"Allemagne, réveille-toi !" criaient les nazis. La pervitine se charge désormais de la garder éveillée. Échauffé par un cocktail mortel de propagande et de médicaments, le peuple sombre de plus en plus dans un état de dépendance."
***
Bien le bonjour les aminches.
Le régime nazi est peut-être le thème d'histoire contemporaine le plus étudié, scruté et analysé.
Au point qu'on aurait pu penser en avoir fait le tour.
Pas si sûr.
Découverte au milieu des années 1930 et commercialisée sous le nom de pervitine, la méthamphétamine s’est bientôt imposée à toute la société allemande.
Des étudiants aux ouvriers, des intellectuels aux dirigeants politiques et aux femmes au foyer, les petites pilules ont rapidement fait partie du quotidien, pour le plus grand bénéfice du régime : tout allait plus vite, on travaillait mieux, l’enthousiasme était de retour, un nouvel élan s’emparait de l’Allemagne.
Quand la guerre a éclaté, trente-cinq millions de doses de pervitine ont été commandées pour la Wehrmacht : le Blitzkrieg fut littéralement une guerre du « speed ».
Mais, si la drogue peut expliquer les premières victoires allemandes, elle a aussi accompagné les désastres militaires.
Les Nazis ont conquis le pouvoir en promettant de siffler la fin de partie et de rompre avec l'hédonisme décadent de la république de Weimar. Ils ont surtout mis en place un vaste système de méthamphétamine sur ordonnance, la défonce légale et fortement suggérée.
Pourtant quelle contradiction avec le discours officiel, la parole portée par l'Aigle Germanique, le premier Seigneur de la race des Seigneurs :
"Vous devez être sains, vous garder de tout ce qui empoisonne votre corps. Nous avons besoin d'un peuple sobre ! A l'avenir, on ne jugera l'homme allemand qu'à la mesure des œuvres de son esprit et de la vigueur de sa santé." Adolf Hitler.
L'éclatante illustration du "faites ce que je dis, oubliez ce que je fais" car Hitler est le premier junkie d'une nation de drogués.
Shootés à la Pervitine, les panzers allemands et la wehrmacht cisaillent l'Hexagone. Fuyant le sommeil, les nazis sont comme des labradors sous acides et ne tenant aucun compte des usages militaires, foncent à travers champs et routes, ivres de victoires, déstabilisant le vieux corps d’officiers français qui n'avaient jamais vu ça.
la Pervitine sature les veines des valeureux soldats allemands. Valeureux ? Défoncés oui ! Vlan dans le mythe du vigoureux teuton.
Une autre légende qui prend chère aussi, c'est le stratège Hitler aux intuitions géniales.
L'idée de l'invasion par les Ardennes n'est pas de lui. Une fois les blindés passés en France, les généraux allemands, Guderian et Rommel, ne tiennent plus aucun compte des directives de l'Etat major et foncent toutes chenilles ouvertes, totalement foncedés.
Hitler voit sa guerre lui échapper et, pour reprendre la main, prend une décision stratégique splendidement conne : il bloque ses blindés à l'orée de Dunkerque permettant au corps expéditionnaire britannique de regagner Londres.
Il faut dire qu'Hitler a fait confiance à Göring, cramé à la morphine au dernier degré pour que sa Luftwaffe finisse le job.
Le poisson pourrit par la tête.
Les Allemands se ruent sur les pharmacies pour se fournir en Pervitine, les soldats se shootent pour soutenir le fantasme d'un rouleau compresseur inarrêtable ; ignorant soigneusement les effets secondaires, lourds et pervers.
On est loin, très loin, de la race aryenne sobre.
Le Führer lui même, entretient le mythe d'un homme entièrement tourné vers le bien être de son peuple et la victoire, ascète, végétarien, ne buvant jamais d'alcool... Et s'injectant quotidiennement des shoots par intraveineuse.
L'auteur, Norman Ohler, s'appuie sur une masse de documents, les ordonnances cryptées mais bien réelles du docteur particulier d'Hitler, Théo Morell.
Le pacte Faustien.
Sauf qu'on ne sait qui est le diable et qui est Faust ?
Il n'y pas de Faust.
C'est un tout un pan que je ne soupçonnais pas que dévoile Ohler. Une réalité peu exploitée jusqu'alors par les historiens.
Il y a un réel danger cela dit.
A force de présenter Hitler (le patient A de Morell) comme un Junkie courant après sa dose...
"Cocaïne et Eucodal. Un mélange de Führer : le cocktail qui coule dans les veines d'Hitler se transforme en fil des semaines en ce que l'on appellerait aujourd'hui un Speedball"
... Ne risque-t-on pas d'amoindrir sa responsabilité ? De le dédouaner en quelque sorte ?
Ohler n'esquive pas. Il rappelle qu'altération des capacités n'est pas synonyme d'occultation totale du jugement.
La guerre et la politique génocidaire ont été décidées et organisées alors qu’Hitler ne recourrait à aucune pharmacopée.
Enfin, la bascule d'Hitler dans les paradis artificiels se produit lors des premiers revers de l'invasion russe et s'accélère après l'attentat manqué contre lui. Alors que la destruction systématiques des juifs, des Tziganes, des homosexuels se poursuit, se nourrit elle même de façon monstrueuse.
Cette annihilation industrielle n'est pas le délire d'un drogué ayant rompu les amarres avec la réalité mais bien une vision clinique, jamais démentie. Soutenue avec une énergie sans faille, alimentée par une prescription assidue de méthamphétamines.
Ohler démontre enfin que les hauts dignitaires nazis étaient singulièrement médiocres.
"Le fait est que, sans drogues, Hitler n'est plus qu'une loque avec des taches de potages sur son uniforme"
Une banalité du mal Arendtienne absolue qui s'amplifie au fur et à mesure que la Pervitine ne suffit plus à assurer les victoires rapides.
Loin du ton parfois compassé et académique de ce genre d'ouvrage, Ohler atteste que la descente en enfer de l'Europe se fit aussi sous acides.
Le régime nazi est peut-être le thème d'histoire contemporaine le plus étudié, scruté et analysé.
Au point qu'on aurait pu penser en avoir fait le tour.
Pas si sûr.
Découverte au milieu des années 1930 et commercialisée sous le nom de pervitine, la méthamphétamine s’est bientôt imposée à toute la société allemande.
Des étudiants aux ouvriers, des intellectuels aux dirigeants politiques et aux femmes au foyer, les petites pilules ont rapidement fait partie du quotidien, pour le plus grand bénéfice du régime : tout allait plus vite, on travaillait mieux, l’enthousiasme était de retour, un nouvel élan s’emparait de l’Allemagne.
Quand la guerre a éclaté, trente-cinq millions de doses de pervitine ont été commandées pour la Wehrmacht : le Blitzkrieg fut littéralement une guerre du « speed ».
Mais, si la drogue peut expliquer les premières victoires allemandes, elle a aussi accompagné les désastres militaires.
Les Nazis ont conquis le pouvoir en promettant de siffler la fin de partie et de rompre avec l'hédonisme décadent de la république de Weimar. Ils ont surtout mis en place un vaste système de méthamphétamine sur ordonnance, la défonce légale et fortement suggérée.
Pourtant quelle contradiction avec le discours officiel, la parole portée par l'Aigle Germanique, le premier Seigneur de la race des Seigneurs :
"Vous devez être sains, vous garder de tout ce qui empoisonne votre corps. Nous avons besoin d'un peuple sobre ! A l'avenir, on ne jugera l'homme allemand qu'à la mesure des œuvres de son esprit et de la vigueur de sa santé." Adolf Hitler.
L'éclatante illustration du "faites ce que je dis, oubliez ce que je fais" car Hitler est le premier junkie d'une nation de drogués.
Shootés à la Pervitine, les panzers allemands et la wehrmacht cisaillent l'Hexagone. Fuyant le sommeil, les nazis sont comme des labradors sous acides et ne tenant aucun compte des usages militaires, foncent à travers champs et routes, ivres de victoires, déstabilisant le vieux corps d’officiers français qui n'avaient jamais vu ça.
la Pervitine sature les veines des valeureux soldats allemands. Valeureux ? Défoncés oui ! Vlan dans le mythe du vigoureux teuton.
Une autre légende qui prend chère aussi, c'est le stratège Hitler aux intuitions géniales.
L'idée de l'invasion par les Ardennes n'est pas de lui. Une fois les blindés passés en France, les généraux allemands, Guderian et Rommel, ne tiennent plus aucun compte des directives de l'Etat major et foncent toutes chenilles ouvertes, totalement foncedés.
Hitler voit sa guerre lui échapper et, pour reprendre la main, prend une décision stratégique splendidement conne : il bloque ses blindés à l'orée de Dunkerque permettant au corps expéditionnaire britannique de regagner Londres.
Il faut dire qu'Hitler a fait confiance à Göring, cramé à la morphine au dernier degré pour que sa Luftwaffe finisse le job.
Le poisson pourrit par la tête.
Les Allemands se ruent sur les pharmacies pour se fournir en Pervitine, les soldats se shootent pour soutenir le fantasme d'un rouleau compresseur inarrêtable ; ignorant soigneusement les effets secondaires, lourds et pervers.
On est loin, très loin, de la race aryenne sobre.
Le Führer lui même, entretient le mythe d'un homme entièrement tourné vers le bien être de son peuple et la victoire, ascète, végétarien, ne buvant jamais d'alcool... Et s'injectant quotidiennement des shoots par intraveineuse.
L'auteur, Norman Ohler, s'appuie sur une masse de documents, les ordonnances cryptées mais bien réelles du docteur particulier d'Hitler, Théo Morell.
Le pacte Faustien.
Sauf qu'on ne sait qui est le diable et qui est Faust ?
Il n'y pas de Faust.
C'est un tout un pan que je ne soupçonnais pas que dévoile Ohler. Une réalité peu exploitée jusqu'alors par les historiens.
Il y a un réel danger cela dit.
A force de présenter Hitler (le patient A de Morell) comme un Junkie courant après sa dose...
"Cocaïne et Eucodal. Un mélange de Führer : le cocktail qui coule dans les veines d'Hitler se transforme en fil des semaines en ce que l'on appellerait aujourd'hui un Speedball"
... Ne risque-t-on pas d'amoindrir sa responsabilité ? De le dédouaner en quelque sorte ?
Ohler n'esquive pas. Il rappelle qu'altération des capacités n'est pas synonyme d'occultation totale du jugement.
La guerre et la politique génocidaire ont été décidées et organisées alors qu’Hitler ne recourrait à aucune pharmacopée.
Enfin, la bascule d'Hitler dans les paradis artificiels se produit lors des premiers revers de l'invasion russe et s'accélère après l'attentat manqué contre lui. Alors que la destruction systématiques des juifs, des Tziganes, des homosexuels se poursuit, se nourrit elle même de façon monstrueuse.
Cette annihilation industrielle n'est pas le délire d'un drogué ayant rompu les amarres avec la réalité mais bien une vision clinique, jamais démentie. Soutenue avec une énergie sans faille, alimentée par une prescription assidue de méthamphétamines.
Ohler démontre enfin que les hauts dignitaires nazis étaient singulièrement médiocres.
"Le fait est que, sans drogues, Hitler n'est plus qu'une loque avec des taches de potages sur son uniforme"
Une banalité du mal Arendtienne absolue qui s'amplifie au fur et à mesure que la Pervitine ne suffit plus à assurer les victoires rapides.
Loin du ton parfois compassé et académique de ce genre d'ouvrage, Ohler atteste que la descente en enfer de l'Europe se fit aussi sous acides.
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