

Sobrement haletant mais sans surprise qui boucle la saison 1 et annonce la 2, sans cliffhanger moisi.

Le trop plein pour ceux qui ne sont pas assidus des comics au pas assez pour la fan base qui reprochera des raccourcis et autres trahisons, Noah Hawley louvoie. 

Génialement à mon sens, mais il écarte LÉGION de la  série mainstream à la NETFLIX (les audiences s'en ressentent fatalement) pour en faire un O.S(ériel).N.I. 

Et il regrette, probablement, de lâcher son sentier sinueux dans les méandres des synapses de David Haller pour un combat plus attendu entre le bien et le mal ,sans les capes.

C'est sans doute pourquoi, il tente bien un moment, proche de la conclusion, de nous la jouer à la K Dick, le rat et non le bigot, qui à la fin de son chef d'oeuvre UBIK, renversait la table et inversait la perspective.

Gaffe Noah, n'est pas K Dick qui veut...