vendredi 22 juillet 2016


"Que s'était-il passé ? Ou plutôt qu'allait-il se passer ? Un jour, d'ici quelques années, l'inconnu entamerait son grand voyage, équipé d'un caméscope. Un saut de deux mille ans à rebrousse-temps, sans espoir de retour. Il ferait ses enregistrements, conserverait la caméra et la déposerait à l'endroit convenu avec ses compagnons dans le futur – son présent d'origine – avant de terminer sa vie dans le passé. Une fois le transfert effectué, ses camarades, eux, n'auraient plus qu'à arrêter la machine, se rendre tranquillement jusqu'à la cachette et y déterrer la caméra envoyée depuis quelques minutes deux millénaires en arrière."

***

Coucou les filles. 
Face à ce noir absolu, deux options s'offrent à nous. La plus longue, la peut-être moins séduisante immédiatement : une étincelle surgit, une déflagration primale, un big bang cosmologique pour que la vie émerge de la soupe fondamentale où nous clapotions tous. 

Ou bien... Une solution plus rapide, Le Grand Architecte, Le Grand Tout de Toutes Choses, Dieu, claque des doigts et boucle le bouzin en sept jours (enfin six, le septième c'est repos) parce que le noir, à force, c'est lassant.

Évolutionnistes vs créationniste, Darwinisme contre Dessein intelligent. Un combat qui n'en finit plus, qui alimente les intellects et un bon paquet de haine incandescente itou...

Et ce n'est pas près de s'arrêter puisque ceux qui pourraient nous dire le fin mot ne peuvent pas revenir, quoique là aussi, il y ait matière à prise de chetron...

C'est agaçant. Si l'on pouvait avoir une  preuve, cela détendrait tout le monde...


Quelle conscience torturée habite l’adolescent nourri depuis son enfance aux dogmes d’intégristes hallucinés ? 

Demandez à Michael Barron, le fils d’un multimilliardaire américain fervent soutien des organisations évangéliques les plus radicales.

Son père Samuel s’est emparé de la vidéo où apparaîtrait Jésus au premier siècle de notre ère, témoignage qu’un voyage dans le temps a bel et bien eu lieu. 



Mais ce n’est pour Samuel Barron qu’une étape dans une entreprise colossale mûrie de longue date et dont le but n’est rien moins que de se faire l’instrument du Tout-Puissant et de hâter l’accomplissement de la prophétie.

L'AFFAIRE JESUS est, non pas la suite, mais le double étroitement imbriqué du fabuleux roman de SF d'Andréas Eschbach...


... JÉSUS VIDÉO.

Génial bouquin, qui imaginait qu'une caméra vidéo était retrouvée dans une tombe antique lors de fouilles archéologiques à proximité de Jérusalem.

Après avoir éliminé toutes possibilités d'escroqueries et autres arnaques, il fallut bien se résoudre à l'évidence : le voyage dans le temps était possible et on avait pu filmer le Jésus d'antan, le Jésus contemporain...

'Tin, Jésus ! Multipliant les pains ? Faisant des claquettes sur la Lac Tibériade ? 
  
Quel Jésus ? L'adepte SM d'un Mel Gibson en roue libre, le baba cool en tunique de lin prêchant la fraternité, à quelques exceptions près...

Çui là : 


ou bien : 


Dédé dans JÉSUS VIDÉO contourna habilement le problème. Le dénouement, élégant et subtilement ambigu, pour ne fâcher personne, venait conclure un bouquin haletant, un vrai plaisir de lecture. 

JÉSUS VIDÉO fut un hit pour son auteur, non pas un best-seller, de la sf allemande, faut pas déconner non plus... Mais un vrai long-seller, qui se vendit sur la durée et fut soutenu par une communauté de fans dont je suis. 

Andreas décida d'y revenir et eut, dans cette optique, une idée lumineuse. Plutôt que de proposer une suite stricto sangsue de son JÉSUS VIDÉO, il décida d'intercaler son AFFAIRE JÉSUS dans la trame de son premier opus. 

Et il se focalisa pour cela sur le vrai miracle : THE FUCKING VOYAGE DANS LE TEMPS !!

Thème incontournable de la SF mais sujet hautement inflammable qui par ses paradoxes peut consumer des paragraphes entiers. Mais Dédé, l'a du métier. Il évite soigneusement les boulettes temporelles. 

Cette AFFAIRE JÉSUS reste de très bonne facture, toujours soutenue par une écriture rythmée, finissant chaque chapitre par le petit cliffhanger qui va bien : L'AFFAIRE JÉSUS est un véritable page turner. 

Néanmoins, je suis un peu moins convaincu par ce nouveau pavé, surtout parce que, contrairement au premier livre, Andreas assène que Jésus est bien le fils de Dieu et non pas, allez savoir, juste un révolutionnaire malin et bien attentionné. Et de fait, il remanie la matière de ses livres et se contredit.

Autant dans JÉSUS VIDÉO, la fameuse vidéo ne soulevait aucun mystère et ne montrait que des scènes anodines de fraternité où chacun voyait ce qu'il voulait, autant dans L'AFFAIRE JÉSUS, un miracle, un vrai, se déroule sous nos yeux. 

Et l'on s'interroge... Pourquoi cette scène n'est pas mentionnée dans le premier bouquin ? Dans ce même premier bouquin où Andreas insistait sur le caractère, disons non surnaturel, de l'ensemble de la vidéo. Dédé évite les boulettes sauf celle ci, majeure, entre ses deux œuvres. 

C'est dit, Jésus est bien le rejeton de son Papounet.

Attention, je ne dis pas que Andreas Eschbach est un fou de Dieu, bien au contraire, les fondamentalistes en prennent bien dans la tronche. La science n'est jamais dénigrée (bien au contraire) et Dédé démontre implacablement le pouvoir débilitant des prophéties auto réalisatrices. 

Il n'empêche... C'est un regret. 

Cela mis à part, L'AFFAIRE JÉSUS est un régal par son rythme trépident, son inévitable twist final inattendu, son attention portée aux personnages, surtout le héros principal Michael Barron, se débattant avec une culpabilité viscérale et une éducation stricte, cloisonnante et dorée...

"Michael passa la main sur le cuir couleur crème des larges sièges pour en éprouver la douceur. Il appréciait que Dieu ait voulu qu’ils soient riches, mais il se demandait tout de même ce qu’il avait fait pour le mériter. Rien du tout, soyons honnête."

Et là...

Je me fais la réflexion...

Nul besoin de preuves.

Ça ne détendrait personne.

Et puis tout, absolument tout, est explicable par la volonté de Dieu et son fameux plan secret, ce qui me fait penser à la réplique de Lucifer dans la série éponyme:

"Je sais que Dieu a un plan mais ce que je ne comprends pas c'est que personne ne se demande si c'est un bon plan". 

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