jeudi 26 mai 2016



Bien le bonjour les filles. 

En 1989, le mur de Berlin s'effondre et avec lui le bloc de l'Est, ne pouvant faire face à ses contradictions internes. Un jeune essayiste américain Francis Fukuyama s'empara de la fin du système soviétique pour célébrer la "victoire du Monde Libre", proclamer la supériorité naturelle et inévitable du libéralisme économique et décréter finement la "Fin de l'Histoire". 

Les Etats-Unis s'enivrent de cette situation inédite : ils sont seuls sur le ring, haranguant la foule, faisant jouer leurs biceps noueux et huileux. Ne sachant pas encore qu'il est plus ardu de combattre les piqûres d'une multitude de taons qu'un ours mal léché bien identifié. 

Mais dans les Eighties, au temps d'un Reagan couperosé, on ne sait pas encore que la balance va pencher à l'Ouest.


Nos Jennings, espions implantés aux USA y croient encore. Difficilement. Surtout lui. Mais même Madame, pasionaria de la Révolution Prolétarienne, commence à vaciller. 

J'ai déjà souligné ici et  la très grande qualité de cette série méconnue. THE AMERICANS continue à tracer son sillon. Dans une indifférence polie. 

Le patron de FX (diffuseur de THE AMERICANS) s'insurgeait récemment contre cette légende d'un âge d'or des séries. Il déplorait surtout un trop plein, une offre trop importante, on se contenterait de séries moyennes voire bonnes se détournant par là même des œuvres plus exigeantes et plus abouties.

A cela je répondrais : "on fait ce qu'on veut Jean-Claude !" mais je comprends sa frustration. Voir GOT truster toutes les manchettes, les récompenses, saturer You Tube. Voir WD alimenter la chaudière infernale du buzz cliffhangesque, ça brise un brin les rotules...


THE AMERICANS est une grande série, l'une des plus belles réussites de ces dernières années et il est injuste (voire incompréhensible) de la voir dérouler ses saisons dans une relative discrétion.


En effet, les affres des ces agents sous couvertures, partagés entre un patriotisme minutieusement programmé depuis la naissance et leur amour parental, débouchent sur des sommets télévisuels dignes de BREAKING BAD ou SIX FEET UNDER. Peuvent-ils tout risquer ? Peuvent-ils retourner en URSS ? Imposer un tel bouleversement à leurs enfants, élevés comme de bons Américains ?

THE AMERICANS est un modèle d'écriture et d'équilibre. On n'est certainement pas là dans une ode au messianisme Américain ni dans une louage sans nuance au Grand Soir communiste. On baigne dans le gris. Un monde aux frontière floues, où le Bien et le Mal sont des notions relatives, sans que (et c'est là que THE AMERICANS est vraiment remarquable) l'on verse dans un cynisme burné, justifiant toutes les dérives.

Cette saison 4 ne fait pas exception à la règle.



Je paffe là une balise spoiler, au cas où quelques lectrices(eurs) tenteraient l'aventure et rejoindraient la fan base de THE AMERICANS, peu nombreuse mais privilégiée.

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Nous retrouvons notre couple de Taupes russes en pleine tourmente. Mis au pied du mur par leur fille aînée Paige, ils lui ont avoué leur allégeance occulte. Paige s'est ensuite confiée à son Pasteur. 

Toute la cohérence de leur existence secrète flageole. Tout repose en effet sur un secret absolu !

Voilà qu'ils doivent en outre gérer un bacille potentiellement apocalyptique, arme biologique à la létalité radicale tout en contenant le démon ravageur du doute...

Portée par un composition impeccable, des deux personnages principaux (en tout points géniaux) aux rôles les plus obscurs, THE AMERICANS dévoile, encore, une mécanique précise, démoniaque et terriblement touchante. 

Avec, de plus, une science du cliffhanger JUSTIFIÉ, ce n'est point pour faire mousser pépère (salut à toi Robert Kirkman !).

Brillante, haletante, attachante... Et superbement ignorée...


La routine quoi...

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