mercredi 29 juin 2016


"Churchill : Je vous ai bien entendu au sujet d'un de mes ministres qui aurait été pris en train de sauter un type de la Garde Royale.
- Oui, monsieur le Premier Ministre.
- A Hyde Park ?
- Oui, monsieur le Premier Ministre.
- Sur un banc ?
- Parfaitement, monsieur le Premier Ministre.
- A 3 heure du matin ?
- C'est bien ça, monsieur le Premier Ministre.
- Avec ce froid de gueux ! Dieu du ciel, il y a de quoi être fier d'être britannique !"

***

Bien le bonjour les aminches. 
Débutons ce post par une complication répétitive concernant votre blogueur. 

L'espace.

L'espace est infini. 

Quelle vaste blague.

Pas çui de ma bibliothèque. 

Menaçant de déborder comme la panse ventrue d'un supporter imbibé de bière, ma biblio se rapprochait dangereusement de la parfaite allégorie imagée de l'entropie décomplexée.

Il fallait réagir. J'ai donc tranché dans l'encre et sélectionné quelques ouvrages pour leur donner une seconde vie. 

Dans la boîte à livres.


Ces réceptacles, parsemant Bordeaux, le plus souvent, servent d'annexe au grenier poussiéreux, où quelques numéros de Rustica défraîchis côtoient des Harlequins amputés de quelques pages. 

Mais parfois on tombe sur quelques trouvailles. 

Ainsi en déposant ma cargaison, j'ai repêché : 


Officier, correspondant de guerre, écrivain, pilote d’avion, député, Premier ministre, Winston Churchill (1874-1965) est l’une des grandes figures du xxe siècle. 

Boris Johnson retrace le parcours étonnant de cet homme politique hors du commun, qui a mis en place le début de l’État-providence, refusé tout compromis avec Hitler et aussi reçu le prix Nobel de littérature. 

L’auteur explore la personnalité d’un être original et courageux, au tempérament de joueur capable de prendre tous les risques, doté d’une extraordinaire capacité de travail et d’une ambition phénoménale.

Winston Churchill, écrasant de sa stature tous les hommes politiques qui suivirent, les nanifiant impitoyablement. Boris Johnson, plus qu'une bio, délivre un panégyrique à la gloire de Holy Winston. 

Bon.

C'est plus facile de célébrer Winston Churchill que, je ne sais pas, Boris Johnson par exemple...

Bobo nous donne ici un livre bondissant, bien écrit même si la conclusion de chaque chapitre et l'annonce du suivant ressemble aux transitions poussives de nos dissertations lycéennes. 

Mais il est vrai que ce livre se lit d'une traite, un bouquin malin, voire malicieux, dédouanant Churchill de ses errements et le célébrant, souvent à juste titre, pour sa clairvoyance et sa lucidité. 

Les passages, où Churchill, seul au monde, s'entête à se dresser face à Hitler, malgré les nombreux appels du pied (pour ne dire plus) des dignitaires nazis, de Hitler himself et même de son propre camps, ces passages sont saisissants et on se dit que la rencontre d'un tel homme et d'un tel temps ne pouvait mieux tomber. 

Néanmoins, on ne peut s'empêcher d'assister amusé, voire consterné, au recrutement de la plume de Boris au service de la cause de Johnson et de son idéologie.


Et oui. Boris Johnson. Ancien maire de Londres. Un côté bouffon savamment entretenu, qualifiant ses adversaires de politiquement correct. 

C'est bien pratique ce politiquement correct pour voiler ses propres carences. 

Boris Johnson, chantre victorieux du Brexit, qui n'avait pas prévu le coup d'après... 

Et bien Bobo est un conservateur bon teint qui parent çi et là ses pages de quelques piques acides : 

"Voyez l'art avec lequel Hitler les entraîne au comble de l'excitation collective  : des phrases courtes, sans verbes , dépourvues de sens d'un point de vue grammatical, mais dotées d'un vrai pouvoir de suggestion. La technique allait être reprise, copiée, entre autres, par Tony Blair."

Magnifique. 

Glisser dans le même paragraphe Hitler et ce Tony Blair abhorré. 'Tin, je ne suis pas un grand fan de Tony Blair mais tout de même...

Tant qu'à déboîter l'adversaire autant le faire avec classe : 

"Christophe Colomb fut le premier socialiste : il ne savait pas où il allait, il ignorait où il se trouvait... et il faisait tout ça aux frais du contribuable."
Winston Churchill

Et le chapitre sur Churchill l'européen où Winston prononce des discours pro-européen, voire franchement fédéralistes. Bobo va alors chercher les discours premiers de Churchill beaucoup plus euro-sceptiques. 

Je ne sais pas. Les discours d'un homme politique d'une telle envergure sont plus pertinents quand ils sont ceux d'un homme achevé qui vient de se coltiner une guerre mondiale plutôt que ceux d'un homme politique encore inexpérimenté. 

De plus, franchement, ce qu'aurait bien pu penser ou faire Churchill à notre époque, concernant l'Union Européenne, est d'une fatuité pathétique, une hypothèse follement conne, on n'en sait rien foutre dieu ! Ce qui compte c'est ce que l'on fait nous...

A vrai dire...

En fait...

Plaidoyer grandiloquent envers Churchill certes oui, mais un peu pro-domo aussi. 

On t'a vu Bobo.

Churchill s'est dressé face à la barbarie. 

Toi face à la bureaucratie pesante de Bruxelles (comparée à l'Allemagne nazie dans un de tes discours, c'est une (sale) manie décidément).

On a les combats qu'on peut.

4 commentaires :

  1. Pour ma part ce qui m'interroge ici ce serait plutôt: qu'est ce qui fait les grands hommes (et femmes) de l'histoire ? Le cas de Churchill est d'ailleurs très représentatif. Il a son prix nobel de littérature en 1953 c'est à dire à la fin de sa carrière politique et pour ses discours ! Un nobel de littérature pour des discours c'est fort, presque autant qu'un noble de la paix pour Obama et sa guerre en Afghanistan. De plus, les principales fonctions qu'il a occupé sont celles liées aux armés et à la guerre, donc assez limité en terme de politique. Son passage par l'économie dans les années 1930 est un échec, les mesures sociales du gouvernement auquel il participe (avant la première guerre mondiale) ne le concerne pas vraiment en tant que ministre du Commerce, secrétaire du Home Office et Premier Lord de l'Amirauté... En fait, sur des bons mots, une situation historique, on a forgé des "grands hommes" politique. Le sont-ils en fait ? Je ne le crois pas mais on aime faire des héros. Enfin, "Christophe Colomb fut le premier socialiste : il ne savait pas où il allait, il ignorait où il se trouvait... et il faisait tout ça aux frais du contribuable." est sans doute très drôle mais qu'est ce que cela veut dire ? Nous sommes loin de la critique constructive mais plutôt encore et toujours dans les slogans de propagande... Sans compter qu'en fait l'époque de Colomb est de fait à l'origine du capitalisme avec les investisseurs sur les bateaux... voilou, c'était ma p'tite humeur du jour :p . Jéjé

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    1. Pour le Nobel de littérature, je ne suis pas sûr que ce soit pour ses discours. il a beaucoup, beaucoup écrit Churchill et notamment ses mémoires de guerre.

      Concernant sa politique, Johnson te dirait qu'il est à l'origine de mesures sociales très en avance et quasiment à l'origine de l'état providence.

      Bon. C'est un peu tordre la réalité peut-être ? Surement ? Ce qui est sûr est qu'il a mis en place certaines mesures que ses thuriféraires mettent en avant pendant qu'ils en glissent d'autres sous le tapis.

      Là où je ne te rejoins pit-être pas, c'est que Churchill est un grand homme en ce sens qu'il a su souder une nation contre l'ogre nazi. L'angleterre était seule un moment, toute seule, c'était une île dieu merci, il n'empêche que Churchill aurait pu saisir l'offre de paix de Hitler, comme le poussait ses propres conseillers...

      Et le truc sur Christophe Colomb, c'est amusant mais en fait... Churchill l'a t-il vraiment dit ? on ne prête qu'aux riches.

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    2. Je vais faire un peu mon rabat joie mais Churchill a bien reçu son prix Nobel pour ses discours (cf. wiki et le site du nobel), de toute façon ses écrits ne font tout de même pas de lui un grand littérateur... quand aux mesures sociales je ne vois pas à quel poste il aurait pu les faire, il était juste dans le gouvernement qui les a prise (même s'il était d'accord avec, encore qu'il est ensuite vite revenu chez les conservateurs)... enfin l'angleterre avait un empire coloniale important et, comme en france ou aux usa beaucoup ne se voyaient pas sous la coupe d'hitler (Churchill ne devient premier ministre qu'en 1940, heure à laquelle d'autres pays se battaient). De plus, à l’unique aune des unions nationales beaucoup risquent de devenir des grands hommes: Hitler, de Gaule, Roosevelt et Truman... tout ceux qui ont fait la guerre étrangement. Mais bon, là ce ne sont que les ronchonnades d'un vieux ronchonneur :)

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    3. Très bien mon bbf ronchonnons. Mettre sur le même plan hitler, de gaulle, roosevelt et truman je trouve cela un peu raide. Alors certes ils ont fait la guerre oui mais je ne suis pas si sûr que Pétain qui ne l'a pas faite lui (enfin en 1940) est susceptible de grandeur (heu susceptible de grandeur, voilà une phrase aléatoire). A vrai dire je suis un pacifique acharné, l'un des plus grands désastre de l"histoire moderne est, à mon modeste sens, l'assassinnat de Jaurès, Mais contre Hitler...

      En outre les fameuses et controversées mesures sociales : " En 1908, il présente le projet de loi qui impose pour la première fois un salaire minimum en Grande-BretagneJe 19. En 1909, il crée les bourses de l'emploi pour aider les chômeurs à trouver du travailJe 19. Il participe aussi à la rédaction de la première loi sur les pensions de chômage, et du National Insurance Act de 1911, fondement de la sécurité sociale au Royaume-Uni." (chez wiki justement). Alors certes, on peut aisément disserter sur la part du calcul politique qui entre en jeu, tout ça pour couper les ailes aux travaillistes. etc.

      Il est vrai aussi que Churchill pouvait être un sale réac, vouant Gandhi aux sept cercles de l'enfer, totalement à l'aise dans les préjugés de son époque.

      Bon, en même temps, je ne suis pas non plus un thuriféraire acharné de Winston et je me méfie de la vision qu'en propose ce pauvret Boris Johnson (aurais-je lu ce livre après le Bexit ?...), c'est bien pour ça que j'ai été fureté ici et là, mais je crois quand même que Churchill fut the rignt man at the right place... cela suffit-il à en faire un grand homme ? En tout cas un incontournable, au minimum...

      Ce qui ne l'a pas empêché de perdre les élections après guerre comme quoi...

      Et je conclue : vieux ronchonneur ? Tu n'est certes pas vieux ! :p

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