jeudi 28 août 2014


Africa

J'ai envie de danser comme toi

De m'offrir à ta loi

Africa

De bouger à me faire mal de toi

Et d'obéir à ta voix

Africa


Ah l'Afrique les aminches. terres de mystères, de passions, de coups d’Etats, de famines et de beauté insoutenable. 

Il y fait chaud aussi. 

L'Afrique a inspiré les plus grands artistes, comme Rose Laurens donc. 

Ahem...

Bon si vous préférez plus consensuel, la Grande Streep : 

 


Or donc l'Afrique. 

J'vous propose un truc, si on évitait les clichés autant que faire ce pneu... Passque le continent noir est un énorme champs de préjugés, préétablis, de pré pensées. Pour cela il faudrait convoquer un grand spécialiste, un immense journaliste, un Polonais...


Ryszard kapuscinski. On va l'appeler Riri hein... Donc Riri est un journaliste polonais qui a bourlingué sur tous les points chauds du globe.

Comment vous dire..? Riri est l'exact inverse de Jean Pierre Pernaud. 

Riri est mort il y a peu et comme souvent on a remué la fange. On a ainsi affirmé qu'il avait collaboré avec les autorités socialistes d’avant la Perestroïka. peut-être bien. Qu'il avait bidonné ou plutôt arrangé ses récits journalistiques mais plusieurs autres grands reporters ont corroboré ses propos. 

Bon, je ne suis pas dans le secret, pour moi Riri est surtout l'auteur de ce livre magistral : 

Quand Ryszard Kapuscinski arrive comme journaliste en 1958 à Accra, la capitale du Ghana, il ne peut soupçonner que ce voyage sera le début d'une passion qui ne le quittera plus jamais.


Pendant des années, ce grand reporter doublé d'un écrivain sillonne le continent noir, habite les quartiers des Africains, s'expose à des conditions de vie qu'aucun correspondant occidental n'aurait acceptées.



Observateur exceptionnel, il croise des potentats comme Nkrumah, Kenyatta ou Idi Amin, témoigne de coups d'Etat et de guerres civiles (au Rwanda par exemple) ; il essuie des fusillades, affronte des tempêtes de sable et supporte la chaleur.  

Mais Kapuscinski s'intéresse surtout aux gens et sait gagner leur confiance. Le tumulte de la vie quotidienne africaine le passionne davantage que les corruptions, les épidémies et les guerres meurtrières. 


Bon, savez comme moi que les lecteurs  ont tous leur panthéon, personnel, ce livre fait parti du mien. Ce livre est un chef d'oeuvre. Un récit de voyage, d'aventures, de géopolitique et de foi en l'humanité malgré tout ce qui s'impriment sur nos rétines... Ce livre est magistral...

Tout y est. Je me souviens surtout de la chaleur écrasante et de Riri disant que ceux qui traitaient les Africains de grands enfants paresseux devraient franchir les portes climatisées de l'aéroport et encaisser de plein fouet la température suffocante !

Une plume alerte et un regard qui n'est jamais complaisant. Alors les récits sont peut-être un poils bidonnés mais il ne se met jamais en scène, il ne prends jamais la posture du grand héros blanc, pas une fois.

Je me rappelle aussi la folie. la folie qui s'empare des grands libérateurs une fois l'Occidental expulsé. Le pouvoir absolu de ces potentats qui leur grille la cervelle et celles des opposants. Les pages sur Amin Dada sont saisissantes. 

ÉBÈNE est l'un des plus grands livres du vingtième siècle. sans hésiter.

Riri a écrits d’autres récits. Notamment 

Entre 1958 et 1980, lorsqu'il travaillait principalement pour l'agence de presse polonaise, Ryszard Kapuscinski a couvert 27 révolutions et coups d'État. 

Chaque chapitre de ce recueil illustre un voyage de l'auteur, que ce soit en Afrique (Congo, Angola, Algérie, Nigeria, Ethiopie, Afrique du Sud), en Europe (Chypre) ou en Amérique latine. C'est là que se déroule le chapitre éponyme, " La guerre du foot ". 

En 1969, le Honduras et le Salvador jouent deux fois l'un contre l'autre afin de se qualifier pour la Coupe du monde. Mais les affrontements entre supporters dégénèrent en une guerre ouverte qui fait 6 000 morts et 15 000 blessés... 

La bêtise humaine au pinacle, avec le football comme révélateur (entre autres).

Excellent itou mais cela n'atteint pas intensité et l'ampleur d' ÉBÈNE. 


Cela étant dit il y a un autre moyen de découvrir un moment clé de l'histoire africaine, la décolonisation par le prisme de la Science Fiction : 



C’est  un constat assez juste historiquement de ce qui s’est réellement produit, l’ensemble se déroulant dans un contexte similaire de colonisation humaine sur des planètes éloignées et peuplées d’indigènes pas forcément ravis à l’idée d’être les inférieurs d’une société plus avancée militairement. 

La décolonisation, qu’elle soit pacifique ou violente, débouche sur une société finalement malade d’avoir évolué trop vite vers un système trop éloigné de la base culturelle qui la définit. 


Un sujet inépuisable, que Resnik développe à travers 3 planètes qui relatent le Kenya, le Zimbabwe et l'Ouganda. 

C'est sûr que Resnick n'est pas un grand styliste, une chaise est une chaise point barre. Pas la peine de berlificoter le bouzin. Il se rapproche d'un Asimov dans ce style plat et neutre. Mais l'histoire est belle et désespérée. 

Les chasseurs qui viennent traquer les grands Cuirassés (les n'éléphants locaux), les grandes plantations où l'on fait trimer l'indigène qui n'en est pas plus reconnaissant que cela...

Mais point de manichéisme sommaire chez Resnick. Il connaît bien l'Afrique. L'Afrique c'est son chemin de Damas à lui. Jusque là il écrivait du space opéra sympa et divertissant. Rien de transcendantal non plus , on est loin d'un Iain banks, mais l'Afrique l' a changé. C'est lui qui le dit en tout cas. Ce qui est sûr c'est qu'elle a transformé son oeuvre. 

Il y a puisé une profondeur... Et il montre à merveille dans sa trilogie L'INFERNALE COMÉDIE*, les travers de la décolonisation, les bonnes intentions qui pavent, bétonnent et goudronnent l'enfer annoncé. 

* Merci Guilou

Et les terriens colonisateurs ne sont pas forcément que les méchants de l'histoire et les aliens envahis des anges purs Rousseauistes.

En fait, Resnick pose LA question, la seule qui compte vraiment. 

Les indigènes ne maîtrisent pas le concept de la roue ? ET ALORS ??

Resnick se montrent plutôt indulgents avec les chasseurs, sûrement parce que lui même est un gros con de tueur d'éléphants. 

Par contre, il est impitoyables envers les colons bien pensants et paternalistes, comme Amanda Pickett aka Karen Blixen (on en revient à Meryl). Ces colons qui ont voulu plier un nouveau monde pour qu'il ressemble au leur tout en gardant les jolies couleurs locales.

La réflexion que fait un libérateur a un autre est plus dérangeante : "surtout ne renvoyez pas les humains, vous aurez besoin d'eux pour réussir la transition". Les africains avaient besoin des compétences des blancs pour réussir le post colonialisme, leur monde était déjà plié. 

Cette tirade renvoie à Mugabe tyran du Zimbabwe qui a exilé tous les blancs et a plongé son pays dans la misère, pas sa tirelire perso en revanche.

Très bons livres que ces trois tomes, efficaces et plaisants. 

Et reste, une fois les dernières pages tournées, une saveur douce amère marquante.

Alors que le dernier couplet de Rose Laurens envolé, il ne reste qu'un sourire amusé... Dans le meilleur des cas.


2 commentaires :

  1. Je trouve que ranger cette chère Karen Blixen au rang des colons paternalistes est un peu méchant. Elle est surtout une femme qui s'émerveille de ce pays si éloigné de son Danemark natal. Elle s'émerveille des paysages, des hommes et des femmes pour lesquels elle a réel respect. Biens sur ils travaillent pour elle "ses indigènes", mais pas différemment des ouvriers travaillant pour sa riche famille en Europe du nord... et oui, j'aime bien Karen. A lire sa "ferme africaine" on y est plongé dans un autre monde... Je reste après dubitatif sur le "besoin" des blancs/humains surtout au vu des résultats de leur décolonisation. En tout cas, ça donne des idées de lectures !

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    1. coucou Jé. ma foi Resnick fait un choix, disons dicté par ses hobby passablement nauséabonds. Il n'a guère de compassion pour Mme Blixen (je peux difficilement en parler, je n'ai que la composition de Meryl Streep, je n'ai point lu la dame). Il est beaucoup moins virulent pour les chasseurs de brousse qui vont décimer la faune, il éreinte par contre les clients de ces mêmes chasseurs. se doute qu'il s'éreinte lui même..?
      Quant au besoin des blancs / humains, Resnick parle surtout des compétences "techniques" des blancs/humains qui ont importés des techniques mettant à bas des pratiques ancestrales et qui repartent sans avoir appris ces techniques aux autochtones.

      Après cela se discute... ce qui est sûr, c'est que j'ai très peu lu d'auteurs africains, cela reste donc une vision très occidentalisée des choses. Beaucoup moins en ce qui concerne Kapuscinski...

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