jeudi 17 novembre 2016


"Une guerre contre le terrorisme, une guerre contre le communisme, une guerre contre la drogue. Il y a toujours une guerre contre quelque chose.

Je crains que ce ne soit la condition humaine."

***

Saludos les filles.

Faisons un songe. 

Un rêve tout simple.

Nous sommes riches. 

Mais vraiment.

Méga blindé(e)s. 

Pêêêêêêté(e)s de thunes. 

Nous constaterions alors un phénomène curieux...

Plus notre compte en banque se remplit, plus le bon goût le plus élémentaire nous fait défaut.




Et ce d'autant plus si cet argent se gagne facilement, sans la sueur et les cals aux mains. 

L'un des moyens les plus rapides (et les plus risqués) de faire fortune est de se livrer au trafic de cocaïne.

La Colombie a tendance à attirer tous les regards :


Cependant l'on occulte ainsi la technique du trampoline mexicain.

En effet si le Mexique n'est pas à proprement parler un gros producteur de cocaïne, il en est le plus gros pourvoyeur. Il est la porte d'entrée du marché juteux des USA, vu l'immensité de la frontière qu'ils partagent. 

On balance la coke et elle rebondit sur le trampoline mexicain pour atterrir dans les principales artères des villes et des citoyens étatsuniens.

Ce que démontre magistralement ce bouquin : 



Art Keller, le « seigneur de la frontière », est en guerre contre les narcotrafiquants qui gangrènent le Mexique. 


Adán et Raúl Barrera, les « seigneurs des cieux », règnent sans partage sur les sicarios, des tueurs armés recrutés dans les quartiers les plus démunis. Contre une poignée de dollars et un shoot d’héroïne, ils assassinent policiers, députés et archevêques. 

La guerre est sans pitié.

LA GRIFFE DU CHIEN est un roman de l'extrême. 

Extrêmement sombre et violent. Les sicarios, les guerriers de la drogue, ne connaissent qu'une méthode de management : la terreur. Et qu'une seule façon de la provoquer : la cruauté la plus aveugle. 

Donc autant vous prévenir LA GRIFFE DU CHIEN ce n'est pas pour les garçonnets. La tronçonneuse y est rarement utilisée pour alimenter la cheminée du tendre et doux foyer ...

Archi documenté. On est là à la lisière du docu fiction où Don Wislow...


... détaille par le menu l'inventivité prodigieuse des narcotrafiquants, les compromissions et l'aveuglement criminels des autorités américaines, obnubilées par le Communisme triomphant...

Dans le récit prolifique de Wislow, tout semble vrai, tout paraît à sa place, et c'est une foutue réussite. 

Hyper désespéré. Don nous dit mezza vocce, entre deux staccatos de pistolets mitrailleurs, que la guerre contre la drogue est perdue d'avance. Que ce sont toujours, encore et toujours, les politiques qui ont échouées qui se répètent pour un résultat nul, voire contre productif.

"Et nos solutions sont toujours les mêmes futiles non-solution : construire de nouvelles prisons, engager plus de policiers, dépenser de plus en plus de milliards de dollars à ne pas guérir les symptômes pendant que nous ignorons la maladie. 

La plupart des gens de mon quartier qui veulent lâcher la dope n'ont pas les moyens de suivre un programme de traitement, parce que la plupart ne disposent pas d'une assurance-santé digne de ce nom. Et il y a une file d'attente de six mois à deux ans pour obtenir un lit dans les programmes de traitement de substitution.

Nous dépensons pratiquement deux milliards de dollars à empoisonner les cultures de cocaïne et les enfants de cette région, et il n'y a pas suffisamment d'argent au pays pour aider qui veut arrêter sa dépendance à la drogue."

De toutes façons, comment lutter contre un tel commerce qui s'est offert un pays entier : le Mexique. 

Tout le pays est gangrené. Les fils sont corrompus par milliers et s'ils ne le sont pas, ils sont en sursis très (très) provisoire. les Narcos sont protégés par les plus hautes sphères et Wislow démontre implacablement qu'ils se sont payés (littéralement) le Mexique (avec l'aide active du traité de libre échange Americano-mexicain : l'ALENA), le tiennent par les cordons des bourses... 

Et que les premières victimes de cet état de fait sont les mexicains eux mêmes, pauvres civils dans une guerre qui ignore son nom. 


Evidemment c'est encore une vision bobo politiquement correcte qui ignore que les Mexicains sont en majorité des violeurs, pilleurs, gangster qui ne pensent qu'à passer la frontière pour s'ébrouer et délinquer aux Staaates. 

Foutrement écrit

Wislow n'est pas le premier pingouin de la banquise, il sait construire un roman monstre, choral et haletant. Il porte en outre une réflexion métaphysique. Que veulent donc ces trafiquants, qui concentrent toutes les richesses et tous les pouvoirs ? Quels peuvent bien être leurs ressorts intimes ? Qu'est ce qui les anime sinon un mal obscur, une soif de destruction inextinguible..?

Wislow a la clairvoyance de leur conserver une part d'humanité. Même chez le pire des bourreaux comme Barrera qui aime son enfant, d'un amour sincère. Ce qui ne l’empêche pas de balancer ceux des autres du haut d'un pont...

Et de narrer aussi que l'on n'attrape pas la ruche avec du miel empoisonné mais bien en adoptant les méthodes du camps d'en face, de l'éternel paradigme Nietzschéen sur l'abîme contaminant...

Wislow nous dévoile la face obscure de ce qui finit dans les narines festives de happy few ou dans les pipes à crack de pauvres bougres miséreux. 

La cocaïne est une salope. Parole d'expert : 


Contrairement à ce que prétend absurdement James Ellroy, LA GRIFFE DU CHIEN n'est pas le GUERRE ET PAIX de la drogue. 

Juste un grand livre. 

Réellement impressionnant. 

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