vendredi 28 février 2014

Et si la Renaissance était née d'un livre ? Un livre perdu, connu par fragments, recopié par quelques moines et retrouvé par un humaniste fou de manuscrits anciens ? L'idée, audacieuse, vertigineuse, ouvre les portes de l'histoire de Poggio Bracciolini, dit le Pogge, qui découvrit une copie du DE RERUM NATURA de Lucrèce dans un monastère allemand. C'était a l'aube du XVe siècle. Le Pogge n'était pas seulement un bibliophile passionné et un copiste hors pair. II aimait les arts et il avait écrit des facéties grivoises. Il aimait les femmes et était père de dix - neuf enfants. Il n'aimait pas l'Eglise mais il était secrétaire d'un pape diaboliquement intelligent et corrompu. 


Bienvenues les filles dans ces pages d'érudition joyeuse. Alors pour sûr nous sommes loin des Ch'tis à Ibiza, plus proche du NOM DE LA ROSE, mais sans l'effet mille-feuilles étouffant de l'oeuvre de Umberto Eco...

Ainsi s'ouvre à nous un monde inouï. Celui d'une cour papale où s'agitaient agents cupides, moines séducteurs, filous, femmes de petite vertu et humanistes d'exception : un monde tout à la fois sévère et dépravé, contraignant et libre.

En cette fin de moyen age, le héros -ancien bras droit d'un pape (déposé, fait unique dans l'histoire mouvementée de la papauté) sur trois papes en activité- retrouve le fameux DE LA NATURE de Lucrèce, auteur antique, ancien disciple d’Épicure.

Tout d'abord Épicure et ses disciples ne furent pas adeptes de gang-bang partouzé, nananan, mais ils disent une chose toute simple et révolutionnaire : notre vie sur terre ne se résume pas à une vie de douleurs !

En découvrant, copiant et diffusant l'oeuvre de Lucrèce, le Pogge aura permis l'avènement des temps modernes, et aura influencé des esprits aussi libres que Montaigne ou Machiavel. 

Tout, selon Lucrèce, est fait d'atomes en mouvement, qui s'entrechoquent au hasard, se séparent et se rencontrent à nouveau. Quelle idée extraordinaire de penser les atomes et ce vide autour ! Je vous rappelle qu'on est avant JC, visionnaire le Lucrèce c'est peu de le dire... Et il va mettre un beau foutoir en ce Moyen Age finissant. 

DE LA NATURE est un foutu brûlot ! Tout d'abord Lucrèce n'est pas athée, il ne nie pas l'existence des dieux mais il soutient qu'ils s'en carrent intégralement l'oignon de nos existences de misérables mortels. Lucrèce prône fort justement de pratiquer l'indifférence réciproque. Menons notre vie sans nous soucier des dieux. Déjà c'est du lourd mais il va plus loin Lucrèce, il affirme sans sourciller que l'immortalité de l'âme est une vaste foutaise et une incommensurable arnaque. La seule vie qu'il nous sera donné de vivre c'est celle-ci. Tout le système de soumission à un ordre féodal en échange d'une récompense après la mort s'effondre.

QUATTROCENTO nous narre l'épopée de ce livre qui va servir de socle aux Lumières. C'est une ode aux livres. A tous les livres et à leur incroyable fragilité...

Bon en même temps, je ne suis pas sûr que Stephen Greenblatt ait lu SAS A ISTANBUL
















3 commentaires :

  1. >>> SAS A ISTANBUL
    Quel dommage. Pourtant, c'est le meilleur de la série !

    Mais sinon, ça donne envie, ton truc.
    A notre prochaine rencontre ludique, j'veux bien te l'échanger contre les Sandman de Gaiman :)

    RépondreSupprimer
  2. Ah ouais ?
    Ah ouais.
    Bon, je mets sur la liste.

    RépondreSupprimer