"Le meurtre, c'est pas le contrôle ; le meurtre, c'est juste le meurtre. Le suicide, c'est le contrôle."
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Bonjour les aminches.
L'auteur de cette charmante maxime se prénomme Brady. Et je précise que quand il dit suicide, il ne parle pas du sien.
Brady est ce que l'on pourrait appeler, sans risque de se tromper, le mal incarné.
Atttttention au Spoil les 'tis loups!!
Brady Hartsfield.
Que l'on a déjà croisé dans ce blog.
Le maléfique tueur à la Mercedes de MR MERCEDES de sa majesté Stephen King qui s'essayait alors au thriller carré, sans monstre sous la couette, croque mitaine dans le placard et loup garou dans la bergerie.
Et King livra un formidable home run pour filer la métaphore Baseballiene (très présente dans son oeuvre comme le me faisait remarquer namiedemoi).
Il récidiva dans un deuxième opus, CARNETS NOIRS, un peu plus en deçà mais qui célébrait avec chaleur le pouvoir de l'écriture et de la lecture, toujours avec son trio d'enquêteurs attachants et iconoclaste, ceux qui avait mis Brady Hartsfield hors jeu.
Temporairement.
Dans la chambre 217 de l’hôpital Kiner Memorial, Brady Hartsfield, alias Mr Mercedes, gît dans un état végétatif depuis sept ans, soumis aux expérimentations du docteur Babineau.
Mais derrière son rictus douloureux et son regard fixe, Brady est bien vivant. Et capable de commettre un nouveau carnage sans même quitter son lit. Sa première pensée est pour Bill Hodges, son plus vieil ennemi…
Autant le dire tout de suite : il est dangereux d'aborder cette Fin de ronde, dernier tome d'une trilogie policière entamée avec Mr Mercedes et poursuivie dans Carnets noirs, sans en avoir suivi le début.
Lecteurs innocents, passez votre chemin, ce livre est fait pour tous ceux qui connaissent déjà ce bon vieux Bill Hodges, flic retraité, et ses démêlés avec son ennemi juré, le psychopathe Brady Hartsfield.
A la fin de Mr Mercedes, on croyait pourtant ce dernier définitivement hors d'état de nuire, plongé dans un coma végétatif au fond d'une chambre d'hôpital. Mais après avoir résisté à la tentation du fantastique dans les deux premiers romans, Stephen King a craqué.
On ne se refait pas et r'oiloù le paranormal, la télépathie est dans la place.
Néanmoins, il a besoin d'aide Brady, une béquille psychique. Ce sera Le Zappit, sorte de Game Boy foireuse avec son écran de veille aux poissons clignotants qui par sa répétition hypnotique permet cette légère catatonie qui permet Hartsfield, de s'insérer, s'immiscer et prendre les commandes de ton cervelet.
Hartsfield est donc devenu un monstre télépathe qui se sert des nouvelles technologies (une tablette de jeux vidéo) pour posséder ses victimes et les pousser au suicide.
C'est son truc à Brady, pousser les gens au suicide, trouver leur failles, fouailler bien profond et te pousser, juste ce qu'il faut.
Comme toujours, dans les meilleurs romans de King, le fantastique n'est qu'un prétexte, ici à une course poursuite haletante et une possible inquiétude quant à notre monde hyper connecté (tout comme ÇA nous prévenait contre le port des costumes de clown hors des chapiteaux).
"Il songe (et pas pour la première fois) qu’un peu de télékinésie n’est rien comparé au pouvoir d’Internet. Il est sûr que des milliers de suicides mijotent dans la soupe fertile de ses sites de médias sociaux où les « trolls » courent librement et où le harcèlement se poursuit sans fin. C’est le véritable esprit dominant la matière."
King a une façon unique de tisser une trame serrée, touffue et chamarrée à partir de fils blancs et un style passe partout. Chaque partie, séparément, ne casse pas trois, ni même une, pattes à un caneton mais l'ensemble instille une petite musique irrésistible.
Cependant ce sont ses personnages qui remuent le plus ; surtout, la relation particulière et tendre entre Holly Gibney quinqua décalée, ne maîtrisant pas les codes des relations sociales, aux frontières de l'Asperger et Hodges, vieillissant et cancéreux en phase terminale :
"Maintenant il comprend pourquoi le cancer du pancréas est appelé cancer furtif, et pourquoi il est quasiment toujours mortel. Il s'embusque, rassemblant ses troupes et envoyant des émissaires secrets aux poumons, aux ganglions lymphatiques, aux os, au cerveau. Puis il lance la guerre éclair, sans comprendre, dans sa rapacité stupide, qu'il ne récoltera que sa propre mort dans la victoire."
C'est d'ailleurs dans ce beau personnage de l'enquêteur vieillissant, fatigué et malade, que se cache la question la plus poignante, le véritable enjeu de l'aventure : comment affronter l'ultime « fin de ronde » qui guette chaque vie humaine ?
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