dimanche 26 janvier 2025

« La vérité était qu’il en avait marre. Il en avait asse de l’arrière-goût de sang dans la bouche, de l’odeur de merde, de la crasse et des relents douteux, de l’obscène flaccidité des corps, des troubles relents de tripaille et de faisandé qui collaient à la peau et aux vêtements des heures durant après. Il en avait marre de l’odeur de formol et de puer la mort. »

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L’inspecteur principal Claude Schneider et son groupe viennent d’être appelés sur un incendie: une ancienne menuiserie a été réduite en cendres. Les premières constatations révèlent la présence de trois corps calcinés, trois clochards qui avaient trouvé refuge dans le sous-sol. 

Très vite l’origine criminelle est confirmée et la police ne tarde pas à recevoir le témoignage d’un maçon qui dit avoir été contacté pour allumer l’incendie. 

Le début d’une enquête où Schneider aura souvent l’impression de rencontrer le diable.

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Je ne sais si c’est la lecture (à vrai dire j’en suis quasi certain) des mémoires de Bertrand Tavernier qui me fait envisager les autres livres à passer devant mes paupières en termes de traveling et de casting rêvé.

Ainsi, je me suis pris à rêver à ce que la science progresse à pas de géant et conformant son éthique à celle d’Elon Musk aboutisse au clonage d’êtres humains. Il doit bien subsister un brin d’ADN de Jean Pierre Melville non ? Il réaliserait un sacré film de cette Ombre portée, couille tordue ! Sinon Jacques Audiard n’a pas du temps libre ?

Hugues Pagan du haut de ses jeunes 77 hivers assène encore un polar atmosphérique, à rebours des thrillers nerveux et des bouquins « déjà configurés pour la série Canal si on a du bol, sinon ce sera M6 ».

Nan Pagan est plutôt à décrire un duel de regard entre un flic émacié et frôlant le cliché ambulant et un brochet. Oui, le poisson. C’est là que la magie se niche car rien n’est factice, rien n’est forcé. Son personnage de Schneider, taiseux, dangereux et séduisant comme un loup efflanqué tient debout sans plier sous le poids de cette figure de style hyper rebattue.

Toujours cette plume aérienne et pesante, sombre et traversée ça et là de fulgurances, comme une fusée de détresse dans une nuit noire de tempête. Plus ramassée peut-être, sèche et délestée des affèteries endémiques infestant d’autres productions éditoriales de cette rentrée d’hiver endémique.

À la lisière du fantastique, Schneider pourrait bien croire au diable, au Mal désincarné quand il sait qu’il s’incarne en nous, un maléfice indigent et abruti la plupart du temps. Je pourrais vous résumer l’intrigue plus avant bien sûr mais franchement à quoi bon... il vous suffit d’en lire les premiers pages, le Paganisme opérant fera de vous des hérétiques repus.

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