vendredi 18 novembre 2016


"On enviait les pires assassins à force de les traiter en être d'exception, "monstres", "prédateurs", "génies du mal", sans jamais souligner la vérité de leur nature: la médiocrité. Les métaphores étaient les auréoles de ces rebuts du monde. Leur gloire diffusait comme une eau sale portant les germes que la morale ne consommait pas, mais qui désaltérait les angoisses. Des hommes croupis."

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Best greetings les aminches.

Bon je vous l'accorde la pastille musicale d'accroche de ce post se marie moyennement avec le Londres victorien, Fog épais, Whitechapel terrifié, la grasse Queen Victoria et Oscar Wilde au bagne...

Mais dès que je peux caler du Clash moi...


1897, Scotland Yard, Londres. Le dossier Jonathan Weakshield est réouvert. 

Ancienne grande figure de la pègre, il avait été déclaré mort quinze ans plus tôt. 

Chef du Seven Dials, quartier redouté des bas-fonds londoniens, il y a fait régner l’ordre et la terreur au côté du Viking, le maître des gangs de la capitale, officiellement pendu en 1885.

Les empreintes retrouvées sur une lettre à une inconnue prouvent que Weakshield est vivant. 


Tandis qu’un inspecteur acharné se lance sur sa piste à travers l’Europe et l’océan Indien, l’enquête de deux journalistes du Daily News dévoile les secrets de celui qu’on avait surnommé pour sa cruauté le « loup du Seven Dials ». 

Qui est-il ? Comment a-t-il disparu ? Et pourquoi refait-il surface maintenant ?

Il faudra remonter loin, revenir sur son passé en Irlande au temps de la grande famine,  interroger ses lieutenants, suivre son ascension à Londres, revivre la bataille des gangs de Strugglefield, son amitié brisée avec le Viking et son histoire d’amour secrète. 

Weakshield revient pour régler ses comptes et sauver la femme qu’il aime, mais les vieilles haines se réveillent et le sang s’apprête à couler de nouveau sur les bords de la Tamise.

Toute une époque les filles.

Peu de villes ont une renommée littéraire aussi soutenue que Londres. Et la Londres victorienne encore plus !

Allez quoi ?! Il suffit d'un brouillard épais, d'une cape fendant la nuit pour que ce bon vieux Jack revienne hanter les consciences. Il foutait quoi Sherlock Holmes ? Il s'enfilait des rails de coke sur son violon ?!

Un climat. Une ambiance. 

Que l'auteur français Antoine Sénaque retranscrit parfaitement. Son JONATHAN WEAKSHIELD, parfaitement documenté, d'une écriture précise, légèrement précieuse (quasi maniérée parfois) n'est jamais aussi bon que dans les digressions, quand il s'éloigne de son sujet. 

Quand il convoque la présence spectrale de Oscar Wilde, condamné au Bagne, entôlé en France, en sursis. ..

Quand il frémit avec Jack The Ripper...

En revanche, et c'est ennuyeux, on a plus de mal avec ses héros principaux, taiseux, durs au mal, qui cognent et trucident comme d'autres vont acheter le journal. 

Pourtant le Viking, surnom moqueur donné à un nain difforme mais régnant sur la pègre londonienne est un beau personnage. Weakshield est plus attendu et on ne s'attache guère à ses pas, ses tourments nous laissent froids. Faute d'être réellement développé, incarné...

On est plus convaincu par la paire de reporters enquêteurs retraçant la genèse de Weakshield et sa main mise sur les gangs de Londres. Mais cette traque journalistique s'arrête brutalement pour laisser place à un combat final plus convenu.

Antoine Sénanque se contente de survoler cette histoire de la mafia de l'East Side. Il en brosse un schéma narratif à gros traits. Le Gangs of London séduisant et prometteur finit en une compilation d'effets de style virtuoses. 

On a l'impression dommageable que Sénanque s'arrête au bord du grand roman criminel qu'il aurait pu écrire.

Il lui aurait peut-être fallu, pour cela, occulter Wilde, auquel les belles dernières pages de ce court roman sont dédiées.

Antoine ne s'est pas résolu à lâcher Wilde. 

Je le comprends.

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